Baudouin Prot, un nom comme un autre ?
Dans leur avant dernier film, Louise Michel, Kervern et Delépine inventaient la fiction hilarante et tragique d’employés mis à la rue du jour au lendemain par leur patron et qui décidaient d’engager un tueur à gages pour se venger… Problème : en remontant les échelons d’autorité, les vengeurs ne parvenaient jamais à mettre la main sur un « coupable », incapables de démêler l’organigramme complexe des responsables de leur malheur. Une conclusion s’imposait, le capitalisme moderne n’avait plus figure humaine, il n’était qu’une machine anonyme à fabriquer de l’injustice et du profit, mais pour des gens qui n’apparaissaient plus nulle part…
On a vu le même mécanisme à l’œuvre dans la récente crise financière, puisqu’à la suite de multiples procédures judiciaires, on a finalement réussi qu’à épingler le seul Kerviel, de toute évidence, l’arbre qui cache la forêt…
On peut donc ruiner des gens, effacer d’un trait de plume les économies d’une vie, faire capoter des entreprises, et continuer tranquillement à percevoir salaires et primes sans être autrement dérangé par les retombées humaines désastreuses de tels actes.
Cette longue introduction, pour en revenir au sujet de ce blog : La Manufacture des Œillets et le scandale de la liquidation absurde de la société d’Éric Danel qui en quinze ans de travail avait réussi à sauver et à rendre rentable ce bâtiment exceptionnel qu’il avait transformé en un lieu culturel unique.
Éric Danel doit lui aussi ses malheurs à deux grands groupes tentaculaires en l’occurrence deux banques : Dexia Banque Privée et la BNP, la seconde ayant rachetée la première…
Je ne reviendrai pas sur l’historique de l’affaire qui peut être consulté sur les « liens » de ce billet, je voudrais juste profiter de la chance que nous avons de ne pas être dans la situation des héros de Louise Michel, et de pouvoir donner avec certitude les noms de ceux qui pour l’heure sont à la tête des entreprises qui ont provoqué la ruine d’Éric Danel, à savoir : Baudouin Prot, Directeur général de la BNP, et Marie-Claire Capobianco, Présidente du Conseil d’Administration de BNP Paribas Banque Privé France.
Pourquoi les nommer, qu’est-ce que cela change au problème, puisque nous n’allons pas leur envoyer des tueurs à gages ? Rien, et tout à la fois. Rien, parce que d’autres qu’eux auraient peut-être pris les mêmes décisions, mais tout, parce qu’au final ce sont eux, Baudouin Prot et Marie-Claire Capobianco qui, en tant que responsables, doivent assumer les conséquences d’une procédure qui a provoqué la déchéance d’un homme. On dira que la justice est en cours et qu’Éric Danel finira peut-être par gagner son procès, mais on en est déjà à six ans de procédure et l’on se doute bien qu’une Banque aussi puissante que la BNP a tous les moyens (8 milliards de bénéfice l'année dernière) de faire durer une situation déjà catastrophique. Pendant qu’Éric Danel est privé de ses moyens de subsistance, Baudouin Prot et Marie-Claire Capobianco se contentent de déléguer ce « petit problème » à leurs conseils juridiques sans doute sans réelle information sur les pièces du dossier. Savent-ils seulement qui est Éric Danel, ont-ils entendu prononcer son nom, ce n’est même pas sûr.
On le voit, la balance penche déjà beaucoup d’un côté et, que justice soit rendue ou non au bout du tunnel, le mal est déjà fait. Même si ça ne sert à rien, c’est quand même une satisfaction de pouvoir donner les noms de ceux qui en sont responsables. Oui, il y a des gens à la tête de ces machines impitoyables qui signent l’arrêt de mort social d’autres gens…
BNP Paribas, la banque d’un monde qui change, pour le meilleur, mais surtout pour le pire…