
Marche contre Monsanto Strasbourg 2015 – photo issue de la vidéo Taranis News
OGM : Neuf moratoires en Europe... Et après ?
Actuellement, le maïs MON810 de Monsanto produisant la protéine insecticide « Bt » est le seul OGM cultivé en Europe, depuis 1998. En 2014, 143 015 hectares de maïs MON810 ont été cultivés sur le territoire de l’UE, soit 5 600 hectares (- 3,9%) de moins que l’année précédente. Ces cultures transgéniques couvrent toujours moins de 0,1% de la surface agricole utile (SAU) de l’Union européenne, selon les chiffres de l’association Inf’OGM. Cette production ne se limite aujourd’hui presque plus qu’à la péninsule Ibérique : l’Espagne et le Portugal représentent 98 % de la production de MON810 en Europe, avec respectivement 131 538 et 8 542 hectares cultivés. Les autres – la Slovaquie, la Roumanie, la République tchèque – affichent moins de 2 % (source Inf’OGM : http://lc.cx/ZiyF). Neuf pays ont adopté un moratoire sur le MON810, rendant de fait la culture de ce maïs impossible : l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Luxembourg, et la Pologne (source Inf'OGM : http://lc.cx/Ziy8).
Pour la France, l'interdiction n'a pas été simple. Par deux fois, le Conseil d’État a annulé le moratoire français. Ce n'est que le 5 mai 2014 que la plus haute autorité a validé l'interdiction de cultiver le maïs transgénique de Monsanto (http://lc.cx/ZiyX).
Ces moratoires ne concernent que Maïs MON810. Qu'en est-il des autres cultures, celles destinés à l'alimentation animale et humaine ?
La récente décision de la commission européenne permettant à chaque pays d’interdire ou non les OGM sur son territoire est une mascarade et pourrait rendre ces mesures inefficaces.
A travers cette proposition de « renationalisation », la Commission offre une liberté factice aux Etats membres souhaitant interdire les importations d’OGM, puisque ces interdictions ne tiendront pas devant un tribunal. Les règles européennes de libre-échange l’emporteront toujours sur des interdictions nationales d’importation d’OGM, en particulier si les gouvernements n’ont pas la possibilité de justifier ces interdictions nationales pour des motifs sanitaires ou environnementaux.
Par ailleurs, cette décision intervient en plein contexte de négociation du traité transatlantique, (TAFTA) alors que la pression de la part des industries de biotechnologie pour accélérer les autorisations d’OGM est croissante !
L'Union européenne vient d’autoriser l'importation d'OGM à destination de l’alimentation HUMAINE et ANIMALE ! La Commission précise que les autorisations concernent les produits suivants : le maïs, le soja, le colza, le coton et même les œillets. (Amis jardiniers, pour éviter les OGM, achetez des graines/plants bio!)
Alors que le glyphosate (Roundup) vient d'être classé cancérigène par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l'Europe autorise des OGM qui justement sont bourrés de glyphosate.
Dans le paquet des autorisations données se trouve celle de renouvellement d’autorisation du maïs NK603. Il faut ici rappeler que ce maïs fait, depuis 2012, l’objet d’une controverse scientifique quant aux impacts sanitaires sur le long terme liés à sa consommation suite à l’article du professeur Séralini. Une controverse qui avait amené la Commission européenne à mettre en place une étude sur les effets à long terme d’OGM. En décidant d’autoriser ce maïs, la Commission européenne fait donc le pari que cette étude conclura à l’absence d’impacts…
La journée mondiale contre Monsanto – qui s'est déroulée pour la quatrième fois le 23 mai dernier – met en lumière une filière biotechnologique, semencière et agrochimique qui tente, notamment d'avoir le monopole sur le vivant. Cette journée dénonce l’empoisonnement de l'agriculture par l'utilisation des OGM et pesticides, et rappelle qu'il est inacceptable de laisser aux mains de quelques entreprises que ce soit le brevetage du vivant, un bien qui appartient à l'humanité.
Que font les politiques pour réellement nous protéger des dangers que représentent les OGM et qu’attendent-ils pour interdire le glyphosate et donc le Roundup à destination des particuliers comme des professionnels ? Le principe de précaution ne prévaut-il pas ?

Bruno Dalpra
Organisateur de la Marche contre Monsanto Strasbourg
Secrétaire régional des Amis de la Confédération Paysanne d’Alsace