C'est l'histoire d'un peintre qui déclare : « J’étais poussé par un désir irrésistible de représenter la profonde spiritualité, religion et intériorité, mais sans trop de volonté, de savoir ou de réflexion ».
Il peindra de nombreuses scènes religieuses, et notamment cette crucifixion :

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Impossible de remettre en question la sincérité d'Emil Nolde : son sentiment religieux est authentique, profond. Esthétiquement, sa Vie du Christ (1911-1912) s'inscrit dans la tradition des retables médiévaux.
Et pourtant sa crucifixion sera rejetée par les instances religieuses, horrifiée de cette débauche de couleurs et de mauvais goût : « l’oeuvre d’un malade, un grand malade » (le Cicerone, 1921)
Il y a pire, ou mieux : en 1934, Emil Nolde s'inscrit au parti national-socialiste. Arrivisme ? Un peu, sans doute. Mais convictions également : «Mes idéaux exaltés étaient et sont par essence les mêmes que ceux pour lesquels le national-socialisme s’est battu. Toute mon attitude est une déclaration d’amour à l’Allemagne, au peuple allemand et à ses idéaux. Heil Hitler !» proclame-t-il en 1937. Ce fils de paysan est attaché au sol, à la terre, à l'« art éternel allemand », et voit d'un œil mauvais les intellectuels et les marchands d'art, forcément juifs.
Admiré par Goebbels, il est pourtant classé parmi les « artistes dégénérés ».
Oeuvres détruites, interdiction de peindre, exil.

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Le rapport avec Le Corbusier ?
Ceci : une œuvre, surtout peut-être si elle est magistrale, excède les intentions de son auteur, le dépasse, lui échappe. Voila qui devrait faire réfléchir ceux qui, en ce moment où fleurissent les pseudo découvertes sur Charles-Édouard Jeanneret, relisent son oeuvre à l'aune de son engagement politique.
En art, le plomb de la morale demeure une bien mauvaise entrée en matière.
http://www.liberation.fr/livres/2015/03/18/le-corbusier-plus-facho-que-fada_1223411
http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/250315/le-corbusier-pensee-fasciste-et-cite-radieuse