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Billet de blog 8 décembre 2011

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Lettre à mon député sur la prostitution

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N'hésitez pas à vous en inspirer. Et à poster vous arguments supplémentaires.

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B.Courcelle, à Noël Mamère, Député de la Gironde,

M. le Député, Mon Cher Noël,

J’apprends avec stupéfaction que « Les députés français ont adopté mardi à l'unanimité une proposition de résolution qui réaffirme la position abolitionniste de la France en matière de prostitution, premier pas vers une possible pénalisation des clients. » Cette résolution est absurde pour de nombreuses raisons.

1) Les prohibitions légales ont souvent montré leurs effets pervers : par exemple, celle de l’alcool aux USA dans les années 30 et la prohibition actuelle des drogues qui n’empêche pas la consommation et suscite le crime organisé.

2) Une interdiction légale ne se justifie que si elle évite un tort à d’autres qu’à la personne victime de cette interdiction. Ainsi, l’interdiction de l’Interruption Volontaire de Vie (suicide assisté pour parler clair) prive des personnes en situation de faiblesse d’une liberté que je me permettrai de qualifier de fondamentale. Si l’on ne choisit pas de venir au monde, qu’on puisse au moins le quitter librement ! Les interdictions envisagées reposent, comme dans ce dernier cas, sur une vision paternaliste de la loi qui devrait « faire le bien » des gens éventuellement contre leurs choix et d’une idéologie religieuse qui ne s’avoue pas comme telle. La France « démocratique » qui se prétend laïque est un des pays les plus cléricaux qui soient, et un de ceux où la liberté d’expression est la plus restreinte.

J’approuve Philippe Murray qui écrit : « L’empire du Bien triomphe, il est urgent de le saboter. »

3) Confondre prostitution et violences aux femmes est malhonnête intellectuellement et contraire à la réalité. Différents livres en témoignent. Cette confusion n’a pour but que de rendre difficile l’opposition à l’abolitionnisme.

4) C'est la loi Marthe Richard du 13 avril 1946 qu'il faut abroger. Sans cette stupide hypocrisie, on aurait des "Guides Gault-et-Millaud" qui recommanderaient les meilleurs établissements de plaisir. Ces guides ont existé à la grande période du Sphinx, du 1-2-2, du Chabanais et autres. Voyez les beaux livres édités par Nicole Canet (Paris). Ce n'est évidemment pas le proxénétisme sordide et l'esclavagisme que je veux encourager, mais le travail du sexe considéré comme un art, celui des hétaïres et des geishas. Bien entendu, le tourisme sexuel n’a pour moi rien de honteux.

Si une telle loi passe, je ne voterai plus jamais pour aucun candidat des partis qui la soutiendront. Je soutiendrai par contre tout « parti pirate » qui viserait à l’abroger. L’Assemblée Nationale, inapte à faire les lois dont le pays a besoin, notamment pour reprendre le pouvoir abandonné aux marchés financiers, fait semblant d’agir positivement, pour le « Bien », sans respect des libertés individuelles. D’ailleurs, l’unanimité du vote de mardi est suspecte. Personne n’a donc osé s’y opposer ? Voilà qui contribue un peu plus à déconsidérer le système politique tout entier. Après, on entend pleurnicher sur l’abstention !

Monsieur le Député, j’espère que cette lettre contribuera à vous inciter à peser de tout votre poids contre toute future loi abolitionniste. Je vous informe que je la mettrai en ligne sur différents forums internet, et que je publierai votre réponse, que j’attends avec impatience.

Je termine sur un appel humoristique (il faut bien par les tristes temps qui courent !):

Dominique (1), reviens, ils sont fous !

Toi, comme président, tu ne laisserais pas passer ces conneries. Tu ferais abolir la loi du 13 Avril 1946.

Avec l’expression de mes sentiments les meilleurs. Bruno Courcelle

(1) DSK bien sûr.

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