
Agrandissement : Illustration 1

Je pourrais répondre d’emblée : Je ne suis pas socialiste. Nuançons : j’aurais été socialiste au temps de Jaurès, mais certainement pas aujourd’hui. Vous me répondrez peut-être que c’est à cause de cela qu’il y a des socialistes “frondeurs”, qu’il y a la gauche de la gauche, pour revenir aux sources, pour que les actes politiques soient réellement pétris de justice sociale. Le problème principal à mon sens, dont nous reparlerons dans un exposé détaillé, c’est que, ni les uns ni les autres ne veulent changer de paradigmes, et veulent faire du neuf avec du vieux. Je m’explique. Prenons les plus hardis d’entre eux. Gérard Filoche, par exemple, est le seul qui proposait à la fois : de donner un sérieux coup de pouce au smic, de rétablir une plus grande justice devant l’impôt, de s’attaquer aux niches fiscales : Qui sait aujourd’hui que les sociétés du CAC 40 paient 8 % d’impôts en moyenne ? que 10 % les plus riches possèdent plus de 45 % de la totalité du patrimoine national ? que dans ce pays très riche, en 2011, on aurait pu distribuer 33000 euros par personne en divisant équitablement les richesses produites ? Il ne s’agit pas de dire qu’une telle chose devrait être réalisée, bien sûr, mais de donner une idée concrète de la profonde inégalité sociale de ce pays.
Mais Filoche a été écarté. Pas assez de parrainages. Pas assez de soutien.
La prétendue gauche ne soutient plus les valeurs de la gauche depuis belle lurette. Au pire elle soutient la droite, de Hollande à Macron, en passant par Valls, au mieux elle prévoit des réformes qui, de Montebourg à Hamon, s’inscrivent encore dans un ordre ancien qui ne permettra pas à ces vœux pieux de changer profondément et durablement l’iniquité sociale.
Il y a de quoi être très inquiet. Depuis des décennies, le socialisme devenu sociale-démocratie ne remet plus en cause les fondements de l’ultralibéralisme, du capitalisme sauvage : imaginez qu’un Strauss-Kahn, avant son bannissement était à la fois le chouchou d’une grande majorité de gens de gauche et d’une partie de la droite. Il aurait pu devenir ce président de cette gauche qui s’assied au forum de Davos avec un frisson de plaisir.
Demeure-t-il un peuple de gauche ?
Quand Le Front de Gauche obtient aux présidentielles de 2012 à peine 11, 1 % des suffrages et le NPA.... 1,15 % !!!
"La France doit se réformer... Le pays est exsangue... Les caisses sont vides... Il faut être réaliste... Il faut faire entrer notre nation dans le XXIe siècle... Il y a les réalistes et les utopiques... Il n’ y a qu’une solution pour ramener la croissance...Il faut davantage de flexibilité.. La France est un pays à la traîne.. Les Français ont peur des réformes.... " Tous ces refrains, toutes ces petites musiques susurrées à l’oreille de nos concitoyens à longueur de temps, sur les chaînes de télévision, à la radio, dans les journaux, sont comme autant de messages subliminaux qui réclament inlassablement aux cerveaux de lâcher prise, qu’il n’y a pas trente-six solutions, que le bonheur est une chose mais que la réalité du monde, du marché en est une autre, qui veut se défaire de ses derniers liens pour le libérer de toutes ces pesanteurs, toutes ces contraintes qui empêche l'économie de s'épanouir et d'apporter à tous ses bienfaits. Libérons donc encore plus les marchés, libérons les patrons de toute contrainte, adaptons-nous que diable, et vous verrez, la France connaîtra un nouveau printemps.
Nous pourrions nous satisfaire de ces explications pour pointer du doigt les fautifs de cette apathie politique qui s'empare de ces millions de gens au moment du vote; l'unique voie démocratique d'une refondation sociale. La droite, La gauche socio-démocrate. L'oligarchie économique et financière. Les médias. C'est bien plus facile que de demander à tous ceux qui vous lisent ou vous écoutent : Réveillez-vous ! Pourquoi livrez-vous en masse vos destins politiques depuis des années à des hommes qui se moquent comme d'une guigne du bien-être de ses concitoyens mais ne pensent qu'à protéger celui des plus nantis ? Quand on critique le système capitaliste, ou au moins le système néo-libéral, on pointe presque toujours du doigt les fauteurs de trouble, ceux qui provoquent et entretiennent ce marasme économique et social. On se doit de le faire, c'est évident. Mais ne doit-on pas aussi pointer du doigt leurs complices, même intentionnels ? Bien entendu, ce ne serait pas, comme dans le cas précédent, pour une mise en accusation, mais pour les enjoindre de se réveiller, de se débarrasser de leurs œillères
de leur crier qu'ils se mutilent, qu'ils se flagellent depuis des années sans le savoir, qu'une autre société est tout à fait possible s'ils la désirent et surtout, s'ils cherchent à la gagner de toute leur force. Je n'ai jamais entendu des appels de cette sorte de la part de Mélenchon, de Poutou, ou d'autres leaders de partis de gauche radicale. Je pense qu'ils seraient nécessaires et salutaires.
02/02/17