Avec l'entrée en vigueur de la gratuité des bus et trams pour les jeunes de moins de 18 ans, vivant sur l'Eurométropole de Strasbourg, depuis le 1er septembre, relance le débat sur qui paie cette gratuité, d'autant que la mesure est saluée par l'engouement qu'elle suscite.
Parmi les contestataires et ou détracteurs, certains remettent en cause le principe de gratuité en opposant l'idée qu'une "vraie gratuité" n'existe pas puisque c'est quelqu'un d'autres qui payent à la place. D'autres, argumentent qu'ils préféraient voir une tarification solidaire plus généreuse en direction des familles les moins favorisées au lieu d'une gratuité qui ne bénéficie pas à tout le monde. D'autres encore, voient dans la mesure, une utopie fantaisiste d'écolos bobos rêveurs, déconnectés des réalités économiques où la place au sentimentalisme n'existe pas.
A LA CTS, UNE TARIFICATION SOLIDAIRE ÉXISTE DÉJA...
MAIS ELLE A SES LIMITES !
Dans l'organisation tarifaire de la CTS (Compagnie des transports strasbourgeois), une tarification solidaire existe déjà, basée sur le coefficient familial établi par la caisse d'allocation familiale. Ainsi, les familles les moins favorisées peuvent accéder à des réductions sur les abonnements pouvant aller jusqu'à 75% du plein tarif.
L'ancien exécutif de l'Eurométropole, par le biais du président de la CTS, Alain Fontanel, certes favorable à une gratuité ponctuelle des transports lors des pics de pollution, l'était moins à l'idée d'une gratuité permanente, opposant l'effort solidaire existant dans l'offre tarifaire proposée aux usagers des transports strasbourgeois.
Or, dans les faits, utiliser le coefficient familial à ses limites du fait du barème utilisé pour le définir. Ainsi, une famille avec au moins deux enfants à charge peut vite se retrouver au-dessus du plafond maximal pris en compte par la CTS, sans pour autant avoir de gros revenus.
Que faudrait-il entreprendre ? Pour avoir un périmètre plus favorable, la CTS devrait réfléchir à comment élargir sa tarification solidaire pour réintégrer des familles exclues alors que leur marge financière reste faible alors que leur coefficient familial dépasse le plafond maximal ouvrant droit à des réductions sur le plein tarif des abonnements proposés.
VERS UNE GRATUITÉ ÉLARGIE ?
La gratuité a un coût : 7 millions d'euros ! Le débat sur qui la paie est légitime. Mais les contestataires et ou détracteurs possédant un véhicule oublient qu'ils jouissent eux aussi d'une gratuité à pouvoir utiliser le réseau routier, hors des portions à péage, pris en charge par l'État et les collectivités au travers de nos impôts.
Vous aurez compris que la "gratuité" a un coût. Le tout est de savoir qui la finance. À Strasbourg, la mise en place de la gratuité des bus et des trams pour les jeunes de moins de 18 ans, entrée en vigueur depuis ce 1er septembre 2021, est financée par l'Eurométropole seule. Étendre la mesure aux étudiants ou aux chômeurs, serait une piste solidaire non négligeable. Peut-on aller encore plus long ? C'est évident ! Aujourd'hui, pour les salariés utilisant les transports en commun avec abonnement, l'employeur paie 50 % de cet abonnement. C'est une aide non négligeable, mais cela ne règle pas forcément le coût "transport" qui peut peser sur un foyer.
Réfléchir à une gratuité totale des transports en commun à un intérêt écologique intéressant pour attirer des autosolistes à les utiliser au lieu de leur véhicule personnel (totalement ou partiellement). Mais, une fois encore, la question se pose de qui finance cette gratuité.
Ici, dans la décision de l'Eurométropole, le financement est pris en charge par elle-même, c'est-à-dire, avec nos impôts, propre à son périmètre. Envisager d'étendre la mesure questionne sur les limites financières supportables par la collectivité. En l'état, dans l'idée d'une gratuité totale, ce n'est pas le cas. Pour y parvenir et selon le scénario envisagé, il y a des partenariats à aller chercher : les entreprises, le Département, voir la Région. Pour l'heure, ce ne sont pas des partenaires volontairement intéressés à y réfléchir. Tout le challenge à venir, sera d'y parvenir.
Travailler vers une gratuité des transports en commun, d'un ticket unique valable sur tous les réseaux de transport incluant également les TER ou même à minima, de trouver une tarification solidaire unique, sont des perspectives possibles si et seulement si les collectivités arrivent à s'entendre sur les mobilités de demain, sur un territoire à l'échelle du Grand Est. L'arrivée prochaine du Réseau express métropolitain (REM) à Strasbourg prouve qu'une synergie entre collectivités est possible.

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