Histoire d’arbres, histoire loin d’être anodine, histoire ordinaire (?) d'une ville UMP… Ou comment le Sénateur Maire UMP de Nîmes sort l'artillerie lourde contre des citoyens nîmois !
Tout le monde ne le sait pas encore mais la municipalité de Nîmes est une fervente adepte de la minéralisation du centre ville (je développerai plus loin quelques hypothèses) et d’un transport en commun polluant le plus cher au kilomètre, appelé Transport en Commun en Site Propre (T.C.S.P), cadeau (empoisonné ?) du Grenelle. Pour compléter le tableau, le Sénateur Maire et sa fine équipe affichent également de sérieux penchants sécuritaires[1].
Qu’est-ce que cela peut donner concrètement ?
Voici un petit épisode pour vous décrire la belle ambiance qui règne dans cette magnifique ville où tout est fait pour attirer le touriste et tenir à l’écart ses citoyens, surtout celles et ceux qui souhaitent exercer un regard citoyen sur une gestion de la ville qui se révèle actuellement catastrophique. Enfin ça dépend pour qui… Si on est promoteur immobilier, un grand cabinet d’étude d’aménagement urbain et « paysager » ou une grande entreprise de BTP, alors Nîmes c’est le paradis, je dirai même plus c’est le « Jackpot » !
Nîmes ville au chantier permanent. En bruitage, on pourrait mettre celui d’un tiroir caisse !
Je fais partie d’une association nîmoise qui se bat pour le bien être et le respect de l’environnement[2], laquelle a été prévenue que les arbres d’une grande avenue nîmoise seraient abattus le vendredi 13 avril à 5h du matin avec présence policière.
« Présence policière », quel euphémisme ! Nous étions loin de nous douter de « l’effort » déployé à cette occasion…(pour les photos aller sur le blog de l'asso!)
Le 13 avril, nous nous retrouvons sur place, une quinzaine de citoyens, à partir de 4h30 du matin, face à un dispositif policier impressionnant. L’avenue en question et les rues adjacentes sont bloquées par des doubles barrières de sécurité. A chaque rue est posté au moins un gendarme. Six cars de gendarmes mobiles sont dénombrés, certains viennent d’Orange. Sans compter la police municipale, policiers et véhicules en alerte depuis 3h00 du matin, ainsi que le chef de la police sur le pied de guerre.
Les riverains et travailleurs de ce périmètre bouclé doivent montrer patte blanche avant de passer les différentes barrières et sont ensuite escortés par un policier dans la zone hautement sensible. Tout cela dans la pénombre où s’apprêtent les ouvriers. Avant que les abattages ne commencent, des citoyens tentent de négocier qu’une personne dûment encadrée puisse pénétrer dans la zone interdite pour prendre des photos et ainsi obtenir ce droit de regard de dernière minute sur l’état réel des arbres[3]. Le chef de la police n’accède pas à cette ultime requête.
A partir de 6h00 du matin, l’opération commence. Un bras mécanique saisit le sommet du tronc, pendant que la base est tronçonnée. En trois heures, les machines exécutent ainsi à la chaîne 18 arbres.
Certains riverains, bloqués chez eux, assistent impuissants à l’abattage après des mois d’interventions citoyennes[4]. Les journalistes se voient eux aussi escortés par les gendarmes pour se rendre sur le chantier.
Il faut attendre la fin de l’abattage et le départ des gendarmes pour accéder à l’avenue.
Près des arbres coupés, nous constatons que la plupart d'entre eux ne présentent aucune trace de maladie sur les sections réalisées. Les ouvriers avec lesquels nous nous entretenons nous confirment que beaucoup d’arbres coupés étaient parfaitement sains. La maladie a sans doute été un prétexte. Cela expliquerait le refus du Maire d’accéder à une demande de contrexpertise[5].
La méfiance des Nîmois(es) est légitime. Il est important de rappeler qu’en juillet 2012, la mairie de Nîmes a été condamnée pour avoir abattu illégalement des arbres protégés du Secteur Sauvegardé nîmois et pour avoir autorisé un permis d’aménager illégal[6].
Actuellement, nous nous retrouvons face à un Sénateur-Maire flanqué de son équipe, qui refuse tout débat démocratique sur la gestion de la ville. Les mots « concertation », « démocratie » ne font pas partie de son vocabulaire. Il n’y a qu’à voir dans quelles conditions se déroulent les conseils municipaux (sans même nommer les conseils d’agglomération Nîmes Métropole dont il est le Président –cumul quand tu nous tiens…).
Nîmes, ville aux emprunts toxiques[7], avec des impôts locaux qui battent des records…
Nîmes triste ville qui délaisse ses quartiers populaires périphériques, « coupés » symboliquement du centre…
Nîmes, ville sécuritaire, qui modifie ainsi son urbanisme, et laisse place à des espaces minéralisés ; lesquels guident nos pas dans la ville et ne recèlent plus le moindre recoin à l’abri du regard des caméras vidéo surveillance que l’on peut installer sans peine une fois les arbres abattus…
Nîmes, ville spectacle pour les touristes et autres « férus » d’histoires édulcorées, en mal de romanité avec comme acteur principal l’entreprise Culture Espace, qui tisse progressivement sa toile sur les monuments historiques français, à renfort de grandes reconstitutions historiques[8] auxquelles le « consom’acteur » peut prendre part pour de vrai…Lesquels accepteront de jouer les jeunes garçons ?
Question subsidiaire : Le Sénateur Maire de Nîmes a la chance de s’être vu affublé d’un surnom dans les couloirs du Sénat. Quel peut bien être ce surnom ? Nous comptons sur vous pour le découvrir !
[1] Pour une ville de 150 000 habitants environ, la ville de Nîmes compte à son actif, un Centre de Rétention Administrative, un Centre Educatif Fermé pour jeunes délinquants, une importante école de police, et un parc de caméras vidéo surveillance très fourni et un député (également élu municipal) à qui le Président a confié une mission sur le traitement de la délinquance des Mineurs.
[2] A.R.B.R.E.S – Gardiens de l’ombre : http://www.gardiensdelombre.com/
[3] Droit refusé depuis le début puisque la demande de contrexpertise sur l’état phytosanitaire des arbres avait été rejetée par le Maire
[4] Tenue de permanences dans la rue par un collectif, requêtes auprès du Sénateur Maire et de son équipe, pétition de 1400 signatures déposée en préfecture, envois de lettres personnelles en mairie…
[5] Contrexpertise indépendante demandée et financée par des collectifs Nîmois, laquelle aurait permis un contrôle citoyen et aurait obligé le Maire à dire la vérité sur le motif réel de ces abattages
[6] http://www.gardiensdelombre.com/wp-content/uploads/2011/07/jugement-PAI.pdf
[7] http://labs.liberation.fr/maps/carte-emprunts-toxiques/
[8] http://arenes-nimes.com/sites/nimes/files/editeur/pdf/programme_animations_ville.pdf