bruno mazerat (avatar)

bruno mazerat

citoyen du monde

Abonné·e de Mediapart

109 Billets

1 Éditions

Billet de blog 7 octobre 2024

bruno mazerat (avatar)

bruno mazerat

citoyen du monde

Abonné·e de Mediapart

Le coup du travail.

Coups bas, bas coûts, coups fourrés, coup de bambou...

bruno mazerat (avatar)

bruno mazerat

citoyen du monde

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tenir !! Coûte que coûte...

Tenir le coup, tenir la cadence, tenir la manette, froide et vibrante, pendant des heures....

Se tordre le cou au rythme du bras articulé de la machine, qui frappe la pièce métallique, et qui frappe, et qui frappe...

Sûr, au bout de vingt ans, le coup de main, bon pour la productivité qui augmente autant que le coût de la vie.

Et le bruit !! Tu peux toujours esquisser une parole, personne ne t'écoute, personne ne t'entend, personne...Que toi ! Disparu le collègue d'à côté, le petit mot blagueur, le coup de coude amusé. La complicité brisée nette ! Le coup du lapin !!

Ils ont été malins dans la répartition géographique de l'atelier : Un robot, un homme, un robot, un homme, histoire de briser la chaîne, et de bien verrouiller les nôtres. Ça ne durera pas éternellement. Les robots sont sur le coup et prendront le pas. Déjà deux fournées de licenciés sur un trimestre, coup sur coup, et sans surcoût pour l'entreprise. Un robot acheté : Des centaines de semaines de congés payés économisées, plus d'arrêts maladie exagérés, plus d'ordres contestés.
L'ordre, l'ordre, l'ordre !!

Mais au fond, je le souhaite, de plus en plus, intensément, douloureusement. Envoyer les robots ! Foutez moi à la porte !!

Il faut que ça s'arrête. Tant pis, je serai chômeur...Ou tant mieux....Ou, je n'en sais rien....Juste être ailleurs, loin de cet abyme quotidien, de cette voie sans issue, de cette retraite qui s'éloigne au fil des lois.

Sacré coup de Jarnac cette régression du progrès social. Et quel coup de mou cette délivrance qui recule, voté par des vieux riches, nombreux à n'avoir jamais travaillé, si ce n'est balader leur cul des bancs de l'hémicycle au restaurant de l'Assemblée, se goinfrer à tes frais, engloutir des plats que tu ne pourras jamais te payer...Comme une envie de leur tordre le cou !!

Un moment que je cherche la solution, la sortie... Puis les matinées reviennent, machinalement, inlassablement....Ne suis je capable que de ça ? Résigné, faible, maudit ? Incapable de me mettre un bon coup de pied aux fesses ? Me laisser détruire à petit feu, négliger ma famille, ne plus rien donner, vide, inconséquent. Un mari, un père, un ami qui ne vaut plus un clou, qui ne vaut plus le coup.... 

Alors oui, pourquoi pas ? Des semaines et des semaines que ce projet fou me chatouille les neurones, du moins ce qu'il en reste...La solution imparable, l'assurance de ne jamais remettre un pied à l'usine. Enfin du temps libre, aller chercher les enfants à l'école, "Coucou, c'est Papa", ne plus m'endormir devant la télé sur le coup des vingt heures, embrasser tendrement ma femme dans le cou, sourire, rêver, vivre...

Ouais, je vais le faire, je vais réussir, tout le monde n'y verra que du feu... Un coup de maître !!

"En mettre un coup, hein les gars !!"

Encore, toujours, la même injonction de bienvenue, un nouveau jour débute. Similaire à hier, à demain, à l'infini...

Je suis à mon poste, la presse entonne son ronron strident, les petits carrés de tôle entament leur défilé ininterrompu, mon cerveau se tend, et le temps s'arrête...

Je me baisse légèrement, coupe la sécurité et glisse rapidement ma main gauche, bien centrée sur le point d'impact...

Un coup d'enfer, pour un petit bout de paradis !

Tout a un coût !

Je passe la main...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.