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Billet de blog 21 avril 2025

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Collective...

Accueillir à bras ouverts, tenir à bout de bras, anéantir les bras cassés, dégonfler les gros bras... Gagner le bras de fer !!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Encore une heure... Une toute petite heure !!

Comme tous les mois, le stress est là, revenu, comme lui.
Toujours pas de réponse à mon message. je sais qu'elle va venir, qu'elle va se tenir à mes côtés, solide, protectrice.
Elle s'est engagée. Elles se sont toutes engagées...

Un an. Une longue année déroulée dans tous les sens, les hauts, les bas, les rires, les insultes, les bisous dans le cou, les pluies de coups.
Nouveau boulot pour Monsieur, nouvelle vie au soleil. Je l'avais suivie, docile et éblouie mais...Les lunettes teintées ne servaient qu'à cacher mes yeux tuméfiés, cloîtrée dans l'appartement le plus souvent.
Il s'était bien perdu en cours de route le monde nouveau.
Mille kilomètres, mille promesses envolées.
Changement de climat !!

Seule !! Les seuls contacts ? Forcés, avec ce taré, quand il le décidait.
Et la honte...A cacher absolument à la sortie d'école, rare occasion de quitter le foyer, seule !
Et Théo...Mon fils. Oui, mon fils !! Plus le sien en tout cas, plus dans ma tête.
Une soumission débile, inexplicable, insensée. Ma faute, bien sûr, comme l'affirme et s'en gausse, à tort et à travers, une majorité de pauvres mecs, trop contents de ne pas avoir à se remettre en cause ; au bureau, dans les conseils d'administration, à l'usine, dans les stades ou bien dans les débats à la télé. Bref une histoire entendue...

Femme, soumise, et sans foulard, comme quoi !!
Isolée, anonyme, exempte de tous signes extérieurs de maltraitance.
Il était en net progrès pour ne plus laisser de traces.
Plus jamais le visage....

"Ton visage !!" Ce sont ses premiers mots....
"Ton regard !!" Elle avait tout compris...
"Raconte !!" Les larmes se sont libérées...
Je l'ai suivie...

Le parc, à deux pas de l'école, j'y avais droit, pour Théo, pour qu'il joue, qu'il se dépense, qu'il ne nous casse pas les couilles le soir (dixit la Brute).
Anne, elle s’appelle Anne. Et elle m'a vue venir !!
Théo est parti jouer avec Aude, sa fille. Et je lui ai avoué mes mois de douleur, de sévices, de femme bafouée, j'ai tout craché, comme ça, comme on déverse un gros tas d'ordures qui puent !!
Puis le silence, gênée...
Une éternité que je n'avais touché du doigt autant de douceur, des mois et des mois que je ne m'étais pas abandonnée, serrée par des bras bienveillants...
Elle s'est levée, m'a embrassé sur le front et chuchoté doucement :
" Relax, demain même heure, je ne te lâche plus !!"

Comme une puce !! j'ai passé la journée à sautiller, à virevolter dans tous les coins, ne pensant qu'au rendez vous de fin d'après midi. Heureusement que Nicolas n'était pas présent, il aurait à coup sûr soupçonné une entourloupe, je n'aurais pas échappé à la question ; et ce qui s'en suivait...

C'est Anne qui a parlé lors de la seconde rencontre. D'elle, des femmes qu'elles connaissait avec leur schéma similaire au mien, de l'égalité, de la dignité, du droit. Du Féminisme qui non, jamais ne serait un mot désuet et honteux. Simplement la justice, la liberté, la vie !!
Elle me secouait, me réveillait, m'ouvrait une fenêtre dont je n'arrivais pas à tourner la poignée, anesthésiée par cette violence quotidienne.

Quinze jours plus tard, sous couvert d'un rendez vous médical, dont il se foutait éperdument, j'assistais à ma première réunion avec la "collective" féministe dont Anne était partie prenante.
La claque !! Bonne cette fois...
Une vingtaine de femmes, de tous âges, de toutes conditions, certaines avec le même parcours que moi, d'autres non, mais toutes en guerre contre le patriarcat et son fonctionnement intolérable, unies contre les violences faites aux femmes. Et surtout, une écoute, et une aide.

Je ne suis pas restée longtemps dans la clandestinité conjugale. La puissance et la ténacité du groupe m'ont convaincue du seul chemin à emprunter, de la nécessité absolue de sauver ma peau...Partir !!
Et avec Théo, seul alibi à un renoncement fatal. Avec la peur, également.

Accueillie à bras ouverts, soutenue, galvanisée par des défilés et actions percutantes, entourée, portée à bout de bras lors des démarches indispensables. Alors, le nombre de copines aidant, Nicolas a vite abandonné l'idée de jouer les gros bras, contraint et forcé. Il s'est contenté de demeurer le bras cassé qu'il était depuis toujours !!
J'ai refais surface peu à peu, appris à respirer par moi même, préservé Théo, tentant de lui offrir la plus belle vie de famille monoparentale...

Un nouvel équilibre s'est installé, une sécurité reposante, un univers serein. Ou presque... Presque car Théo, à mon grand regret a, et aura toujours un père. Un père à qui le juge a accordé un weekend de garde chaque mois. Et chaque mois, l'angoisse de me retrouver seule face à lui. Entendre ses insultes, ses tentatives d'intimidation, soutenir son regard à la con, revivre mes journées carcérales.
A chaque fois, un moment douloureux....

Le fameux "Passage de bras" !!
Hors de question d'être seule...

Plus que cinq minutes avant l'heure de rendez vous, avant qu'il ne débarque dans son gros SUV.
Je serre Théo dans mes bras.

La voiture arrive en trombe au bout du parking.
La bonne vieille twingo rouge...C'est elle !!

"Oups, désolée, je suis en retard
- Juste à l'heure !!"

Je souris, détendue, calme, vivante.

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https://www.revenirasoimeme.fr/presence-et-accompagnement-pendant-le-passage-de-bras/

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