Camille de Vitry

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Billet de blog 21 novembre 2010

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"l'or nègre" chapitre 4 - questions - et 5 - Kayes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Questions

Depuis ce 23 août 1996 les années passent obstinément.

Je fouille de films cette question : qui sont ces Sans-Papiers ? D’où viennent-ils ? Pourquoi viennent-ils ? Les nombreux médias présents ont réussi l’exploit de couvrir le sujet quotidiennement pendant un mois, sans jamais aborder le fond du problème - on eût pu croire que ces Sans-papiers étaient une génération spontanée née dans une église…

Quel problème ?

La survie dans le chaos du Sahel…

Ceux de St Bernard viennent majoritairement du Mali, de la région de Kayes ; là-bas au bord du désert du Sahara. Là où il n’y a rien, que les dunes qui avancent et le soleil qui brûle les maigres récoltes, les mauvaises années.

Les migrants cotisent, s’entraident, soutiennent leurs familles. Leur village d'origine se développe de fait : un puits, une école, une ligne électrique…

Je réalise un documentaire, “parti les mains vides” ; j’en écris un autre.

Au cours d’une diffusion de “parti” à Nanterre, pour la première fois je rencontre François-Xavier Verschave – venu humblement avec quelques livres présenter son association Survie. Laquelle dénonce sans relâche les mécanismes de prédation installés par la France, et exécutés par des valets africains grassement payés. Le système se nomme : Françafrique. Son but est de maintenir l’asservissement de l’Afrique après les “indépendances” desannées 1960.

J’en ignorais tout jusqu’alors.

J’y entrevois quelques réponses aux questions qui me taraudent.

L’association Survie sera désormais l’une de mes bases d’information.

Et François, un interlocuteur privilégié.

  1. Kayes

Au Malien février 2002, je tourne “Hakiré do Djiké” - “la Mémoire et l’Espoir” en dialecte sooninké. J’attends le container de matériel médical que je suivrai jusqu’à Bendougou, au nord-est de Kayes. Je veux aller dans ce village des Baradji, y palper la mémoire des vieux, y capter les pépites d’espoir…

Le container est bloqué à Dakar ; formalités administratives.

À Kayes poisseuse de crasse dans la torpeur montante jour après jour j’attends. Chez le transporteur SDV – Société Delmas Vieljeux, filiale du groupe Bolloré -, rivée au fax je guette le bon deconnaissement qui doit libérer le container. Un Baradji m’escorte en permanence : il est chargé de la livraison du matériel au village.

Arrive la fête de Tabaski - la fête du Sacrifice ! Le pays entier s’arrête de fonctionner ! Chacun rejoint les siens pour tuer le mouton - qu’Allah fit apparaître dans l’Ancien Testament pour épargner le fils d’Abraham. Dieu refuse le sacrifice du fils del’Homme en Son nom.

Fête !

Le Sooninké Baradji qui m’accompagnait remonte à Bendougou dans sa famille. Je reste seule.

Le 20 février au matin, je saute dans un camion qui descend à Sadiola - à 75km au sud de Kayes.

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