Un article du 27 Septembre 2022 paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace commence par un titre qui qualifie l’association[1] BDS de « sulfureuse », avec une photo générale d’ensemble du Village des Associations.
Le stand mis en cause n’y apparaît pas, et c’est bien dommage, car les lecteurs y auraient vu une photo de la consœur de l’auteur, Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne chrétienne, assassinée par le régime israélien. Je pense que vous en souvenez, l’affaire a fait le tour de la planète, surtout lorsque la police israélienne a chargé son cercueil devant les caméras du monde entier.

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Les gens, eux, s’en souviennent. C’est pourquoi, sans doute, les supporters du régime israélien, qui ne craignent rien tant que la vérité soit montrée, ont dissimulé cette image dans leurs publications sur les réseaux sociaux. Exemples :

Madame Richardot sur Facebook

Raphaël Nisand & Radio Judaïca
Si l’information n’était pas ainsi tronquée, le public pourrait ne pas comprendre en quoi une association qui met en cause de tels agissements peut être taxée de « sulfureuse ». Ceux qui continuent à cacher la vérité sur le régime israélien confortent son comportement : sûr de son impunité grâce a ces appuis, il a refusé de rendre justice à Shireen Abu Akleh.
En plus de la vérité, les gens qui soutiennent le régime israélien ont en horreur la liberté, et notamment la liberté d’expression. Conscients que leur point de vue est difficilement défendable, ils refusent le débat. Pour s’en sortir, ils n’ont de cesse que de faire taire les voix qui ne leur conviennent pas, et dans ce but ne reculent devant aucun mensonge. M Nisand, avocat de profession, feint ainsi d’ignorer le jugement de la CEDH, pourtant sans appel :
[…] En effet, d’une part, les actions et les propos reprochés aux requérants concernaient un sujet d’intérêt général, celui du respect du droit international public par l’État d’Israël et de la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, et s’inscrivaient dans un débat contemporain, ouvert en France comme dans toute la communauté internationale.
[…] le discours politique est source de polémiques et est souvent virulent. Il n’en demeure pas moins d’intérêt public, sauf s’il dégénère en un appel à la violence, à la haine ou à l’intolérance. Là se trouve la limite à ne pas dépasser.
Le jugement a condamné la France pour violation de la liberté d’expression.
Les amis de l’extrême droite israélienne veulent eux faire taire le débat. En important en France l’idéologie qui est au pouvoir en Israël, ils nuisent gravement à nos libertés. Tel est le sens de leurs démarches visant à chasser des associations des lieux où elles peuvent s’exprimer. Les caractères mis en gras et surlignés sont de mon fait : on oublie trop souvent que, depuis 1967, Israël est en situation d’occupation illégale des territoires palestiniens. Les moins jeunes d’entre nous savent, d’expérience ou par les récits de leur parents, ce qu’est une occupation. Voilà une réalité totalement occultée par M Jean-Philippe Vetter et ses amis.
Et pour rester dans l’air du temps, où il est beaucoup questions d’annexion : Israël a annexé Jérusalem Est en 1980 et le plateau du Golan en 1981. Des faits qu’il faut avoir en tête pour ne pas se faire une « une vision tronquée d’Israël » comme le redoute M Vetter…
Et tant que nous en sommes aux dates, en 2022 nous commémorons les 40 ans des massacres de Sabra et Chatila, qualifiés par l’ONU d’acte de génocide[2]. Bien que l’exécution du crime fut le fait de milices chrétiennes, la responsabilité d’Ariel Sharon, qui l’avait préparé de longue main en collaboration avec elles, est aujourd’hui irréfutable.
Or les équipes municipales précédentes ont mis en place et légué à la majorité actuelle un jumelage avec Ramat Gan. M Vetter y a fait allusion dans le débat en Conseil Municipal pour mettre en avant une situation en Israël qui serait différente de celle évoquée par le BDS. Cela lui a peut-être échappé : cette ville israélienne a donné à l’un de ses parcs le nom d’Ariel Sharon.
Strasbourg, « capitale des Droits de l’Homme » est donc jumelée avec une ville qui rend hommage à un criminel avéré, et de la pire espèce… Les élus strasbourgeois en responsabilité lors des précédents mandats en portent la faute.
Peut-on attendre de M Vetter, de Mme Trautmann & leurs amis, si prompts à prétendre que les opposants au régime israélien sont des antisémites, qu’ils aient un mot de compassion, ou au moins d’humanité, à adresser aux victimes de la colonisation pratiquée par Israël ?
Peut-on attendre d’eux au moins une expression courageuse et vraie, s’ils devaient à nouveau rencontrer le maire de Ramat Gan, pour lui signifier que Strasbourg ne partage pas son culte pour les criminels ?
Peut-on enfin attendre d'eux qu'ils cessent d'employer à tort et à travers l'accusation d'antisémitisme ? En instrumentalisant une cause aussi fondamentale que l'élimination du racisme, pour la mettre au service de misérables calculs politiciens, ils nuisent à la cause qu'ils prétendent servir.
Regarder le débat au conseil municipal ici.
[1] BDS n’est pas une association, mais le sigle de « Boycott / Désinvestissements / Sanctions », des méthodes de contestation non violentes, largement utilisées par diverses associations de défenses des Droits de l’Homme.
[2] Résolution 37/123 l’Assemblée générale des Nations Unies