Le « courage politique » en marge d'une manifestation à Schiltigheim

^{Mise à jour le 19 novembre 2021 à 5h00}

« La lutte des classes », « les écologistes n'en ont rien à faire des ouvriers... » et j'en passe. En cours de journée, les réactions sur les réseaux sociaux m'ont fait lire tout et n'importe quoi des suites du mouvement de grève des agents de la ville de Schiltigheim, mobilisés devant la mairie. Une manifestation qui a animé le nord de l'Eurométropole, en obligeant la CTS à détourner un temps, la ligne L3 de la route de Bischwiller.

Ainsi, ce mouvement de grève a été l'occasion pour les détracteurs des écologistes de s'en donner à coeur joie à taper sur la politique de madame la maire, Danielle Dambach et de faire des parallèles sur l'incompétence des écologistes avec des insinuations renvoyant à la campagne des présidentielles.

LE « COURAGE POLITIQUE » EN QUESTION... SEULEMENT LA VRAIE CIBLE N'EST PAS CELLE VISEE ! 

Perdre des congés, ça ne fait plaisir à personne. Mais qui est responsable ? Viser la maire en tant que patronne des agents, ça peut se comprendre. Mais le vrai responsable c'est l'État ! En réalité, la maire ne fait qu'appliquer la législation, pressée entre autres par la préfète (selon mes sources).

Sur la publication de la CGT UD du Bas-Rhin 67 (voir la capture en début d'article), une personne oppose le « courage politique » qu'aurait dû avoir Danielle Dambach : « Le courage politique consiste à savoir dire NON même à l'état. Quand on a des convictions profondes, on les défend. C'est aussi cela être en responsabilité! ». Ce à quoi j'ai répondu que j'entendais ce qu'elle disais mais qui fallait « aussi dépasser le simple constat et regarder le contexte et les possibles. Parler de courage politique est facile quand on n'est pas en fonction. J'en parle d'autant plus facilement que j'ai moi aussi employé cette expression avant de comprendre que parfois, avoir du courage politique et des convictions, ne suffisent pas face aux aberrations que nous impose l'Etat. »

Car il faut remettre la situation dans son contexte des obligations légales qu'incombe à un employeur de la fonction publique.  

LOI DE TRANSFORMATION DE LA FONCTION PUBLIQUE EN QUESTION !

Le fond du sujet, c'est la mise en conformité de la législation suite à la parution au journal officiel de Loi de transformation de la fonction publique ⁽¹⁾. Ainsi, cette loi est une vaste réforme. Ses objectifs s’inscrivent dans le programme "Action publique 2022 ", qui vise à accélérer la transformation du service public ⁽²⁾.

Dans les DNA, la maire de Schiltigheim explique que "selon la loi de 2019, les agents devraient travailler « 1 593 heures par an selon le droit local. Aujourd’hui nos agents font en moyenne 1 522 heures » [...] Soit neuf jours et demi de congé en moins et un retour à 25 jours de congé annuels. « Cette réforme ne me convient pas non plus mais je suis employeur et je suis tenue d’appliquer la loi. Ce n’est pas moi qui reprends, c’est l’État qui impose », précise Danielle Dambach." 

– l'article des DNA à lire ici :
Les agents de la Ville manifestent pour « préserver leurs acquis sociaux »

Parce qu'en réalité, qu’ont fait les syndicats pour empêcher le législateur de légiférer ? Nul doute qu'ils ont tenté d'agir à l'époque. Mais aujourd’hui, quel marge de manœuvre ? Et que dire par rapport au privé ? Doit-on rappeler les différences d’application des 35 h ?

Bien sûr, il ne s’agit pas de se résigner.

UNE RECUPERATION POLITIQUE VOLONTAIRE OU NON NE FAIT PAS GRANDIR LE DIALOGUE

En tout état de cause, ce qui me pousse à écrire ce billet de blog, c'est de constater la récupération politique de certaines/certaines, à profiter d'un sujet d'actualité pour critiquer la maire écologiste de Schiltigheim, accusée sur les réseaux sociaux d'être une fausse écologiste, chez les plus virulents. Un contexte où d'autres osent le parallèle avec les présidentielles à venir en sous-entendant que les écologistes sont un danger pour notre pays.

Le contraire est bien évidemment à soutenir !

SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS / TRAVAILLEUSES !

La crise sociale évidente que traverse notre pays ne doit pas nous faire oublier que l'urgence climatique ne se règle pas sans tenir compte de l'urgence sociale.

Les conditions de travail dans la fonction publique se dégradent. Ça ne date pas du quinquennat d'Emmanuel Macron, mais une succession de réformes augmente ce phénomène. Ainsi, sa ligne politique transposée par le gouvernement a augmenté les inégalités en France. Tous les secteurs sont touchés, sauf les plus fortunés.

Soutien aux agents de la ville de Schiltigheim,

Soutien à l’ensemble des salariés de la fonction publique,

Soutien aux travailleurs et travailleuses du privé.

(1) LOI n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique

(2) Que change la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019 ?