Je sortais de la Mairie. Joie et excitation... Un an déjà, un an seulement.
Je sors à l'instant du commissariat. Honte et humiliation... le fameux package énoncé à longueurs d'articles, de témoignages.
Alors, moi aussi ?...Me too ?
Ce mariage, cette union tant désirée, ce choix, contre la famille, contre les potes, nous abreuvant de tous les obstacles, les désillusions que nous risquions de rencontrer. Avaient ils raison finalement ? Ce passage en Mairie était il voué à l'échec, dès le départ ?
Un an ! Plutôt rapide ! Pas le temps de redouter les fameuses périodes charnières. Pas nécessaire d'attendre de finir à l’hôpital, ou au cimetière.
Marc. Mon mari. Mon amour.
Devenu, ma brute, mon tortionnaire, mon cauchemar.
Beau mec, intelligent, prévenant.
Métamorphosé en sale mec, égoïste, méprisant, violent.
Pourquoi ??
Simplement, le cheminement invisible relaté par toutes ces victimes, récits presque quotidiens, écoutés d'une oreille, entre les catastrophes naturelles, le nombre de cas positifs, et la date des prochaines soldes. Façon j'y pense et puis j'oublie....
Sauf que.....Comment oublier, comment s'extraire de ce cauchemar, quand il a été vécu ?
Et puis bien sûr, le questionnement. Est ce ma faute ? Est ce que je ne l'ai pas un peu cherché ?
Parce qu'il nous faut trouver une réponse logique, un motif. Tant de méchanceté, tant de perversité ne peuvent pas tomber du ciel. Tous les mecs ne sont pas comme ça. Est ce que je m'expose en victime depuis le début, est ce que je suis sur terre pour servir de défouloir au premier con venu ? Est ce que c'était écrit ?.. Mektoub. Juste le destin...
J'ai mal. J'ai honte. J'ai la rage. Ce sentiment d'avoir pris le mauvais chemin, d'avoir manqué de vigilance. Ce constat de faiblesse. Pas physique, non, je suis plutôt solide ; cette sensation d'avoir foncé droit dans les mailles du filet, d'avoir mordu à l'hameçon, trop vite.
Mes larmes coulent sur ce banc. Elles coulent depuis ce moment où j'ai descendu les escaliers quatre à quatre, claqué la porte de l'immeuble et qu'il s'est mis à la fenêtre. Depuis ce moment où, mon mari, défiguré par la colère, a hurlé:
"Reviens !! Rentre immédiatement !! Petite fiotte ! tu m'entends Julien !... Je vais te tuer !!!! Je vais te tuer !!!
Alors oui, je pleure, sur ce banc, au commissariat, au boulot. Pourtant, on m'avait bien fait la leçon, un garçon, ça ne pleure pas !!
A croire que tous les garçons ne sont pas les mêmes....