MANIF DE LA GAUCHE 100 % PUR JUS
5 MAI 2013
compte-rendu d'un sans-culotte
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Je suis arrivé tôt, pour sentir la houle monter,
les parfums
l'air s'électrifier.
J'ai regardé les visages.
J'aime celui-ci, hilare, enturbanné, qui ne veut ni charters ni karchers.
Certains disent "on est tous Américains", lui semble dire : "On est tous Persans"
Ou ceux-là, à la mine grave, je veux croire qu'ils refont le monde, bouillonnent d'idées qui les font passer pour fous : un revenu universel ? La décroissance ? La disparition de l'argent virtuel ?
Il y a ceux qui veulent du decorum, refaire de la Bastille le théâtre de la Révolution.
D'autres préfèrent aller à l'essentiel, seule compte la force de leur message.
Vous avez raison, les copines médiapartiennes, les maladies de nos sociétés ne proviennent ni du hasard, ni d'un maléfique macrovirus, mais d'une religion complexe et multiforme dont les dévots grands ou petits, formidablement prosélytes et persuasifs, ont réussi à distiller au le monde entier ses credos. Quelle idéologie a mieux réussi dans l'histoire ? A ma connaissance, aucune.
Bon, les filles, tout ça c'est chouette, mais quand même, ce n'est pas une raison de maltraiter l'ortographe !
Ah, Laurence !
Qui aura pondu dans sa vie au moins une maxime digne des plus grands dictionnaires de citations : "L'amour est précaire, pourquoi le travail ne le serait-il pas ?" Le dieu Argent a trouvé là une de ses plus ferventes déesses. D'ailleurs, ne lui a-t-il pas déposé une cuillère d'argent dans la bouche à sa naissance ?
MORT AU NEOLIBERALISME, dit la pancarte. Mieux que "tous pourris" ou "dégagez", je trouve. Il ne s'agit pas tant de mettre des hommes à la poubelle ou à la mer que d'y jeter des idées, des hydres, des pieuvres tentaculaires, que les fabricants du néocapitalisme ont accouchées et dont des milliards d'hommes sont devenus les jouets, consentants ou malgré eux. MORT est écrit en gros. On peut, on doit souhaiter et oeuvrer à la disparition totale de l'ultralibéralisme : il est une arme de destruction massive, un cancer pour les peuples.
Qui sème la misère récolte la tempête... Réduction du temps de travail jusqu'à disparition du chômage...Revalorisation des revenus... Z'êtes pas maboules ? Travailler moins pour gagner plus ? Une république de branleurs, oui ! Ah elle est belle la France !
"Merdier économique", "Fossoyeurs", la colère gronde. Dommage d'avoir écrit en tout petit une phrase capitale, d'une simplicité enfantine :
"Mettons l'humain au centre de l'économie"
On devrait la lire en boucle à tous les technocrates, à tous les ministres, à tous les députés, à tous les PDG du CAC 40. Le capitalisme, l'ultralibéralisme se fout totalement de savoir si l'économie participe au bien-être des peuples, ou au contraire, leur pourrit la vie.
Alors, parce que des sommes colossales sont offertes aux banques
en faillite sans contrepartie, que des dizaines, des centaines de milliards bourrent la poche des nantis, en accaparant, trichant, spoliant, détournant, OUSTE à la Finance, à qui l'on doit présenter la note ultrasalée des ravages qu'elle cause.
On touche ici le nerf de la guerre, ce qui permet une foire mondiale de l'argent virtuel, créé ex nihilo, qui change de main, disparaît ou se multiplie à la seconde. Grande cause, géante banderole : "LIBÉRONS LES PEUPLES DES MARCHÉS FINANCIERS".
A l'opposé de l'égoïsme, de l'escalade sans limite des profits, il y a le partage.
Partager, la Force du Partage, nous dit justement une affiche du Parti Communiste, sur le parcours. Des paroles simples et vraies, une fois encore, qui devraient inspirer les lois et les traités, servir d'aliments à une politique digne de ce nom, au service de la Polis, la Cité.
euh... quand tu veux, mademoiselle, pour tout partager...
Ouaf ! ouaf ! approuve le chien révolutionnaire.
On avance, on avance, et on rigole avec les copines. Mettre à bas l'austérité, travailler sans craindre chaque jour pour sa peau, partager les richesses, on pourrait le faire... tout de suite, c'est la fête de l'espérance !
Edwy Plenel aussi a le sourire, un vrai repaire de Médiapartiens cette manif !
Et, attention, branle-bas de combat, le Grand Manitou arrive
.
On aura beaucoup parlé de Mélenchon entre nous. Son côté tribun, ses contradictions politiciennes, sa gouaille féroce.
"Normal, il a tellement pris de coups"
" Il y a de la colère, dans une révolution, une saine colère, il faut l'exprimer"
"Les journalistes disent tellement de conneries"
" On pourrait entendre d'autres citoyens s'exprimer"
"Il prend trop de place, il est trop égocentrique"
" Il a ses défauts, mais c'est lui qui rassemble la vraie gauche aujourd'hui"
On n'a pas fini d'en discuter.
On chante l'Internationale, la Marseillaise. Je ne la chante pas, je déteste ses paroles archaïques, ses appels sanguinaires. On lève le poing, enfin, moi non, je n'aime pas ce qu'on devient dans une foule.
La Manif se termine place de la Nation, mais on voudrait que ça continue. Les jeunes semblent décider à rester là jusqu'au Triomphe de la République.
Les sans-culottes prennent un repos bien mérité.
Quand je vois des images d'enfants dans des manifestations réactionnaires, je m'insurge contre l'embrigadement, le conditionnement, mais ici, je m'émeus. Il n'y a pas d'âge pour faire aimer la liberté et la justice.