Je ne peux pas. J'ai beau faire, beau dire, impossible de m'habituer, de vivre comme si je ne les voyais pas.
Ça a commencé il y a déjà quelques années. Pas mal d'années devrais je dire...Le temps passe vite et n'arrange rien à l'affaire.
Quand j'ai emménagé, la maison semblait saine, pas toute jeune certes, mais potentiellement améliorable.
Avec les colocs, on s'est dit qu'en s'y mettant à plusieurs, on parviendrait à en faire un lieu de vie agréable, un bel endroit où recevoir, partager. Inviter les voisins, s'entraider, éviter les querelles, optimiser les différences....
Donc, dépoussiérage, réaménagement de l'espace, peinture...Nous étions sur la bonne voie ! Les petites bêtes également...
Cependant, au tout début, rien de très inquiétant, elles ne faisaient que passer, deux ou trois par ci par là...
Le lieu ayant été abandonné quelques dizaines d'années, certaines s'étaient certainement cachées, et venaient profiter de la nouvelle déco de l'endroit.
Encore peu nombreuses et fugaces, nous nous contentions de les chasser en tapant du pied un peu fort, en claquant des mains avant de retourner à nos occupations. Certains n'y prêtaient aucune attention, d'autres suggéraient que si on ne faisait rien le phénomène risquait de s'amplifier. D'autant plus qu'au fil des mois, leur présence s'intensifiait.
Arriva le moment où il fallut se décider à agir. Plusieurs mesures paraissaient nécessaires :
-Demander à quelques uns de cesser de laisser trainer leurs poubelles et déchets en tous genre dans l'espace commun.
-Trouver les remèdes efficaces pour les supprimer dès qu'elles montraient un bout de pattes.
-Nettoyer immédiatement les traces nauséabondes que les bestioles déposaient, jusque sur les murs !!
De plus, nous constatâmes que cette prolifération ne se limitait pas à notre espace. C'était encore pire chez nos voisins les plus proches qui apparemment, s'étaient complètement laissés déborder par l'ampleur des nuisances.
Mais comme chez nous, nombreux s'en foutaient, d'aucuns en avaient peur, d'autre encore affirmaient ne même pas s'en être rendu compte !! Les pires étant ceux qui se réjouissaient de la pagaille provoquée, espérant le départ de certains, histoire d'obtenir plus de place...A tort je pense, car les petites bêtes se révélaient de plus en plus invasives et surtout, agressives.
Les mois passant, malgré des groupes dédiés à la lutte contre ce fléau, répandant des produits, effaçant sans relâche les salissures étalées dans tous les recoins, éveillant les consciences des inconscients, rien n'y fît....Le mal s'insinuait, grignotait le vivre ensemble tant souhaité par tout être humain normalement constitué.
Il fallait remonter à la source, trouver qui avait certainement percé ou agrandi les failles permettant cette nuée malfaisante. Et surtout découvrir ces passages mortifères. Nos actions quotidiennes bien que visibles en surface ne servaient à rien, tant le ver était déjà au cœur du fruit.
Il était vital de colmater, reboucher, blinder les interstices défaillants. Renforcer jusqu'aux fondations.
Bloquer à jamais, pour l'éternité, ces destructeurs d'humanité...
Et vite !!
Combien de temps avant que la maison ne s'écroule !!!