J'aime beaucoup les articles de Philippe Riès. Il me semble que cette fois-ci, il s'est un peu trop laissé influencer par le livre des deux consultants qu'il cite à plusieurs reprises. Il est dommage que d'autres sources, et elles sont nombreuses sur le sujet n'aient pas été croisées avec celle-ci.
Le problème est que Philippe Riès semble épouser la thèse néolibérale, en vogue notamment au Wall Street Journal selon laquelle les retraités, et donc aussi les salariés sont responsables de la faillite virtuelle des constructeurs automobiles américains.
Le vrai problème, dans un pays où il n'y a pas de système de retraite par répartition, pas de couverture santé généralisée, est d'autoriser les entreprises à empêcher la création de syndicats, à rendre impossible la négociation collective. C'est comme cela que les constructeurs japonais, mais aussi européens ont pu produire à coût plus faible et concurrencer efficacement les constructeurs américains dans leur propre pays. Les constructeurs étrangers ne versent pas les mêmes pensions, ne couvrent pas aussi bien les dépenses de santé, s'installent dans les États les plus réactionnaires, l'Alabama par exemple, hostiles aux syndicats.
C'est la face cachée de l'efficacité japonaise. C'est ce qui leur permet, à côté d'une indéniable supériorité industrielle, d'offrir des voitures particulières de bonne qualité et moins chères.
Il aurait fallu une législation fédérale, imposant les mêmes droits sociaux sur l'ensemble des États-Unis, et à toutes les entreprises. Les sénateurs et représentants des États produisant de l'automobile ne seraient alors plus engagés dans une course sociale vers le bas et l'on pourrait alors parler des vrais problèmes: produire des véhicules réellement propres, développer les transports collectifs aux États-Unis pour réaliser un véritable droit à la mobilité, repenser l'urbanisme. Ce n'est rien d'autres que ce que proposent les écologistes depuis de nombreuses années. Mais il est vrai que l'initiative dans ce domaine ne viendra pas des Big Three! C'est pourquoi il faut une véritable politique publique.
Dans l'immédiat, on ne peut pas assister à la catastrophe annoncée du licenciement de dizaines de milliers de salariés qui vont venir grossir la longue cohorte des sans abris, de la misère, de la violence, du trafic de drogue et de la prostitution.
Les big three doivent être nationalisés, comme les banques. Les dirigeants doivent être les seuls licenciés sans indemnités. L'appareil industriel, les capacités de recherche doivent ensuite être reconverties dans la production véhicules propres et de véhicules de transports collectifs. Il n'y a pas si longtemps, GM et Ford, c'était aussi l'équipement ferroviaire, et les bus.
Le futur gouvernement Obama est prêt à dépenser des milliards de dollars dans l'isolation des bâtiments publics et la construction de nouvelles routes. Ses intentions concernant le financement de la voiture propre sont plus floues. En tout cas, cette fois-ci, l'argent existe. Il faut le dépenser utilement.