Paris 2024, c'est d'abord une clameur qui monte progressivement, comme une Ola débute dans un stade. C'est Paris qui se vide des désintéressés ou dubitatifs, Paris qui s'emplit d'étrangers excités, de bénévoles surmotivés. Ce sont des tribunes qui poussent sur les ponts, des rues fermées par des grilles à travers lesquelles les passants ne peuvent s'empêcher de regarder, tentant d'entrevoir le rêve qui s'ouvrira bientôt à eux. Ce sont les sourires qui se dessinent sur des visages d'ordinaire plus moroses, parce que ça y est, c'est maintenant, c'est ici, c'est réel. C'est la flamme, qu'on entend arriver sous l'acclamation du public, qu'on attend comme un proche qui nous a manqué 100 ans.
Le silence se fait dans toute la ville. Tandis que certains s'installent dans leur canapé, d'autres retiennent leur souffle sur les quais en tentant de réaliser le moment historique qu'il leur est donné de vivre. Et puis elle est là, enfin, la flamme olympique et avec elle la magie du sport qui explose tout à coup au milieu de nous. Derrière elle les délégations se succèdent, acclamées par les supporters dont les yeux brillent des lueurs d'espoirs de médailles. Les trombes d'eaux qui se déversent sur nous n'entachent pas le spectacle ; athlètes, artistes et spectateurs n'en ont que faire, tels deux amoureux d'un film romantique trop pressés de s'embrasser pour s'abriter de la pluie. C'est l'Olympisme qui embrasse Paris, et avec elle chaque âme capable de comprendre ce que représentent les Jeux. Nul ne tentera de faire tomber le sourire de son voisin, de l'empêcher de regarder, de profiter, quelles que soient ses origines, ses opinions, sa religion, son orientation. Nous ne sommes pour un temps que des enfants dans une bulle enchantée, vibrant à l'unisson dans cette ville plus vivante que jamais. La torche atteint finalement, dans ce qui semble être un moment d'appothéose, le chaudron. Il s'élèvera chaque soir dans le ciel comme pour veiller sur celle qu'on appelle la ville lumière et qui n'aura jamais tant brillé que par sa flamme.
Paris 2024, ce sont des matins qui se succèdent dont le réveil au son des deux tons n'est plus un calvaire, mais le rappel du privilège de ce moment d'exception. Ce sont des rames de métro emplies des couleurs des nations qui se font la guerre de la meilleure des manières. Ce sont des foules qui affluent vers les stades et monuments historiques auxquelles se mêlent dans un mélange anachronique les infrastructures olympiques. Ce sont les cris des supporters qui s'élèvent partout dans la ville, dans les bars, les parcs, les salons, à chaque point remporté par notre délégation tricolore.
Plus que lors de n'importe quelle célébration, plus que le 14 juillet, plus que jamais, Paris est une fête, et la flamme olympique qui s'est allumée en chacun de nous n'en finira jamais de brûler.