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Billet de blog 25 novembre 2011

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Des nouvelles sur le front du dur combat que mène Eric Danel contre l'adversité bancaire et municipale… Le 10 novembre dernier, la Cour d'Appel de Paris a entendu les parties et rendra un jugement le 19 janvier prochain. Mais surtout, la presse se fait enfin l'écho de ce combat. Après deux articles pour le moins consternants dans Le Parisien et Le Monde, qui, chacun son tour, relataient l'installation du Crédac à la Manufacture des Oeillets, sans rien dire de la manière scandaleuse dont la Mairie avait dépossédé Eric Danel de son bien, Le Parisien se rachète et publie, sous la plume de Pascale Egré, un remarquable résumé de la situation terrible vécue par Eric Danel depuis sept ans. Voici l'article :

L'architecte ruiné veut récupérer son usine

PASCALE ÉGRÉ

- Article publié en page 13 de l’édition du Parisien datée du vendredi 25 novembre 2012 -

C'est la bataille d'un architecte passionné face à l'alliance, autant présumée qu'improbable, d'une banque privée et d'une mairie communiste. Durant plus de quinze ans, Eric Danel a consacré sa vie à la Manufacture des oeillets, ancienne usine à l'abandon à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), qu'il rachète en 1989 alors que la mairie n'en veut pas. Il la restaure grâce au soutien de la banque Vernes en se portant caution personnelle. L'architecte y fait venir les répétitions du Théâtre du Châtelet, y accueille deux écoles d'art et plusieurs spectacles. Le bâtiment est classé aux monuments historiques en 1996. L'endroit connaît un succès grandissant et des loyers qui promettent l'équilibre financier.

Un bâtiment estimé 21 M€ et vendu aux enchères 7,5 M€

Mais il y a sept ans, le vent tourne. Les mises en demeures du successeur de Vernes, Dexia banque privée — cédée ensuite à BNP Paribas et qui se trouve être aussi le bailleur de fonds de la mairie—, acculent peu à peu la société d'Eric Danel à la liquidation, alors que la valeur du bien couvrait largement la créance. Tandis que les procédures judiciaires s'accumulent, l'homme se voit ruiné et contraint de vendre. Alors que la Manufacture est acquise aux enchères par la ville en 2009 à 7,5 M€ - un prix bien en deçà d'estimations officielles qui montaient jusqu'à 21 M€ -, Eric Danel, qui vit aujourd'hui du RSA et dont une première requête pénale a été classée par le parquet de Paris, a décidé d'une ultime action en justice. Il vient de déposer plainte contre X, avec constitution de partie civile, pour« escroquerie par l'emploi de manoeuvres frauduleuses, abus de biens sociaux et entrave à la liberté des enchères ». « Son but est d'obtenir une enquête afin que les responsabilités des participants à cette entreprise de spoliation soient établies », explique son avocat, Me Eric Moutet. Fort de plusieurs documents, Eric Danel, lui, en est convaincu : « Il y a eu collusion entre la banque, qui a usé de méthodes illégales pour gonfler ma dette, et la mairie, pour me faire vendre à vil prix», dénonce-t-il.

Sollicité à plusieurs reprises, le conseil de la banque Dexia n'a pas répondu. Côté ville, le directeur de cabinet du maire indique « n'avoir pas été averti officiellement de cette nouvelle plainte ». « L'ancien propriétaire a toujours refusé les offres amiables de la ville, qui n'a fait, elle, qu'exercer ensuite son droit de préemption », souligne-t-il, estimant qu'Eric Danel — qui a par ailleurs attaqué la dite préemption au tribunal administratif — « mène un combat d'arrière-garde ». Quant au soupçon « d'entente » entre la municipalité et la banque, il assure que ces dernières n'ont eu « aucun rapport » entre elles. Le 5 juillet 2006 pourtant, dans un courrier que nous avons pu consulter, le maire Pierre Gosnat s'adressait ainsi à Eric Danel : « J'ai eu des entretiens avec Dexia, avec qui vous êtes en relations financières et qui est également la banque d'Ivry. Dexia m'a donné son accord pour une négociation tripartite », écrivait l'édile, également député du Val-de-Marne. Lors de l'inauguration récente du Centre d'art contemporain à la Manufacture, Eric Danel et ses soutiens avaient manifesté leur colère. Ce rassemblement qualifiait l'événement de « scandale » visant « à faire oublier des agissements peu honorables ».

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