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Billet de blog 27 août 2022

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Il y a 80 ans, l'histoire des Malgré-nous : hommage à mes grands-pères

À l'occasion du 80e anniversaire de la publication du décret d’incorporation de force de 134 000 Alsaciens et Mosellans, enrôlés dans l’armée allemande pendant la Deuxième Guerre mondiale, je lis si et là des témoignages d'une tranche de vie qui a appartiennent à bon nombre de famille alsacienne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Notre histoire avec un grand H, est écrite avec le sang de Malgré-nous qui n'ont pas choisi de combattre pour le III Reich. C'est le lot que nous portons ici en Alsace et Moselle. C'est un passé commun qui appartient à bon nombre de familles. Un passé régional avec la Moselle qu'aucun découpage administratif ne pourra effacer. 

Moi aussi, j'ai une famille qui à son histoire... Deux histoires : 

Mon papy Dalpra... 

Mon grand-père paternel, Jérémie Dalpra, né en 1913, n'a pas été un malgré-nous. Pour autant, il a lui aussi son histoire dans cette période de guerre. Engagé dans la résistance, son groupe a été pris en 1943. Il doit "sa" vie au fait qu'il était encore de nationalité italienne (c'est mon arrière-grand-père qui avait migré entre les deux guerres vers les mines de potasse). Tout son groupe a été fusillé. Lui, comme Mussolini était l'allié d'Hitler, a eu la vie sauve et envoyé en camp de travail en Allemagne (histoire de le remettre dans le droit chemin). Il faisait autour de 70 kg à ce moment-là. À la fin de la guerre, quand il a été libéré, il ne pesait plus que 35 kg. 

Je n'ai jamais connu mon grand-père. Il est décédé en 1966 alors que mon papa n'avait que 14 ans. Il laissait derrière lui trois orphelins. 
Je n'ai pas tout les détailles et je ne les aurais certainement jamais. Tout ce que je sais, c'est que son décès est lié aux conséquences de la période où il a été prisonnier en Allemagne. 

Mon papy Schuler... 

Mon grand-père maternel, Lucien Schuler, né en 1927 dans le nord de l'Alsace, il a été incorporé de force en 1943. Il avait 16 ans. Envoyé sur le front de l'Est, il doit sa vie à une infirmière allemande qui l'a fait passer pour blessé, lui et un copain. Ainsi, il a été rapatrié sur les lignes arrière et a fini la guerre "planqué" dans une ferme allemande où il a travaillé.

Là aussi, je n'ai pas le détail sur les horreurs qu'il a pu vivre sur le front de l'Est. En parler, c'est rassemblé les brides de souvenir que ma maman m'a raconté. Décédé en 2018 à l'âge de 90 ans, je garde le souvenir d'un papy fier de son petit-fils, ainé des petits-enfants. Pour autant, nous n'avons jamais pu aborder cette période de vie. Elle reste, je crois, une blessure profonde, difficile à raconter.

Hommage à mes grands-pères, 
Hommage à tous ceux incorporés de force et à ceux qui ne sont pas revenus !


Illustration 1
L'expression « malgré-nous » désigne les Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht, l'armée régulière allemande, durant la Seconde Guerre.

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