Trois principes fondamentaux du droit international ont volé en éclats au profit du seul rapport de force :
- Non recours unilatéral à la guerre
- Principe de non-ingérence
- Droit international humanitaire (civils, crimes contre l’humanité, empêchement de l’aide humanitaire)
Ces principes sont violés par les acteurs de ces guerres ( Russie , Israël , EU ), mais , en particulier dans le cas d’Israël de nombreux pays se taisent , restent modérés dans leurs réactions ou tardent à réagir ( il a fallu qu’Israël aille de + en + loin dans la perpétuation d’un génocide avéré pour que de nombreux pays (dont la France) posent des réserves essentiellement verbales.
Les derniers développements de la frénésie guerrière d’Israël en Iran sont particulièrement révélateurs.
- Israël bombarde l’Iran unilatéralement (l’iran réplique) au nom de la « légitime défense » , Les EU bombardent L’IRAN le 19 juin .
- Guerre dite « préventive » (cf EU/IRAK 2003) au nom de la survie existentielle d’Israël
- Ingérence dans la souveraineté intérieure
On est rentré encore dans une nouvelle phase de négation du droit international
Pas d’ambiguïté : le régime iranien est exécrable et je souhaite que l’Iran ne rejoigne jamais le club des détenteurs de l’arme atomique,
Mais :
- Un Etat qui détient la force nucléaire (Israël) entre en guerre pour détruire une future arme nucléaire de l’Iran (danger non imminent selon l’AIEA ) . Si on ne peut souhaiter que l’Iran rejoigne un jour les détenteurs de l’arme nucléaire, qui peut garantir qu’Israel qui depuis bientôt 2 ans mène un génocide à gaza , colonise avec une violence extrême la Cisjordanie au mépris des résolutions de l’ONU , n’est pas susceptible d’utiliser l’arme nucléaire un jour au nom « d’un danger existentiel » ?
- Un autre Etat nucléaire , les EU bombarde l’Iran depuis dimanche sur ce même motif alors qu’il était engagé dans un « échange diplomatique » avec l’Iran . Un jour les EU sont dans la diplomatie, Israël engage la guerre, et les EU au lieu de dénoncer israël accompagnent la guerre.
- Que font les autres Etats ? Ils ne parlent pas de violation du droit international, au mieux ils appellent à la « retenue » à la « diplomatie » et ils ont soin de préciser qu’ils comprennent Israël , car c’est pour Israel « existentiel ».
- Conséquence collatérale mais pas la moindre , le génocide à Gaza se poursuit dans un silence médiatique assourdissant . Netanyahou coche toutes les cases !
Un recours au droit international à géométrie variable
- Quand la Russie a envahi l’Ukraine l’Europe (dont la France ) a invoqué la violation du droit international , le droit humanitaire , et pris immédiatement les sanctions les plus lourdes ;
- Quand israël viole de manière répétée ce même droit international , mène une action génocidaire à Gaza, envahit le Liban, bombarde l’Iran , ces mêmes pays pèsent leurs mots ils « regrettent » « appellent à » et ne prennent aucune sanction tout en continuant pour certains à armer Israel.
Cela risque de n’être que le début
Dans ce contexte de naufrage du droit international on peut s’attendre à ce que le rapport de force (re)devienne le maitre mot des relations internationales
- Ce qui se passe actuellement ne peut que servir de référence pour la suite puisque ça fonctionne pour ceux qui se moquent du droit international
- C’est la démonstration que la seule boussole c’est la puissance militaire qui permet d’être dans le club des « winners »
- C’est la porte ouverte à l’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat , si un régime ne plait pas à ceux qui détiennent la puissance militaire il sera bombardé, ses dirigeants éliminés par drone , alors que c’est aux peuples de se libérer des gouvernements qui les oppriment.
- Puisque c’est la force qui remplacera le droit, on peut s’attendre à ce que les décisions pour relancer l’armement en Europe et dans le monde entier se multiplient. L’industrie de l’armement a de beaux jours devant elle.
Bref, on a déjà un avenir impacté par le changement climatique (devenu un non-sujet et aggravé par les rejets stratosphériques des bombardements) , la montée des extrêmes droites,
Bienvenue dans un monde où le droit du plus fort n’a plus de limites !
Pour être optimiste on peut espérer que la société civile se rebellera à un moment massivement, mais ça risque de mettre du temps.