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Billet de blog 5 mars 2016

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Exclusion et exploitation : on ne vaut pas, on compte!

Hommes inutiles pour l'économie capitaliste, hommes exploités dans leur travail, seule leur union peut permettre la création d'une force réelle pour changer le monde.

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Exclusion et exploitation

On ne vaut pas, on compte!

L'armée de réserve du capital, comme l'appelait Karl Marx, est aujourd'hui pléthorique. Et ceci d'autant plus qu'elle doit aujourd'hui s'évaluer au niveau mondial.

La fonction que les capitalistes ont toujours voulu faire jouer aux chômeurs est de diviser les gens entre ceux qui ont un travail et ceux qui n'en n'ont pas. Et de les opposer en faisant jouer la peur et l'envie. Peur de perdre son emploi, envie de ceux qui en ont un.

A l'époque où le chômage ne touchait qu'une faible partie de la population et où il  n'était pas institutionnalisé, la préoccupation principale était de ne pas accepter l'exploitation ou du moins d'en diminuer la dureté.

Depuis près de trois décennies, les luttes pour l'amélioration des conditions de travail et l'amélioration des salaires a progressivement disparu au profit de la lutte pour le maintien des acquis.

Et la lutte contre le chômage a été remplacée par l'organisation des indemnités et des aides sociales.

On voit se creuser un fossé entre ceux qui s'accrochent à ce que peut leur apporter un emploi ou à l'espoir de pérenniser un emploi précaire et ceux qui n'ont rien, ceux qui sont devenus économiquement inutiles.

Au delà de l'exclusion qui peut être temporaire et localisée, apparaît une masse de gens qui se sentent inutiles, inutiles à la société comme à eux-mêmes : leur disparition du monde ne nuirait à personne, voire en réjouirait certains.

Ce qui subsiste de l'opposition entre chômeurs et travailleurs s'est transformé en une séparation entre les hommes inutiles et les autres. La nouvelle peur est de tomber dans l'inutilité économique de ceux qui n'ont rien. L'envie de ceux qui n'ont rien s'est transformée en rancœur, voire en haine de ceux qui sont considérés comme utiles par le capitalisme mondialisé.

Les récentes mesures visant à dérèglementer la législation sur le travail s'inscrit donc dans cette nouvelle phase du développement du capitalisme. Fort de son triomphe depuis la destruction de toute alternative communiste, l'oligarchie qui domine le monde part à la conquête de plus de richesses. Et pour ce faire, elle tente de tirer le profit maximal de ceux qu'elle fait travailler. Ce qu'on appelait et qu'il faut continuer à appeler "accroître l'exploitation"

L'espoir de voir triompher un tel projet repose d'abord sur la conviction que les gens ne disposent pas d'une force organisée suffisante pour l'empêcher. Et cette inorganisation ils pensent l'étayer sur la peur de ceux qui ont "un peu" (parce qu'ils ont un emploi) de devenir des inutiles, de rejoindre les rangs de ceux qui n'ont rien. L'argument principal des tenants de la déréglementation est que celle-ci permettra de réduire le nombre des inutiles et donc diminuera les risques de rejoindre leurs rangs.

La virulence de l'attaque a suscité une vive réaction. Ceux qui travaillent et dont l'exploitation ne cesse d'augmenter y voient une volonté de lui permettre d'être sans limites. Et la diminution du risque de rejoindre les rangs de ceux qui n'ont rien n'empêche pas leur colère car ils la considèrent comme inexistante. La peur de glisser de la surexploitation à l'inutilité va grandissante. Un vaste mouvement se met en route pour obtenir le retrait du projet de loi.

Qu'en est-il cependant pour ceux qui, hommes inutiles, dès aujourd'hui n'ont rien? Que leur apportera un retrait de la loi? Que peuvent-ils penser de ceux qui se battent pour ne pas devenir "comme eux" et ne pas être surexploités? Peuvent-ils trouver une raison de s'unir à eux?

Cette question est absolument centrale. De la réponse qui pourra lui être apportée dépend l'avenir de la révolte qui monte.

Et quelle réponse peut-il y avoir sinon dans une organisation réelle des gens pour affirmer que, avec ou sans emploi, qu'ils aient un peu ou qu'ils n'aient rien : leur utilité, leur place dans le monde n'est pas dictée par l'argent et la consommation mais par leur volonté commune de bien vivre ensemble. 

Et d'affirmer :

Nous ne sommes pas des marchandises, nous ne valons rien, mais ensemble chacun d'entre nous compte!

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