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Billet de blog 5 février 2012

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LE GRAND DOSSIER DE L'ULTRALIBERALISME, II, Les changes flottants

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Le grand tournant néolibéral  ou néocapitaliste : Les changes flottants.


Nous avons évoqué, dans le chapitre d'introduction de la dette, les premiers jalons de la transformation radicale du capitalisme au début des années 70. Nous allons continuer de montrer de quelle manière nos gouvernements ont progressivement et sciemment permis aux "banksters" d'amputer l'Etat, donc la société civile toute entière, de ses moyens d'agir sur l'économie. Le 19 mars 1973, le « Groupe des Dix », les dix pays les plus industrialisés de la planète changent de SMI (Système Monétaire International). Ils abandonnent les taux de change fixes de leurs monnaies par rapport au dollar pour des changes flottants, décision entérinée par les accords de la Jamaïque le 8 janvier 1976. Cette idée n'était pas neuve. C'est Jacques de la Rosière lui-même qui le rappelle : "Il faut souligner ici que c'est Claude Pierre-Brossolette qui avait, dans une note du Trésor, dès 1967, prévu et conceptualisé la problématique des taux de change flottants".(Intervention de M. Jacques de Larosière au colloque consacré à la politique internationale du Président Giscard d’Estaing le lundi 26 janvier 2004 au Sénat). Faut-il rappeler que C.P Brossolette deviendra président du Crédit lyonnais de 1976 à 1982 et présida la Banque Stern plusieurs années durant ? Encore une fois ce sont des banquiers en puissance ou confirmés qui peaufinent les outils économiques des Etats, des outils bien utiles à la classe possédante mais qui s'avèreront de plus en plus dangereux pour la grande majorité des citoyens.

En effet, puisqu'il n'y a plus de contrepartie métallique à l'émission de la monnaie, les spéculateurs de tout poil peuvent commencer à inventer toutes sortes de jeux rémunérateurs autour des taux de change des monnaies, ce sont les fameux produits financiers dérivés, dont les dégâts sont aujourd'hui bien connus et n'ont pas fini de nous empoisonner, nous le verrons. "L’ennui des changes flottants, c’est qu’ils flottent. Ils ne sont pas équilibrants mais déséquilibrants, un peu comme une passerelle en caoutchouc. Les amplitudes sont très fortes. L’avantage pour les Etats-Unis est qu’ils commercent dans leur propre monnaie. L’instabilité des changes ne les touchent pas en apparence directement : un dollar est toujours un dollar. Ils laissent donc filer tous les déficits sans trop se préoccuper du reste du monde. On appellera cette politique : le Benign neglect.


Les inondations monétaires entrainent les inondations de crédits et des décalages de plus en plus forts entre les mouvements financiers et l’économie réelle avec de brusques retours à la réalité. La crise de 1974 est très dure ; la plus dure depuis la guerre. Le dollar ne vaut plus que 3.75 F au lieu des 5-6 habituels. Les pétroliers voient leurs recettes chuter. Ils réagissent violemment. Ce sera la hausse massive des prix du pétrole avec ses conséquences.


Pour sortir de la crise de 74 les gouvernements ouvrent partout les vannes du crédit et inondent un peu plus la planète. Ce sera la « stagflation » ! Jusqu’à ce que les gouvernements autres que les Etats-Unis s’aperçoivent qu’en changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas. Elles provoquent aussitôt le désordre sur le marché des changes et l’attaque des monnaies « faibles ». Toutes les tentatives de stabilisation des monnaies échouent. On se rappelle des difficultés de M. Giscard d’Estaing avec son « serpent monétaire ». Les gouvernements ont perdu la main sur leur conjoncture.


Les changes flottants vont provoquer une série continue de crises monétaires : crises des crédits aux pays d’Afrique dans les années 70 ; pendant les années 80 : crise des junks bonds ; crises monétaires au Mexique et dans divers autres pays émergents ; crise des programmes informatiques boursiers de 87 et 89 ; Puis : crise générale de 91-93 ; crise dite des pays émergents en 98 avec les faillites de Baring et plus tard Enron ; crise des NTIC au début des années 2000 et crise actuelle des subprimes.

Pendant trente ans le Dollar fait le yoyo avec des variations du simple au double de sa valeur contre les principales monnaies et perd 97% de sa valeur en or !
Inutile de chercher ailleurs la source de l’instabilité financière générale qui a pesé sur la croissance des trente dernières années.
"

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

extrait de : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/10/4/Les-changes-flottants-et-la-crise-mondiale-actuelle-- une-question-fondamentale-
Le prix Nobel d'Economie Robert Mundell (1999), d'obédience keynésienne, a écrit un article en 2005 pour fustiger les changes flottants : « Il y démontre : - Qu'il n'y a jamais eu de stabilité des changes au contraire une dramatique volatilité.
- Qu'il n'y a pas eu non plus de convergence des taux d'intérêt.
- Que les réserves ont fortement augmenté. Voir la confirmation par Maurice Obstfeld (http://emlab.berkeley.edu/~obstfeld/OSTreserves.pdf) : "depuis la fin de l'ère Bretton Woods, le niveau des réserves globales est passé de 2% du PIB global à 6% en 1999". Ce taux a encore augmenté avec l'accroissement massif des réserves chinoise entre 1999 et 2008.
- Que c'est la spéculation qui s'est installée avec de nombreuses attaques erratiques contre les monnaies.
- Que les chocs n'ont pas été atténués mais aggravés par les changes flottants
- Que les changes flottants provoquaient une instabilité financière endogène
- Que l'indépendance des politiques monétaires n'était utile que si le monde était dans le désordre mais que cela n'était pas un objectif en soi, au contraire.
Il observe les très nombreuses crises monétaires et financières qui se sont succédé depuis 1971 et craint des épisodes encore plus graves; La contestation de Maurice Allais est plus radicale encore. Dans un livre majeur, La Crise mondiale aujourd'hui (Clément Juglar, 1999), il observe que les changes flottants créent les conditions d'un désordre généralisé, qu'ils accroissent les risques sur chaque opération commerciale ou financière internationale, et qu'ils ne peuvent déboucher que sur une crise mondiale de type 1929. "Ce qui doit arriver arrive !", annonce-t-il

extraits de : http://encyclo.voila.fr/wiki/Changes_flottants


Rappelons que Maurice Allais, prix Nobel d'Economie en 1988, est loin d'être un gauchiste. Il participa à la création de la Société du Mont Pèlerin le 10 juin 1947, en Suisse, dans le canton de Vaud, et dont on peut s'accorder à dire qu'elle voit la naissance du néo-libéralisme, issu de la pensée des papes du libéralisme de l'époque, présents à cette réunion : Friedrich Hayek, Ludwig von Mises, Karl Popper, et surtout, Milton Friedman*. Son but ? Réduire les prérogatives de l'Etat et restaurer la liberté des échanges d'avant 1914.

*  auxquels il faut ajouter Walter Lippman, Salvador de Madariaga, Michael Polanyi, William E. Rappard, Wilhelm Röpke et Lionel Robbins.

Sources :

- http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/textacad/larosiere/giscardpolmonetaire.pdf - http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2010/4/25/Le-tabou-des-changes-flottants - http://www.monde-diplomatique.fr/1994/07/WARDE/573 - http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2010/4/25/Le-tabou-des-changes-flottants - http://interdits.net/interdits/index.php?Itemid=65&id=44&option=com_content&task=view

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