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Billet de blog 29 mars 2011

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Baudouin Prot préfère Kadhafi

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Baudouin Prot préfère Kadhafi

Le feuilleton Éric Danel contre la BNP a connu ces derniers jours une nouvelle étape édifiante. Alors que la banque avait demandé une « Médiation », interrompant ainsi le processus judiciaire, elle a d’abord fait traîner au maximum la prise de rendez-vous, avant de déclarer forfait deux jours avant la date finalement retenue… La volonté de « médiation » n’était donc en fait qu’une énième manœuvre dilatoire destinée à asphyxier un peu plus un Éric Danel qui par bonheur vit maintenant à la montagne où il respire un air moins vicié que celui de certaines procédures…

On posait, dans le précédent billet, la question de savoir si les dirigeants de la BNP, Beaudouin Prot en tête, connaissaient seulement le nom de l’homme dont ils ont, depuis six ans, organisé la déchéance. Plusieurs courriers recommandés ont été envoyés au Directeur Général de la BNP, ses représentants ont répondu que la justice devait suivre son cours… Mais qui peut dire si ces lettres ont bien reçu son approbation ? On écrit à quelqu’un, et c’est quelqu’un d’autre qui vous répond… Dans cet écart, toutes les dérives sont possibles. A la tête d’une banque comme la BNP, quelle est la chaîne complexe des responsabilités, et dérange t’on vraiment « le patron » pour « un petit problème » comme celui-là ?

A la lumière de la récente affaire Renault, cette question prend toute sa dimension. Dans le dos de toute la direction d’une des plus grandes entreprise automobile du monde, un lampiste a pu organiser une escroquerie qui a mis le France au bord de l’incident diplomatique avec la Chine ! Pourquoi en irait-il autrement à la BNP ?

Malheureusement pour Eric Danel, la comparaison s’arrête là. Certes les cadres de chez Renault ont été licenciés et calomniés, mais l’affaire s’est vite dégonflée et ils sont passés en quelques semaines du statut de coupables à celui de victimes avec les excuses de Carlos Ghosn et des ministres concernés… Côté Danel, six ans deprocédure, et toujours pas la moindre excuse en vue… Pourtant une expertise judiciaire ordonnée par la Cour d’appel de Paris a prouvé qu’il n’avait rien à se reprocher et la liquidatrice judiciaire vient, de ce fait, d’assigner la banque en tant que seule « responsable du préjudice collectif »… Alors, combien de temps faudra t’il attendre encore pour que la direction de la BNP se penche sérieusement sur le problème ?

Monsieur Baudouin Prot, s’il vous plait, lisez votre courrier… Bien sûr, on vous imagine très occupé par des affaires de la plus haute importance. Médiapart rappelait récemment, comment BNP Paribas avait « remporté un appel d’offres portant sur la privatisation de 19% du capital de la Sahara Bank » autrement dit la banque du clan Kadhafi… Pour le Directeur Général de la plus grande banque française, il est évidemment plus important de rafler une participation juteuse dans l’économie d’un état voyou, que de se pencher sur le sort d’une entreprise culturel sans équivalent à ce jour… Danel n’est pas Kadhafi et les banquiers ne sont pas des philanthropes… on s’en doutait un peu… On est dans la logique d’un capitalisme aveugle et inhumain, il n’y a donc rien de surprenant dans ce scandale, mais on ne nous empêchera pas de dire et de répéter que c’est un scandale…

Un jour, si la justice suit son cours (long et tortueux comme chacun sait), Baudouin Prot, ou son successeur, se verra peut-être contraint de présenter des excuses à Éric Danel et de lui reconnaître son statut de « victime », mais ce sera trop tard… C’est déjà trop tard.

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