Déçu... Abattu...dégouté...
Un peu de ma faute après tout. Non mais qu'est ce que tu croyais mon gars. Tu te voyais déjà....
Pas le même monde, mes potes m'avaient prévenu. Un de ces quatre, tu te feras larguer, comme ça, du jour au lendemain.
Comme quoi, ils avaient raison. Même pas un appel de vive voix: Non, juste un SMS. Le genre message de la sécu ou de pole emploi. Sec, froid, administratif. "Game over". Allez voir ailleurs et recevez nos sincères etc etc...
Oui, j'ai mal! Non, je ne comprends pas! Une trahison, point barre!!
On a commencé à se côtoyer il y a environ deux ans. Une réunion publique à la salle des fêtes. Une rencontre, une évolution possible. Une évolution positive. Des paroles que je n'entendais que trop rarement au quartier. Un souffle nouveau, un intérêt, une attention. Un espoir de franchir les murs derrière lesquels, je m'enfermais, incapable d'oser espérer être reconnu. Une trêve, un substitut à la violence, à la misère, à l'isolement. J'étais conquis, dès le premier soir...
Depuis, je franchissais le périph, régulièrement. J'avais découvert un autre monde, de nouveaux quartiers, des apparts, des bistrots...
....Des bourges!!! C'est ce que les potes me répétaient dans la cité.
Ils n' y croyaient pas à mes histoires, mes discours sur le vivre ensemble, mes espoirs de changer la donne, pour nous, les banlieusards. Je m'accrochais à mes convictions. J'ai donné beaucoup pour faire bouger les lignes, des deux côtés.
On s'est mutuellement découverts, testés, apprivoisés. J'ai pris confiance en moi, ça m'a donné la pêche, l'envie de se battre, de réveiller les énergies, de répandre du positif. Pour les potes, les parents, les gosses, les "dingues et les paumés"....La passion m'a transformé, m'a légitimé, m'a fait grandir. Ce que je vivais se devait d'être bénéfique pour les autres. J'étais considéré dans les beaux quartiers? Tout citoyen devait être considéré, où qu'il vive, quel qu'il soit.
Ensemble, on a fait un sacré boulot. Ensemble, on s'est fait confiance. Ensemble, nous sommes restés nous même, respectant nos différences, nos individualités. Pas un pour bouffer l'autre...Enfin, c'est ce que je m'imaginais, ce que je ressentais. Honnêtement....Sans arrières pensées.
Même les un peu craignos de la bande, les cul-cul la praline, les qui laissaient toujours échapper des petits relents de supériorité, de dédain, même eux je m'en arrangeais finalement. Pas question de briser notre histoire.
Aveugle... Ou trop orgueilleux. J'ai omis la logique qui veut que, en haut de la vague, il y a forcément un moment où il faut redescendre. Non, j'ai glissé, glissé, comme un amoureux fou, comme un illuminé, comme si tout était acquis.
J'ai perdu....Je me suis perdu....Je n'ose pas descendre sur la place, affronter les questions, les quolibets, les "j'te l'avais dit".
Le winner métamorphosé en looser!!
A un mois du but!! Deux ans de chemin commun, et un putain de SMS qui t'envoie au fond du trou...
Elle me largue, comme une merde.
Je me suis battu pour elle, je l'ai respectée, fidèle, toujours présent.
Elle me trahi, certainement sous l'influence des indécrottables bourgeois pour qui je reste un gars des quartiers, un sauvage, un pas de leur caste, de leur monde.
Elle...L'UNION POPULAIRE!!... Enfin, la NUPES désormais...Elle me laisse tomber. Elle m'abandonne. Elle me jette, comme un kleenex sale.
Elle ne veut pas de moi comme candidat!
Et je n'arrive pas à la détester...