Comme les plus pauvres n’épargnent pas, par l’effet des dépenses induites, ces 80% iront aussi dans les poches des populations plus riches de chaque pays et contribueront à la création d’emplois.
L’accord de Paris pour le climat prévoit à plusieurs reprises que l’action climatique doit s’inscrire dans le contexte du développement durable et l’élimination de la pauvreté.
L’accord de Glasgow pour le climat de novembre 2021 précise dans son Article 52 que « les transitions justes doivent favoriser le développement durable, l’élimination de la pauvreté et la création d’emplois décents et de qualité ».
Comment traduire cela concrètement au niveau d’un pays ?
La loi française France et notamment l’Article L115-1 du code de l’action sociale et des familles indique que :
« la lutte contre la pauvreté et les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l’ensemble des politiques publiques de la nation »
Si on applique la loi, la politique climatique de la France (qui est une politique publique) doit aussi se fixer comme priorité l’élimination de la pauvreté.
Si l’on s’inspire du principe de Pareto4 qui fait le constat, à la fin du 19ème siècle, que 80% des richesses allaient aux 20% les plus riches, on pourrait très bien se dire que, pour une fois, il pourrait en être autrement pour les recettes de la fiscalité carbone ou des plans de relance. En France, en 2018, le patrimoine moyen net des 20 % des ménages les plus riches représentait plus de 65 % du patrimoine total des Français.
Il serait donc logique, au titre de la priorité qui doit être donnée à l’élimination de la pauvreté, de défendre que 80% des richesses générées par fiscalité carbone et les plans de relance aillent à 20% la population la plus pauvre. Ce serait une garantie que cette fiscalité n'accroît pas directement la richesse des plus riches et ne contribue pas à la spéculation. Les plus riches ont déjà les moyens de faire leur transition écologique et énergétique sans qu’ils soient aidés pour cela.
Comme expliqué en introduction, cet argent dépensé pour permettre aux plus pauvres d’assurer leurs transitions écologique et énergétique, et d’accéder à leurs droits, contribuera à améliorer leur qualité de vie. Ces dépenses iront aussi très rapidement dans les poches de personnes plus riches d’où le concept de ruissellement par le bas. Cela sera aussi une garantie pour le reste de la population de ne pas tomber dans la pauvreté.
Pour donner un premier exemple, investir massivement et prioritairement dans la rénovation thermique, la décarbonation des systèmes de chauffage des logements des plus pauvres, contribuera à la réduction de leurs consommations d’énergie et des émissions des gaz à effet de serre. Elle leur donnera accès à un logement plus confortable avec un reste à vivre plus important qui favorisera d'autre dépenses utiles telles que celles liées à l'alimentation. L’argent dépensé pour isoler le logement, améliorer la ventilation, changer le système de chauffage ira en même temps dans les poches d’artisans, d’entreprises spécialisées et contribuera à leur enrichissement. Les dépenses que les plus pauvres pourront consacrer à l’alimentation iront dans des commerces de proximité. Ils dépenseront moins en gaz ou en pétrole.
Si l’on prend maintenant la question de la mobilité, donner aux plus pauvres habitant en zones rurales la possibilité d’échanger une voiture thermique pour un véhicule électrique, ou développer des offres de mobilité durable adaptées aux ressources des ménages, réduira les frais d’énergie pour la mobilité et les émission de gaz à effet de serre. Cela fera vivre le droit à la mobilité durable et aura un impact positif pour l’accès à l’éducation, à la formation, à la santé, à l’emploi ou à la culture. Les vendeurs de véhicules décarbonés ou les opérateurs des nouveaux systèmes de mobilité profiteront de l’argent qui sera mobilisé pour cela.
Désimperméabiliser les sols, en priorité des quartiers pauvres en recréant des espaces verts ou nourriciers dans les villes, améliorera le confort thermique des quartiers, recréera du lien social, stockera du carbone, limitera les risques d’inondation, réduira le bruit et favorisera l’agriculture urbaine. Une partie de la population pourrait ainsi produire sa propre nourriture de qualité. L’argent dépensé pour cela enrichira aussi des entreprises chargées des espaces verts et des travaux publics.
La fiscalité carbone et les plans de relances sont en capacité de dégager annuellement des dizaines de milliards d’euros de recettes complémentaires qui peuvent non seulement contribuer à des politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique mais aussi contribuer à l’élimination de la pauvreté en France et dans le monde.
Mener des politiques actives de lutte contre la précarité énergétique, la non-mobilité contrainte et la dégradation du cadre de vie, en direction des 20 % les plus pauvres, permettra d’améliorer leur qualité de vie et d’accéder à leurs droits. Elles créeront massivement des emplois qui devront être décents et de qualité et favoriseront le développement d'entreprises innovantes qui portent des valeurs humanistes.
Cela suscitera du désir d’accélérer les transitions écologiques et énergétiques.

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