Il fallait voir Manuel Valls au soir du premier tour des présidentielles : sur le plateau de je-ne-sais-plus quelle chaine, il félicitait le Président nouvellement élu, puis se retrouvait comme par enchantement dans les minutes suivantes sur les Champs-Elysées, essayant à toute force d’être de tous les plans. On aurait dit un personnage de bande dessinée, feignant d’être là par hasard et d’ignorer la caméra, pénétré d’une solennité toute solennelle, mais prêt à marcher sur n’importe quel pied pour en être grandi, capable de mordre l’oreille droite de la journaliste qui revenait inlassablement l’occulter à l'objectif afin d’en interviewer un ou une de La République En Miette ; dont j’ai oublié le nom.
Même but pour Gaël Perdriau, en un peu plus subtil : une critique argumentée de la droitisation extrême du discours de la candidate qu’il aurait dû soutenir ce qui lui coûtera son titre de vice-président de Républicains puis une tribune dans le Monde où il nous inflige une réflexion sur le devenir de la société numérique, réflexion où sont utilisés Gunther Anders et Joseph Shumpeter et De Gaulle. Manquaient plus que Mickey et Cicéron. Dent parfois dure avec Macron, il semble travailler à se construire un ethos de républicain humaniste de droite, critique des dérives ultra-libérales comme des dérives identitaires. Las. Il s’agit, en un appel du pied assez savamment déguisé, d’être remarqué du Mikado pour sa pseudo indépendance d’esprit (on attrape les mouches comme Macron avec un peu de vinaigre) et son label « maire dynamique et disruptif d’une ville ouvrière ». Avec un tel sens du sacrifice et une telle hauteur de vue, on ne s’étonnera donc pas de le voir proposer une alliance LR-Macron. On ne s’étonnera pas non plus s’il se retrouve à cette occasion avec un maroquin.
Ainsi va le vent.

Agrandissement : Illustration 1
