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Billet de blog 2 septembre 2022

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Enfants à la rue en « situation irrégulière », l'État ne t'aidera pas !

Nouvelle épisode dans le ping-pong entre la mairie de Strasbourg et la préfecture du Bas-Rhin concernant le campement de la Place de l'Etoile. Pour cette dernière, son secrétaire général, Mathieu Duhamel : « c'est à la mairie de prendre ses responsabilités ».

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© France Bleu Alsace
En pleine polémique autour du campement de la place de l'Étoile à Strasbourg, le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, Mathieu Duhamel, était l'invité de France Bleu Alsace vendredi 2 septembre 2022. Réécoutez son interview.

L'État de droit...blablabla.... Les propos du secrétaire général de la préfecture sont horribles. Parce que les deux tiers des personnes sur le campement de la place de l'Etoile seraient en situation irrégulière, l'État ne fera rien.

Mais alors, quelles solutions peut-elle être mise en œuvre pour venir en aide à ces enfants, femmes et hommes ?

Soit, la mairie les loge. Seulement, sans moyens financiers, comment ferait-elle ? Soit, selon M. Duhamel, il incomber à la ville de Strasbourg d'engager une procédure en justice pour occupation illégale du domaine Public sous sa responsabilité, pour qu'ensuite l'État puisse envoyer les forces de l'ordre nettoyer la place. C’est-à-dire, qu'a minima, la préfecture n'en a rien à carrer de la quarantaine d'enfants

© BFM Alsace

La veille, les médias locaux faisaient référence à la réponse de la préfecture suite aux propos tenus par la maire de Strasbourg mardi. France 3 Alsace titre : « Camp de migrants à Strasbourg : rien ne va plus entre la maire et la préfecture du Bas-Rhin ». BFM Alsace, quant à eux, reprenne un mot : « Migrants de la place de l'Etoile: la préfecture juge "inopportune" la mise en cause de l'Etat par la maire de Strasbourg »

© France 3 Alsace

Pitoyable Josiane, préfète de je ne sais quoi...

« Je regrette également que [...] vous n'ayez pris aucune mesure, au titre de vos pouvoirs de police administrative, pour assurer la protection du domaine public [[ contre les installations illicites ]] alors même que le maintien de la salubrité publique sur le territoire de la commune vous incombe personnellement »

En clair : Si tu es un enfant migrant et que tes parents doivent faire face à l'Everest administrative de l'Etat Français, rendant ta situation irrégulière de manière prolongée, pouvant te mettre à la rue, sache que tu peux crever, la préfecture et donc l'État, ne fera rien. 

Illustration 5
© Christoph de Barry

Sans-abrisme : qui pourrait faire et qui doit faire ?
On fait le point :

Une chose est sûre, les enfants à la rue n’ont ni rackette, ni balle de ping-pong. Le spectacle organisé par la préfecture du Bas-Rhin est pitoyable.

De qui parle-t-on ?
De personnes françaises ou non qui appellent le 115, sollicitent des associations ou des travailleurs sociaux qui émettent des signalements à la veille sociale du 115. Dans 89 % des réponses (faut-il encore avoir eu la chance d'obtenir un interlocuteur), « aucune place » n'est disponible. Ainsi, c'est face à cette incapacité des autorités à donner une réponse prévue par la loi L-345, que les gens survivent où ils peuvent et surtout, où ils veulent. 

Qui doit faire ?
Légalement la responsabilité incombe à l'État. L'enveloppe de 49 millions d'euros (et pas un centime de plus), évoqué par M. Duhamel au micro de Bleu Alsace destiné à l'hébergement d'urgence et le constat actuel viennent confirmer que ce budget n'est pas adapté à une grande ville comme Strasbourg, porte d'entrée du pays pour les réfugiés issus d'Europe de l'Est. 

Qui pourrais faire ?
Les villes, mais aussi la CeA, dont la présidence ambitionne de devenir une région, absente totale de ces questions malgré leurs compétences d'action sociale, de protection de l'enfance et de handicap... 

Pour autant, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) fait son travail. La ville de Strasbourg aussi. Doivent-ils réquisitionner des immeubles ? L’idée est intéressante, mais à quel prix ?
La fermeture de 1 000 places dont 700 sur l’Eurométropole par la préfecture (10 000 sur la France prévus dans le projet de loi finance 2023), a réduit à néant les efforts de la ville et de l’Eurométropole. Les 400 places d’hébergement d’urgence qu’elles ont ouverte ne compense pas. En retour, la collectivité a même reçu un recours gracieux de la préfecture en 2021. 

Quand on voit comment certain·e·s peuvent "s'indigner" pour une économie sur les ouvertures de huit musées à partir du 1er octobre, sans aucun licenciement. Que l’on voit l’impact à coup de millions, des hausses du prix du gaz et de l’électricité, on comprend aisément que la CeA regarde ailleurs et que les collectivités locales invoquent la loi.

L'obsession pour la face visible de la misère strasbourgeoise, tel un iceberg, voile tout le reste et nous éloigne de la problématique de base : l'UNICEF a recensé en France, 1 600 enfants qui vivent sans toit dans notre pays.

Strasbourg et l'EMS peuvent-ils faire plus ?
Certainement, mais avec quel moyen financier, puisque c'est la préfète qui a le financement en main. En attendant, « Personne n'est responsable et au final personne ne fait rien », s'insurge Tonio Gomez, repris dans l'article de France 3 Alsace évoqué plus haut. Il a raison !

La préfecture déforme la réalité !
Pour revenir sur celles et ceux qui préoccupent les pensées de toutes et tous aujourd'hui à Strasbourg, c’est-à-dire : le camp installé sur la place de l’Etoile, face au bâtiment administratif de l’Eurométropole, il est faux de parler de situation irrégulière. Aucune décision d'éloignement ou d'obligation de quitter le territoire français (OQTF) n'est présente sur ce camp. D'ailleurs, si tel sera le cas pour l'une ou l'autre personne présente, lors des contrôles de police, elle serait directement placée dans le centre de rétention de Geispolsheim. 

Pour mémoire récente, entre août 2021 et avril 2022, l'Etat s’est passé de l'accord de la Ville pour démanteler le camp de la Montagne Verte ou les précédents camps de la place de l'Etoile. Aujourd'hui, pour quelle raison invoque-t-elle le droit de police de la maire de Strasbourg comme préalable à toute intervention ? 

Des enfants et leur famille, mais pas que, à la rue sans espoir.

Doit-on accepter cette situation ? Doit-on accepter qu'en 2022, une centaine de personnes dont la moitié est des enfants, soient livrées quasiment à eux-mêmes ? L'humaniste ne peut pas accepter cette situation. Leur survit tient au dévouement de bénévoles, eux-mêmes désemparés par le spectacle politique que l'on nous sert

Nous ne pensions pas un jour voir un mini « Calais » au cœur de notre capitale européenne !

Bruno et Noureddine

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