John Major (1990-1997)
    En poursuivant la politique néo-libérale de Margareth Thatcher, on ne s'étonnera pas que John Major ait aggravé sensiblement la situation sociale du Royaume-uni. Une étude de la Joseph Rowntree Foundation montre que les revenus des pauvres continuent de chuter et ceux des riches d'augmenter encore plus. En effet, 10 % des plus défavorisés ont vu leurs revenus baisser de 17% entre 1979 et 1992, en même temps que les 10 % les plus riches accroissaient les leurs de... 30 % ! Ces inégalités de revenus se lisent aisément sur une courbe de Gini, dont nous avons déjà parlé et de l'avènement de Thatcher à la fin du mandat de John Major, le taux de pauvreté croît de 6%, atteignant 18, 3 % : un enfant sur quatre vit alors dans une famille pauvre. Tout cela est d'autant plus pitoyable quand on sait que John Major reste un cas unique dans l'intelligentsia politique d'Angleterre pour avoir connu lui-même l'indigence. Il ira jusqu'à dire en 1995 que les SDF (Sans Domicile Fixe) faisant la manche "étaient encombrants pour le regard"
    
    Les travaillistes ont décidé de faire du chômage l'un des thèmes majeurs des législatives qui doivent avoir lieu d'ici un an en Grande-Bretagne, opposant la fragilité des emplois créés aux brillants chiffres présentés par le gouvernement de John Major. Hier, alors que les conservateurs mettaient en avant à la Chambre des communes la baisse régulière du chômage depuis quatre ans, qui est passé au mois de janvier en dessous de la barre des 8% de la population active, Tony Blair, le leader du Labour, présidait une conférence de presse sur le thème «Pourquoi vos jobs ne sont pas à l'abri avec les torys». Pour le leader travailliste, «depuis quatre ans, près de 9 millions de personnes ont connu, à un moment ou un autre, le chômage», alors que, pour Gilian Shephard, ministre de l'Emploi, «la Grande-Bretagne est le pays d'Europe où il faut venir faire des affaires; ici, le chômage diminue alors qu'il continue d'augmenter partout en Europe, 3 millions en France, 4 millions en Allemagne». De fait, les chiffres britanniques sont flatteurs comparés à ceux du continent: on ne compte en janvier 1996 que 2,2 millions de chômeurs, contre 2,9 millions en janvier 1993, 2,7 millions en janvier 1994 et 2,3 millions en janvier 1995.
Mais, selon tous les experts, ces bons chiffres cachent l'essentiel et ne veulent pas dire grand-chose. «Ces deux millions ne sont que la partie émergée de l'iceberg, explique Nick Isles, spécialiste du travail à l'Employment Policy Institute. On estime que 7 millions de personnes, notamment des hommes, ont quitté définitivement le marché du travail.» Totalement
En face de ce bilan social désastreux et de la même manière que pour Margareth Thatcher, les ultralibéraux nient la réalité avec indécence. Nous venons de le voir avec Gilian Shephard, avec la Grande Bretagne comme Eldorado des affaires (ce qui est indéniable) et John Major jouant avec les sondages pour nous faire croire que les Britanniques ont largement adopté le temps partiel. A ce sujet, on lira la page édifiante du blog du premier ministre français François Fillon titrée : La vérité sur le plein emploi en Grande Bretagne qui est un modèle de catéchisme antilibéral. On pourrait ainsi établir une longue liste de facteurs positifs aux yeux des investisseurs et autres faiseurs de fortunes : La croissance, de 4 % en 1994, le chômage passé sous la barre des 7 % depuis 1993, les taux d'intérêt et l'inflation au plus bas depuis trente ans, la balance commerciale positive, la livre qui se raffermit. L'opposition est instructive, elle montre que la bonne santé économique, l'enrichissement du pays n'a absolument pas été corrélé au bien -être et à la prospérité du plus grand nombre. Nous retrouverons cette équation criante dans toutes les économies ultra-libérales ou néo-capitalistes
Sources :
- http://research.bnpparibas.com/applis/www/RechEco.nsf/ConjonctureByCountryFR/8E4615FAEDF51A37C125730E0047138F/$File/ C0707_F3.pdf?OpenElement (graphique taux de pauvreté)
- http://www.alternatives-economiques.fr/bas-salaire-et-politique-d-austerite-en-grande-bretagne-_fr_art_80_7766.html
- http://www.convergencesrevolutionnaires.org/spip.php?article1153
- http://erea.revues.org/345 E-rea
Revue électronique d’études sur le monde anglophone 1er février 2003 La lutte contre la pauvreté et l’exclusion dans la Grande-Bretagne des années 80 et 90 : une exigence républicaine ?
Valérie AUDA-ANDRE L'exception française: pourquoi ?
Par Yves Tinard Editions Maxima