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Billet de blog 25 octobre 2021

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Archipel 2 : un futur quartier à l’image des écologistes !

La capitale alsacienne est la seule grande ville de l’Est de la France qui voit sa démographie augmenter, selon les données INSEE de 2018, avec une perspective à plus de 30 000 nouveaux habitants d’ici à 2030. Pour faire face, il faut prévoir des logements… beaucoup de logements et ça fait grincer des dents des personnes qui se voudraient encore plus écologistes que les écologistes eux-mêmes.

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Mise à jour le 25 octobre 2021 à 15h25

A Strasbourg, à la frontière avec Schiltigheim, la mairie écologiste va transformer le projet d’un quartier d’affaires en logements... mais pas seulement : Archipel 2, le futur quartier au Wacken, situé entre le théâtre du Maillon et le Rhénus, "ambitionne de faire « un quartier vitrine mixte, avec des espaces végétalisés du nord au sud, au sein de la ceinture verte[...]»" entre les communes (Strasbourg-Schiltigheim), reliées par deux passerelles. Telle est la volonté de la mairie de Strasbourg sur ce terrain dont elle a la pleine maitrise foncière. 

– article de Gilles Varela, publié sur 20 Minutes le 22 octobre :
Strasbourg : La mairie écologiste transforme le projet d’un quartier d’affaires en logements

Illustration 1
Le terrain du projet Archipel 2 à Strasbourg le 21 octobre 2021. © G. Varela / 20 Minutes

« Un quartier plus vert, plus mixte, un quartier à vivre »

Dans les DNA du 21 octobre, le journaliste Olivier Claudon  introduit son article en mettant l'accent sur le "changement de vision de politique d’une municipalité à l’autre" avec "une adaptation aux mutations économiques du secteur tertiaire."
Il rend compte de la conférence de presse de l'élue Suzonne Brolly et de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian :

Extrait – "Suzanne Brolly annonce désormais « un quartier plus vert, plus mixte, un quartier à vivre » avec, par rapport à ce qui était prévu par l’ancienne équipe, davantage de logements, davantage de verdure. La proportion de tertiaire passerait même de 60 % à 25 % par rapport au projet initial. À titre de comparaison, la première tranche affiche une proportion inverse de 70 % d’activités tertiaires pour 30 % de logements.
« Nous avons souvent exprimé dans le précédent mandat nos réserves par rapport à l’aménagement tel qu’il était pensé , explique la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian. Nous posions la question de la mixité fonctionnelle et la crainte d’avoir une trop grande concentration d’activités tertiaires. » Suzanne Brolly explique que les lots déjà attribués mais pas encore construits de la seconde phase ont été revus, ainsi que le cœur de la parcelle, à l’aune des trois piliers de la politique de la municipalité écologiste : environnement, social et démocratie locale".

– article des DNA à lire ici (ed.abonnés) :
De Fontanel à Brolly, deux versions du quartier d’affaires Archipel

Illustration 2
La 2e phase du quartier d’affaires. AMI pour Appel à manifestation d’intérêt. Photo DR Ville de Strasbourg

Quand on évoque de nouveaux logements, la question soulève souvent une certaine hostilité relative à la notion de « bétonisation ». Seulement, nous en avons besoin… de nouveaux logements !

PLUS DE 30 000 HABITANTS SONT ATTENDUS DANS LA CAPITALE ALSACIENNE D’ICI A 2030.

D’ici 10 ans, l'agglomération strasbourgeoise (1) s'apprête à voir sa population augmenter de 30 000 nouveaux habitants, selon les démographes. Où allons-nous les loger ? Quand on connait la pénurie de logements que rencontre la capitale alsacienne, c’est un vrai casse-tête. D’autant, qu'il y a des communes sur l'Eurométropole (2) qui ne jouent pas le jeu face à l'obligation d'habitat social qu'en principe la loi SRU les y contraint. Ces communes préfèrent payer des pénalités que se conformer à ses obligations, laissant à d'autres voisins la charge de ces constructions. Pour exemple, Schiltigheim, 2e grande ville du Bas-Rhin après Strasbourg, est à +14 % de son obligation.

