C'est sur, j'ai déconné. Je sais pas ce qui m'a pris...Ou plutôt oui. J'ai vu rouge. Ou plutôt j'ai vu jaune, du gilet jaune, et ce con au milieu qui m'a fait signe de ralentir. Ha non , c'est pas vrai ils vont pas me gâcher mon week end. Faut qu'je rentre . Une semaine que je suis sur la route, je bosse moi aussi.On en a déjà eu assez des blocages: les routiers, les feignasses de cheminots, les infirmières, les agriculteurs. Et maintenant mon plombier, mon voisin, qui vont me faire chier un samedi. Surement pas, et en plus ça va rien changer, rien, juste emmerder le monde...
Alors oui, j'étais hors de moi. Pas à moi les gars!!! J'vous jure que j'vais passer!! J'ai stoppé net, agrippé la batte de base ball qui ne quitte jamais ma bagnole, ben oui, on ne sait jamais à notre époque. J'ai bondis de la caisse. Avec l'effet de surprise, j'ai réussi à en aligner trois d'un coup une bonne rafale en plein dans la tronche. j'ai changé de hauteur pour le quatrième qui m'arrivait dessus en gueulant. Je lui ai fracassé le genou.Je me suis de nouveau retourné et c'est là que j'ai vu les flics me foncer dessus.Y'en a même un qu'avait déjà dégainé son flingue...
J'm'en suis pris plein la gueule et je me suis retrouvé la joue sur le bitume, les bras tordus dans le dos et j'ai fugacement repensé aux images des manifs ou dans les quartiers quand ils chopent les gauchistes et les racailles. Putain mais moi, sans déconner, je bosse , je paie mes impôts, ils me traitent comme un bandit. Je me suis donc retrouvé au commissariat, garde à vue dans un placard qui pue la pisse. J'ai pu appeler mon avocat. Il a assuré, deux heures plus tard, il était là.
"Bonsoir maitre, je vais sortir ou quoi?
-Ah je ne pense pas de suite, de suite
-Putain, j'ai fait que me défendre, c'est eux qui agressent!!
-Pardon? Vous rigolez ou quoi. Vous avez quand même agressé violemment et gratuitement quatre ouvriers qui travaillaient sur une conduite de gaz et dont deux sont en soins intensifs
-Et merde.......