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Billet de blog 17 avril 2023

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Sécheresse 2023 : C'est où que ça a merdé ?

Dans son discours du 30 mars 2023, le président de la République a annoncé un vaste plan d’action pour organiser la sobriété des usages de l’eau à l’heure du changement climatique, lequel va nous priver de 30 à 40% de l’eau disponible dans notre pays à l’horizon 2050. Seulement, entre les paroles d'intentions et la réalité d'action sur le terrain, le Président et son gouvernement sont déconnectés.

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– mise à jour le 18 avril 2023 à 9h55

« La reprise de la végétation en ce mois d’avril va limiter encore plus l’infiltration des prochaines pluies et la situation devrait encore se dégrader »,  commente le Service géologique national (BRGM).

État des nappes d’eau souterraine au 1er avril 2023 :

Illustration 1
© BRGM

Que retenir ? 

  • le mois de mars a permis une légère recharge, notamment dans l’ouest,
  • les niveaux restent sous les normales pour 75% des nappes,
  • le bulletin fait peau neuve pour mieux appréhender l’emprise des nappes

La BRGM alerte du risque sécheresse de cet été. 

"Après plusieurs semaines sans pluie efficace, les précipitations de mars ont engendré des épisodes de recharge sur les secteurs les plus arrosés, notamment à l’ouest du territoire. Cependant ces pluies ont eu peu d’impact sur l’état des nappes. La situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays : 75% des niveaux des nappes restent sous les normales mensuelles (58% en mars 2022) avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas [...] "

Ainsi, dans leur communiqué à lire ici, elle dresse une première estimation du risque sécheresse de cet été :

Illustration 2
La BRGM édite le 13 avril une première estimation du risque sécheresse de cet été 2023, réalisée à partir des prévisions de Météo France © BRGM

« La recharge des nappes phréatiques durant hiver n'est plus optimale ! »

Le cycle des saisons...

S'il y a un automne et un hiver qui agit sur le cycle de la nature, son fonctionnement répond à une certaine logique qu'on a tendance à oublier. Les changements climatiques que nous subissons bouleversent ce cycle. Les réserves d'eau ne se reconstituent pas suffisamment. Les hydrologues prévoient d’ici 2050 une baisse de nos ressources en eau de 30 % à 40 %

Avec le printemps, l'eau de pluie sert à la nature  

« La reprise de la végétation en ce mois d’avril va limiter encore plus l’infiltration des prochaines pluies et la situation devrait encore se dégrader », dit la BRGM. 

Non, la végétation n'est pas responsable de nos sécheresses. Ce serait une mauvaise interprétation de la remarque que fait la BRGM. Pour mémoire, elle disait fin février qu'il fallait au moins 15 jours consécutives de précipitations d'eau de pluie pour donner une chance aux nappes phréatique de se reconstituer convenablement. Expliquant qu'ensuite, à partir du mois d'avril, les précipitations ne rechargeront plus les nappes. L'explication est dans la reprise de la vie de nos espaces naturels après la pause hivernale. Le cycle des saisons en somme.

« Pendant ce temps-là... »  
Des manquements que le Plan Eau ne règlera pas.

Pendant ce temps-là, trois organismes publics pointent dans un rapport les manquements de l’État dans la gestion de la période de sécheresse de l’été 2022.

« Un rapport administratif publié ce mercredi 12 avril 2023 revient sur la gestion de l’épisode de sécheresse survenu durant l’été 2022. Le document dévoile quelques failles dans le dispositif étatique en matière de gestion de la ressource en eau. », introduit un article paru dans Ouest France le même jour.

– à lire :
Sécheresse. Un rapport dévoile les manquements de l’État dans la gestion de l’épisode de l’été 2022

Si l’épisode de sécheresse qui a touché la France en 2022 a été si rude, c’est d’abord du fait de ses caractéristiques propres. "L’année 2022 a connu une situation de crise qualifiée de « hors normes » par Météo France", rappelle ce rapport. Un document qui expose également une série de manquements qui, plus ou moins structurels, ont pu aggraver la sévérité météorologique de l’épisode. Une absence d'anticipation déjà pointé sur le blog lors des précédents épisodes. 

Les manquements relevés dans le rapport sont :

  • un défaut d’anticipation,
  • des mesures appliquées trop tard,
  • un cadre qui reste à harmoniser,
  • peu de sanctions,
  • une communication défaillante,
  • un changement d’ampleur à prévoir.

Dans son discours du 30 mars 2023, le président de la République a annoncé un vaste plan d’action de 53 mesures pour organiser la sobriété des usages de l’eau à l’heure du changement climatique. Seulement, entre les paroles d'intentions et la réalité d'action sur le terrain, le Président et son gouvernement sont déconnectés.

– le plan eau d’Emmanuel Macron :
« Une goutte d’eau dans le désert », selon UFC-QUE CHOISIR

Ainsi, avec une baisse de nos ressources en eau de 30 à 40 % d'ici 2050 prévu par les hydrologues, « les consommateurs ne peuvent se satisfaire de mesurettes ou de promesses creuses », réagit UFC-QUE CHOISIR. Des consommateurs et de nombreuses organisations exigent que "l’impératif de la réduction de nos consommations soit équitablement réparti entre tous les acteurs, à commencer par la première consommatrice d’eau, l’agriculture intensive, qui doit véritablement être engagée dans un mode de production plus durable". Le Plan Eau d'Emmanuel Macron n'y répond pas. 

Revoir le model agricole !

Un syndicat agricole a des propositions à contre-courant de ce que défend le syndicat majoritaire et lobbyiste. La Confédération paysanne est « Pour une vraie politique de l'eau »

Dans la gestion de l'eau, son utilisation importante dans l'agriculture doit questionner les pratiques. Aujourd'hui, la FNSEA comme la Coordination Rurale défendent un model irresponsable. La Confédération paysanne a dénoncé le Plan eau présenté par Emmanuel Macron le 30 mars dernier. Pour elle, le plan d'action de l'Etat est a « contre-courant des urgences ».

"Alors qu'à peine 7% de la Surface agricole utile est irriguée, l'agriculture utilise dans certains territoires jusqu'à 80% des prélèvements totaux en période estivale. Pourtant, l'agriculture n'est évoquée que tardivement dans ce plan et n'apparaît pas dans le volet sobriété. On ne sait même pas si elle est concernée par l'objectif annoncée de baisse des prélèvements, pourtant indispensables aussi pour l'agriculture. Par contre, ce qui est certain, c'est que le Président exprime la volonté d'étendre la surface irriguée. [...]"

– à lire :
« Un plan Eau à contre-courant des urgences »

Illustration 3
© Confédération Paysanne

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