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Billet de blog 25 octobre 2024

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la luttre c'est classe

C'est juste une humeur, mais elle vaut la peine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Est-ce que ça vaut la peine de continuer à se battre », c’est ce que j’entends autour de moi depuis la fusion assumée entre la droite libérale et sa variante raciste, dite extrême. Petite parenthèse: on ne peut plus qualifier cette variante d’extrême tant sa “normalité“ supposée est louée à longueur d’antenne par les travailleurs médiatiques appointés.

Est-ce que, donc, tout espoir à disparu au point que ceux qui affirment s’être battus jusque-là arrivent à dire: « là, on arrête de se battre, ça ne vaut pas le coup ».

Le fait qu’ils soient en peine de dire contre qui ils se battaient jusqu’aujourd’hui joue sans doute un peu sur le découragement à mener des combats à l'avenir, mais ce qui décourage sans doute le plus c’est que, lorsque l’objectif d’une lutte est atteint, même partiellement dans une élection et bien... que le 4e monte sur la plus haute marche du podium et que le 1er se trouve relégué au rang de mauvais perdant, c'est si grotesque que sans la dimension tragique et mortifère du moment, je me taperais les cuisses en riant.

J’avais déjà vécu une élection similaire en 2008, presque de l’intérieur (ceux qui savent, savent), c’était au congrès du PS de Reims, Ségolène Royal était arrivée largement en tête mais le 2e et le 3e avaient dit « nan, mais nan, du tout, tu as perdu ma grande.. parce que si on additionne nos scores, tu es derrière nous ». Une façon d’être démocrate que je trouvais assez tordue. Mais bon, c’était le PS qui attaquait sa lente décomposition pour devenir un parti à 1,6% à la présidentielle de 2022. (faut aussi arrêter de sauver le PS tout le temps, les FI, svp)

Pour l'heure, la réponse que mes interlocuteurs attendaient était sans doute plus simple que celle que j’avais à leur fournir, ils attendaient, je suppose: « ouais faut pas lâcher, les seuls combats perdus sont ceux qu’on ne mènent pas, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir etc », une réponse de coach de vie à 150 balles de l’heure dans un séminaire en Bourgogne, sans intérêt majeur. Ma réponse fût comme souvent longue mais résumable en trois mots: « Lutte des classes ».

Oui, ça fait vieux con... J’ai essuyé quelques ricanements de libéraux, évidemment, de bonne guerre parce que c’est facile et que l’andouille courante aime la facilité. (je n'insulte personne c'est le l'humeur les amis) Quand j’ai essayé d’approfondir une pensée derrière la provocation j’ai obtenu un peu d’attention de la part... des plus jeunes. Visiblement ce concept ne leur parlait pas beaucoup à part l'éternel :"ouais mais arrête le communisme ça marche pas", ignorant par cette phrase la Chine qui, communiste est devenue la première puissance économique et militaire du monde. "ouais nan mais là c'est pas pareil la Chine ! - Pourquoi ? - Bah parce que c'est la Chine..." J'étais pas sorti de la colle à bois. La réponse la plus juste est que le communisme fonctionne à condition de le privatiser, mais la boutade n'était pas dans l'ambiance. J'ai donc fait de la pédagogie de base à base de jolies histoires de l'Oncle Paul (Spirou, le magazine... ça vous parle ?)

Pour dater le début de la lutte des classes, dis-je, il faut sans doute faire appel au carbone 14. On manque de témoignages, c’est certain, mais on peut quand même mettre un petit billet sur le paléolithique, quand le premier homme a piqué le premier poireau dans le panier de la première femme cueilleuse – oui, c’était surtout les femmes qui cueillaient – en lui disant que c’était comme ça et pis c’est tout, “je suis le plus fort et j’ai un bâton, mais que si demain tu ramènes 10 poireaux, je t’en laisserais 2 pour toi“. BOnne pâte la dame avait sans doute pensé que c'était mieux que rien et ça évitait un coup de bâton. Le lendemain le "libéral" ne lui poireau laissait qu’un seul, parce qu’entre temps il avait eu des frais de massue et, la dame même si elle n’était pas contente avait un poireau ce qui est mieux que rien et, sans la savoir, elle venait d'inventer la sociale démocratie.

L’homme ajouta que « Si demain tu ramènes aussi des pommes en plus des poireaux, je t’en laisserais prendre quelques-unes »

Il y a fort à parier que la dame revenue avec des poireaux et des pommes se trouva fort marrie lorsque deux pommes lui furent allouées sur la cinquantaine cueillies au prétexte que deux, c’est bien “quelques-unes“ et qu’aucun nombres de pommes n’avait été négocié au préalable. Après quelques temps, disons un ou deux millénaires, il est encore une fois probable que cette dame aura mis son pied dans les roubignoles du bonhomme en arguant qu’il fallait pas déconner trop longtemps. Elle prit sans doute la massue du gars et se retrouva en position de dire à une autre personne « Maintenant, c’est toi qui ira chercher les poireaux et les pommes ». Inventant par la même occasion et toujours sans la savoir, la Révolution armée qui ne débouche jamais sur une société apaisée mais... ça soulage quand même quand ça arrive. En réalité: une grande victoire qui ne fait que changer la silhouette de l’exploité.

Je ne dis pas que ressortir les massues et exploser des têtes de cons est la solution dans la situation d’aujourd’hui, je ne dis pas ça, je le pense très fort mais je ne le dis pas, ni ne l’écrit parce que houlà houlà, il faut être raisonnable et pas trop radical. (encore une fois, celleux qui savent, savent)

Mais alors existe-il un combat à mener vers un idéal atteignable mon ami, dit-le nous ! Oui.

Dans la relative et précaire harmonie nécessaire à la bonne marche de la communauté humaine, il y a eu, très tôt, un groupe qui, par la méchanceté ou la ruse, appuyé sur une perception amorale des rapports de force, s’est servi dans le panier de la dame, sans autre raison que celle du plus puissant. Le plus puissant gagne-t-il toujours ? La réponse est évidemment dans la question. Et question subsidiaire: c'est quoi être vraiment puissant ?

Toute l’organisation sociale est bâtie autour des classes d’individus. L’harmonie et l’équilibre dépend de ceux qui décident de l’organisation. Si le plus malin d’un groupe invente un truc qui le rend plus puissant que le reste du groupe, le groupe finit par dépendre de sa trouvaille. Dans des organisations « justes », l’inventeur ne tire que prestige de sa création et force l’admiration du groupe dont il améliore l’existence ; il devient une figure respectée et admirée. Il a alors un statut de « sage ». (ça marche si c’est une femme, venez pas me chercher des poux avec l’écriture inclusive, j’ai pas le temps) Dans une organisation de gros bâtards, à l’inverse, celui (ou celle, ok) qui a inventé le truc super en tire pouvoir et argent et oppresse le reste du groupe pour imposer sa position sociale - soudain devenue dominante - et profiter plus que les autres des biens qui devraient être communs. Il obtient le statut de tyran, assorti d’un certain nombre de noms grossiers et infamants dont il s’accommode, protégé derrière une catégorie sociale intermédiaire : sa police. Pour l'instant on en est là. Rien ne va mais rien ne change.

Demain si vous êtes sages, je continue en faisant un petit historique du, disons, XVII siècle jusqu'à Barnier. Là, je vais écrire dix pages et vous allez encore dire « c’est trop long ». Et puis on m'entend pour le diner.

Dites-moi.

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