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Billet de blog 11 décembre 2025

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Le temps était maussade. Un signe ?
Je le savais, cette journée allait être d'un ennui mortel.
L'instinct !

Je ne m'étais pas trompé, trop content une fois de plus d'avoir eu le dernier mot, même si plus personne ne m'écoutait.
En fait comme bien souvent, il n'y en aurait que pour eux. Chacun dans son petit univers, avec ses petits tracas, ses petites questions existentialistes, ses "et moi, et moi, émoi..."
Vagues souvenirs d'une lointaine cousinade désastreuse et que je craignais de revivre.

En amont, j'avais tout prévu pour que ça ne dure pas une éternité. Mais tout ne se déroule pas toujours suivant notre volonté... Quelle soit bonne ou mauvaise.
On dit que les meilleures choses ont une fin, est ce que pour autant les mauvaises s'arrêtent rapidement ?

Encore une idée de mon frère, il avait tout organisé, tout prévu, minuté, comme toujours.
Je m'étais plié une fois de plus à sa volonté. Mais, avais je le choix ?
Quand j'ai compris tout se qui se tramait, toutes ces invitations, sans même m'avoir consulté, je suis resté de marbre.
Je n'ai rien dit. Muet comme une tombe. Mais les yeux grands ouverts, le fixant, silencieux, pour bien lui faire comprendre que je capitulais à mon corps défendant.
La nuit était tombée, noire.


Il est donc passé me prendre comme prévu à dix heures.
Et moi, bien entendu, je dormais encore profondément, malgré le froid de la chambre qu'il m'avait loué pour l'occasion.
Pour être sur place, avait-il argué, en bon maître de cérémonie qu'il avait toujours été (comme hiver).
Je blague, je blague, mais le cœur n'y est pas...

Peu de doutes sur ce qui m'attend. Ils vont tous débarquer d'un coup et je vais devoir décrypter qui est qui, qui fait quoi, avec lequel je me suis pris la tête, il y a quinze ans, laquelle m'a tenu un discours soporifique en me narrant sa vie de merde pendant une heure, bref, me remémorer l'arbre généalogique.
Tu parles!! Un siècle que je l'ai laissé crever l'arborescence familiale, faute de l'arroser. J'ai fait une croix dessus depuis fort longtemps.

Et puis franchement, je me sens à l'étroit dans le costume emprunté pour l'occasion. Un peu tristounet de surcroît.
"C'est parce que tu n'as pas l'habitude !!" Mon frère a réponse à tout...

Je dois reconnaitre que l'endroit est plutôt sympa. D'agréables allées joliment arborées, de jolis massifs de fleurs, un endroit reposant qui invite à la sérénité. Ça ne va pas durer quand ils vont tous pointer le bout de leur nez.
Ils arrivent dans dix minutes me souffle mon frère, les yeux rivés sur sa montre.
Franchement, à la vue du buffet, mes critiques s'estompent pour reconnaitre à mon frère son talent d'organisateur.
J'ai envie d'une bière !!
"Pas maintenant, attends un peu quand même... "
Petit clin d’œil du frérot qui éclot pour la première fois de la journée. Juste un petit rictus. Fidèle à lui même...

Des pas lents sur le gravier, la réunion de famille peut commencer.
Ils sont venus, ils sont tous là... 

Chapeau la coordination ! Ils arrivent groupés, en rythme synchronisé, tel un ballet de Pina Bausch.
Incroyable, quelle surprise ! Une performance ? Rien que pour moi ?
Pour mon retour au pays, les retrouvailles avec mes racines, le retour à la terre qui m'a vu naître. 
Y'a même les potes, trop fort le frangin !!

Et là va-y !! Je vais finir par me sentir gêné. 
Tour à tour chacun y va de son discours, de son anecdote, de ses éloges, de l'affirmation que je suis un mec bien, que dis je, un héros, un saint !!
Et tout ça, sans leur procurer plus de plaisir que ça, vu les têtes d'enterrement qu'ils tirent tous.
Du coup je repère deux trois tronches d'hypocrites, venus là par convention, intérêts, va savoir... On ne changera jamais l'humain.
Et puis les fleurs quoi !! Ils abusent. Un petit côte du Rhône, ça ne leur est pas venu à l'idée bordel !!

Bref, c'est bien joli tout ça mais franchement je commence à saturer...
Et puis je ne sais pas quoi répondre.
Alors, je fais le mort !!
Mon frère qui a senti le truc envoie la musique et remercie tout le monde.
En clair, barrez vous, buvez un coup et barrez vous.
Merci Frater ( Ça va bien avec les crucifix tout autour)

Ils partent tous, m’abandonnant, épuisé, à bout de souffle, résigné.
Je me sens vraiment au fond du trou.

Voilà, le dernier tourne le coin de l'allée.
Iggy Pop me chante une dernière fois qu'on est tous des passagers.
Je reçois une première pelletée de terre, une deuxième, et puis tout s'enchaine, cool, enfin tranquille sous les étoiles...

Merci Brother...

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