Archipel 2 est le bel exemple qui associe à la fois des logements pour 1 500 personnes et un espace vert nécessaire à maintenir la ceinture verte dans et autour d'une ville. L'augmentation démographique oblige les communes à repenser leurs infrastructures, notamment scolaire. Ici, Strasbourg ne peut pas construire une nouvelle école dans la zone pour des raisons de contraintes d'occupation des sols, mais envisage l'agrandissement de celles à proximité. 

Et si nous parlions de la loi SRU ?

Les anti-écologistes vont crier au loup. Ceux qui s'imaginaient voir le gel des projets immobiliers sur l'Eurométropole vont être déçus. La demande de logement, elle, elle est bien réelle. L'écologie politique pousse à avoir un aménagement qui soit le plus respectueux de l'environnement et en phase avec les technologies en matière d'économie d'énergie, par exemple.   Mais l'effort doit être collectif sur le territoire. Or, ce n’est pas le cas.

L’agglomération de Strasbourg compte vingt communes assujetties à la loi SRU (4). Dans un article des DNA du 11 janvier 2021, "sur ces vingt communes, trois étaient déjà au-dessus de 20 % en l’an 2000 et leur taux a progressé depuis. Il s’agit de Bischheim (40,39 % en 2019 selon la préfecture), Schiltigheim (34,07 %) et Strasbourg (30,93 %). Trois autres communes ont atteint la barre des 20 % ces vingt dernières années : Illkirch (23,37 %), Lingolsheim (23,35 %) et Oberhausbergen (20 %). La commune ayant le plus faible taux de logements sociaux est La Wantzenau (3,75 %), six communes sont en dessous de 10 %". Où sont les anti-écologistes dans ce cas ?

Illustration 3
© source DNA

La réalité est là. Il y a des communes qui sont déjà largement au-dessus de l’obligation légale des 25 % et d’autres loin derrière, à l’image de la Wantzenau, dernière des vingt avec 3,75 %. A titre de comparatif, Rue89 Strasbourg avait consacré un article en 2013 sur les bons et mauvais élèves de la CUS de l’époque : « HLM, le difficile rattrapage dans les petites communes.


(1) L’agglomération strasbourgeoise – Avec une population communale de 284 677 habitants en 20181, Strasbourg est une grande ville française, centre de gestion d'une aire urbaine de 802 437 habitants dans sa partie française et 1 342 186 avec la partie allemande. Par sa population intra-muros, Strasbourg est la première du grand quart nord-est français et actuellement la huitième commune de France – information via Wikipédia ;

(2) L’Eurométropole dépasse le cap des 500 000 habitants – En 2018 (3) , selon le ministère de l’Intérieur, l’Eurométropole de Strasbourg a dépassé le seuil des 500 000 habitants – article DNA du 02 octobre 2018 ;

(3) INSEE – Commune de Strasbourg (67482) – données 2018 ;

(4) La loi du 13 décembre 2000 relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (SRU) prévoyait dans son article 55 que les communes urbaines devraient atteindre en vingt ans le taux de 20 % de logements sociaux. Il s’agissait alors, dans l’esprit du législateur, de favoriser la mixité sociale par une meilleure répartition des logements aidés. La loi Duflot de 2013 est venue porter ce taux à 25 % à l’échéance 2025.
La loi concerne les communes urbaines en précisant qu’en dehors de Paris, il s’agit des communes ayant plus de 3 500 habitants, faisant partie d’une agglomération de plus de 50 000 habitants comptant au moins une commune de plus de 15 000 habitants. En Alsace, il y a quatre ensembles urbains qui répondent à cette définition : Haguenau, Strasbourg, Colmar et Mulhouse.

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