Une petite brise, un souffle léger...
Pas assez puissant pour contrarier toutes les petites bougies regroupées sur les gâteaux.
Juste une présence amicale pour atténuer l'ardeur estivale du soleil qui offre son maximum en cette journée tant attendue.
Une journée miraculeuse, tous les membres de la famille réunis, des petits, des grands, des vieux, d'ici et d'ailleurs, ensemble, sans écrans interposés, cette maigre consolation qui ne remplace pas l'étreinte tactile.
Tous mes amours, cette tablée soudée, solidaire, joyeuse, vivante.
Tous ces rires, ces cris de joie et d’excitation, conséquences d'un repas arrosé, de l'impatience d'ouvrir les cadeaux ou tout simplement d'être ensemble.
Une pause, une respiration, une trêve...
Le petit moment de bonheur intense à saisir, vite, avant qu'il ne reparte, avalé par le quotidien et les petites misères de chacun.
Un peu à l'écart, je savoure, j'emmagasine, j'imprime ce présent, ce petit trésor à conserver pour l'avenir, inconnu, incertain.
"Allez tout le monde !! Allez toi aussi, viens !!"
C'est le moment de souffler les bougies.
Je les regarde encore et encore...
Le ciel est gris, vide...
Et je pleure.
Je repose la photo dans la boite...
Le dernier cliché... Cinq secondes avant la déflagration...
Celui que j'ai pris, ne sachant pas qu'ils étaient tous déjà morts !!
Putain de souffle !!!
Putain de guerre !!!