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Billet de blog 8 juillet 2024

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Et maintenant ?

Ce moment est celui d’un soulagement et d’un espoir : la gauche est en tête d’une élection où l’on pensait possible une forte majorité de l’extrême-droite ; et ce au nom d’un programme qui ouvre de réelles perspectives sociales. Nous respirons mieux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce moment est celui d’un soulagement et d’un espoir : la gauche est en tête d’une élection où l’on pensait possible une forte majorité de l’extrême-droite ; et ce au nom d’un programme qui ouvre de réelles perspectives sociales. Nous respirons mieux.

Ou plutôt moins mal.

Car parler de « victoire » est sans doute exagéré. Les faits sont hélas têtus :

- Le RN obtient 60% de députés de plus que dans la dernière assemblée (143 sièges contre 89 en 2022). Il est en forte dynamique.

- Le PS -avec Glucksmann, et Hollande, et Rousseau !- a atteint un niveau proche de celui de LFI (71 / 64 sièges).

- L’extrême-centre est bien plus haut que sa popularité n'aurait dû le lui permettre. Il chute, mais reste à un niveau étonnamment élevé (163 députés / 182 pour le NFP), niveau évidemment rendu possible par le report d’une partie des voix de gauche (mais ils s’en sentiront « obligés » comme Macron le fut en 2022).

- Aucun des trois groupes importants n’est majoritaire.

- Le bloc le plus soudé est de loin celui du RN, et le NFP semble le plus fracturable : 4 « purgés » sur 5 ont été réélus1 et une frange du PS demeure parfaitement libéralo-compatible. Le RN n’a aucun intérêt à participer à un gouvernement, mais tout à rester dans l’opposition et récolter les fruits pourris d’un travail de sape en 2027.

- le NFP dans le meilleur des cas, pourrait prétendre à un total de 203 alliés (NPF + divers gauche + « autres ») plus probablement 195 (NPF + divers gauche). C’est bien, mais il manque 80 voix pour faire une majorité.

- Ensemble, très fracturé également car Macron n’est plus en capacité d’y régner en maitre absolu, ne peut pas non plus gouverner avec la droite « traditionnelle » seule (163 + 66 = 231 sièges).

- Aucune alliance entre deux groupes, quels qu’ils soient, ne peut donc suffire à la construction d’une majorité.

Le beau tableau craquèle donc de tout côté.

Nous sommes sur une ligne de crête. A un moment décisif.

Soit le peuple se mobilise puissamment sur l’espoir qui nait du programme porté par le Nouveau Front Populaire, soit les désillusions seront terribles car Macron, s’il parvient à convaincre une partie du PS et une partie de la droite, peut continuer à imposer son programme de destruction de l’état social, c’est-à-dire son programme de souffrances pour tous et toutes. Et 2027 verra la victoire du RN, porté par un ressentiment encore jamais atteint.

A cette mobilisation, que j’appelle et souhaite, je vois un premier obstacle : le fait que, par rapport à 1936, nous sommes à fronts renversés. LFI, le PS et les Écologistes demeurent l’expression politique d’une classe moyenne / petite bourgeoisie éduquée et urbaine parfois en voie de déclassement, quand le RN, quoiqu’on en veuille croire, est majoritaire dans le monde ouvrier, les petits employés, les petits commerçants, la paysannerie.

Il semblerait que LFI (et le NFP) a platement refait, tout en le critiquant, le calcul de Terra Nova de 2011, sacrifiant une partie du peuple2 car il serait en voie de disparition et qu’une majorité favorable se dessinerait dans les villes et leur périphérie. Or, cette stratégie ne fonctionne visiblement pas et nous conduit à l'abime d'un clivage irrémédiable entre citoyens (ceux et celles "des tours" comme celles et ceux "des bourgs") qui pourtant, au fond, souffrent des mêmes maux que le capitalisme ultra-libéral charrie comme le torrent la boue.

C’est une erreur, François Ruffin nous en avertit et fait ce qu'il peut, où il est. Mais on préfère généralement éliminer les messagers faute de pouvoir, quand il est juste, en effacer le message.

1 Mélenchon ne peut donc prétendre que la stratégie d’exclusion a été une réussite.

2 Le mouvement des Gilets Jaunes, quel enseignement en a-t-on tiré à gauche ?

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