L'Histoire doit être écrite par les historiens et non par les députés. De plus, elle n'est pas écrite une fois pour toutes. De nouveaux documents peuvent justifier des révisions d'analyses de faits établis et des mises en perspectives différentes. L’association "Liberté pour l'Histoire" fondée par René Rémond réclame l'abrogation de toutes les lois dites "mémorielles", Gayssot, Taubira et autres. Voyez les textes de Pierre Nora et Françoise Chandernagor qui la président sur http://www.lph-asso.fr/. Comme l’indique le titre de l’association, ils expriment un point de vue de professionnel.Mais ces lois sont aussi des atteintes à la liberté d'expression. Que ce ne soient pas les seules (voir le livre coordonné par E. Pierrat, "Le livre noir de la censure") ne doit pas empêcher de réclamer leur abrogation. La liberté d'expression, c'est d’abord celle d'exprimer des points de vue politiquement incorrects, de choquer, de critiquer les religions, de s'opposer à des unanimismes suspects, de se tromper et de mystifier. Les possibilités d'information sont suffisamment nombreuses pour que chacun puisse détecter ce qui est par trop partial.Les lois mémorielles sont communautaristes et donc nuisibles: elles alimentent la concurrence victimaire et elles encouragent de nouvelles revendications, notamment de privilèges au titre de prétendues « réparations ». Les députés passent leur temps à voter des interdictions et des pénalisations. Comme le vrai pouvoir leur échappe, car il est confisqué par les banques, les organisations internationales et les exécutifs à leur solde, ils se consolent en satisfaisant leur "envie du pénal" que Philippe Muray ridiculisait brillamment.Concernant le génocide arménien, voter une loi de reconnaissance et de pénalisation de sa négation, c'est une manoeuvre particulièrement hypocrite contre la Turquie et son entrée dans l’Union Européenne. Je juge inadmissible de sacrifier encore un peu plus de liberté d'expression à une décision dont les motivations sont forcément sans rapport avec tel ou tel génocide, qui remonte à presque un siècle.Je suis personnellement contre l'entrée de la Turquie dans l4Union Européenne pour des raisons très simples : 96% de musulmans sur 74 millions d’habitants alors que l’UE n’a pas mis la laïcité au tout premier rang de ses principes fondateurs, des perspectives d'immigration massive et la « délocalisation finale » de ce qui reste de nos industries. Mais je me moque éperdument que le gouvernement turc reconnaisse ou pas le génocide arménien. Par contre ce gouvernement doit laisser les historiens s'exprimer librement à ce sujet.J’irai même plus loin. Les Etats devraient s'abstenir de toute reconnaissance historique, en bien ou en mal, et se refuser à toute excuse et à toute repentance de quelque nature que ce soit. Seul devrait compter l'avenir. Les déclarations et les commémorations diverses ne sont que des manipulations de l'Histoire.A chacun son rôle: que les historiens s'occupent du passé, que les politiciens s'occupent du présent et du futur, et pas dans le seul but de leur réélection. Le communautarisme est un poison. Et la liberté d'expression, comme aux Etats-Unis grâce au Premier Amendement, ne devrait souffrir aucune entrave.
Billet de blog 6 janvier 2012
Pour l'abrogation des lois mémorielles et des commémorations
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