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Billet de blog 25 mars 2009

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Pourquoi les économistes ne peuvent pas sauver l'économie!

En 1931, le mathématicien Kurt Gödel publie son célèbre théorème d'incomplétude qui prouve que dans tout système axiomatique assez puissant pour décrire les nombres naturels, on peut affirmer que : 1. Il ne peut être à la fois cohérent et complet (ce qui est le théorème connu sous le nom de Théorème d'incomplétude.) 2. Si le système est cohérent, alors la cohérence des axiomes ne peut pas être prouvée au sein même du système.(cf wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Kurt_Gödel pour en savoir plus).

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En 1931, le mathématicien Kurt Gödel publie son célèbre théorème d'incomplétude qui prouve que dans tout système axiomatique assez puissant pour décrire les nombres naturels, on peut affirmer que :
1. Il ne peut être à la fois cohérent et complet (ce qui est le théorème connu sous le nom de Théorème d'incomplétude.)
2. Si le système est cohérent, alors la cohérence des axiomes ne peut pas être prouvée au sein même du système.

(cf wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Kurt_Gödel pour en savoir plus).

Appliqué à l'économie, ce théorème pourrait être reformulé de la façon suivante:
1. Une théorie économique ne peut être à la fois cohérente et complète.
2. Si une théorie économique est cohérente (c'est à dire si elle ne se contredit pas elle même à partir de ses postulats de base: ses axiomes), alors cette théorie ne peut être prouvée en son propre sein.
Les mathématiques (et surtout les mathématiciens) n'ont pas fini de « digérer » les conséquences du théorème d'incomplétude qui a bouleversé l'univers des mathématiques avec autant de force que la physique quantique. Celle-ci, qui date également du début du 20ème siècle, a également bouleversé la physique classique en formulant que l'on ne peut connaître avec précision à la fois la position d'une particule et sa vitesse et que, de plus, le fait même d'effectuer une observation perturbait inéluctablement la mesure (que fait-on lorsque l'on publie un sondage ?).
On ne peut pas reprocher aux banques centrales d'utiliser les moyens « limités » (c'est à dire monétaires) qui sont les leurs. Par contre, les gouvernements qui sont chez nous démocratiquement élus, sont sensés représenter les citoyens de leur pays – des êtres humains – et non « l'économie » qui n'est qu'une théorie (soit incomplète soit incohérente comme on vient de le voir ci-dessus).


« L'obsession économique » semble être la seule religion des gouvernants, leur mantra suprême. Pourtant cette crise n'est peut-être pas qu'économique, au sens où la théorie de l'économie voudrait la cantonner. Ce qu'on appelle économie n'est qu'une description plus ou moins théorisée de comportements et d'actes humains que l'on a modélisé comme on le pouvait. On n'est d'ailleurs plus ici dans le champ des mathématiques pures, et la psychologie individuelle joue ici un rôle plus qu'important.


Dire que des « mesures économiques » peuvent sauver l'économie de son propre désastre revient à croire (à espérer ?) que le théorème de Gödel est faux, et que « l'économie » peut être sauvée d'elle même par elle-même, sans aucun secours extérieur.
L'histoire du 20ème siècle nous a appris que la crise économique de 1929 ne s'est pas résolue à l'aide des seules mesures économiques, mais bien par un événement «externe » que l'on aimerait bien ne pas voir se reproduire: la seconde guerre mondiale (pour mémoire, je rappelle que le cours du Dow Jones n'a retrouvé sa valeur de 1929 précédant la crise qu'en 1954).


Le défi de la crise actuelle, que je me garderai bien de restreindre au seul champ « économique », appelle une réflexion plus globale et des actions plus vastes que celles consistant à appliquer des recettes au petit bonheur, sans vouloir modifier d'un iota les fondements du système.


On peut comprendre que les puissants veuillent garder leur puissance, que les riches veuillent garder leur richesse: chacun est le puissant d'un autre, chacun est le riche d'un autre, et nous tous croyons que nous avons beaucoup à perdre dans tout changement. Chacun, quelque soit son niveau de richesse ou de pouvoir, se cramponne à ses « avantages acquis » et lutte férocement pour ne rien perdre. L'idée de tout changement devient alors anxiogène,et chacun de se barricader dans l'illusoire sécurité de son « pré carré ».


Pourtant ne rien changer sur le fond, comme semble être la voie suivie par la majorité des économistes, par la majorité des gouvernants et par la majorité des citoyens (nous-même), n'apportera probablement pas la réponse au problème qui nous est posé. Quels que soient les milliards injectés , ils ne pourront pas plus sauver l' économie du désastre qu'un être humain ne peut se sauver lui-même de la noyade en agitant frénétiquement les bras encore et encore.
Il nous faut chausser d'autres lunettes et voir « autrement »: la foire aux nouveaux paradigmes est ouverte.

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