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Billet de blog 27 mai 2009

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André Gorz, un penseur pour le XXIème siècle

Je ne connaissais pas André Gorz, probablement trop jeune pour en avoir entendu parler, jusqu'à ce qu'un ami me prête le livre qui vient de paraître sur ce "philosophe de l'économie" récemment disparu.

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Je ne connaissais pas André Gorz, probablement trop jeune pour en avoir entendu parler, jusqu'à ce qu'un ami me prête le livre qui vient de paraître sur ce "philosophe de l'économie" récemment disparu.

Je ne résiste pas à citer quelques extraits choisis trouvés dans ce livre pour vous mettre l'eau à la bouche:

"Nous naissons à nous-mêmes comme sujets, c'est à dire comme des êtres irréductibles à ce que les autres et la société nous demandent et permettent d'être. L'éducation, la socialisation, l'instruction, l'intégration nous apprendrons à être Autres parmi les Autres, à renier cette part non socialisable qu'est l'exprérience d'être sujet, à canaliser nos vies et nos désirs dans des parcours balisés, à nous confondre avec les rôles et les fonctions que la mégamachine sociale nous demande de remplir. Ce sont ces rôles et ces fonctions qui définissent notre identité d'Autre. Ils excèdent ce que chacun de nous peut être par lui-même. Ils nous dispensent ou même interdisent d'exister par nous-mêmes, de nous poser des questions sur le sens de nos actes et de les assumer. Ce n'est pas le "je" qui agis, c'est la logique autonomisée des agencements sociaux qui agit à travers moi en tant qu'Autre, me fait concourir à la production et reproduction de la mégamachine sociale. C'est elle le véritable sujet. Sa domination s'exerce sur les membres des couches dominantes aussi bien que sur les dominés. Les dominants ne dominent que pour autant qu'ils la servent en loyaux fonctionnaires".

Voilà qui me semble renvoyer dos à dos bien des programmes politiques qui ne savent pas sortir du manichéisme.

Une autre citation me semble être d'une lucidité propre à ouvrir de nouveaux chemins de réflexion:

"Travail et capital sont fondamentalement complices par leur antagonisme pour autant que "gagner de l'argent" est leur but déterminant (...). C'est pourquoi le mouvement ouvrier et le syndicalisme ne sont anticapitalistes que pour autant qu'ils mettent en question non seulement le niveau des salaires et les conditions de travail, mais les finalités de la production, la forme marchandise qui la réalise".

Et pour finir (si vous voulez en savoir plus, vous n'avez plus qu'à acheter le livre):

"Tous nos besoins et désirs sont des besoins et désirs de marchandise, donc des besoins d'argent. Nous produisons de la richesse en argent, lequel est par essence abstrait et sans limites, et donc le désir, par conséquent, est lui aussi sans limites. L'idée du suffisant - l'idée d'une limite au-delà de laquelle nous produisons ou achèterions trop, c'est-à-dire plus qu'il ne nous en faut - n'appartient pas à l'économie."

En cette période de campagne électorale, nous ferions bien tous de méditer les réfléxions d'André Gorz car si, comme il le pensait, la sortie du capitalisme est inéluctable, il nous reste un choix entre une sortie "civilisée" ou bien "barbare".

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