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Billet de blog 7 février 2012

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Raffarin : une interview emblématique d'une vision du monde

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6 février 2012. A la radio. Sur France Info, Jean-Pierre Raffarin est interrogé par Mathilde Munos. En quelques phrases, on décrypte là une vision du monde, une idéologie aveugle et brutale.

MM : Et vous trouvez que ce modèle allemand, souhaité par Nicolas Sarkozy, est si enviable que ça ?


JPR : Je pense qu'il est nécessaire...


MM : Au niveau social, l'Allemagne a des difficultés. Il y a plus de travailleurs pauvres qu'avant. D'après l'OCDE l'Allemagne est même le pays développé où les inégalités et la pauvreté ont le plus progressé.


JPR : Oh, je sais, la gauche va nous expliquer que l'Allemagne avec sa croissance et tout ça  a d'énormes difficultés, néanmoins, l'Allemagne fait en sorte qu'un certain nombre d'acteurs économiques ont confiance en elle, ont confiance en son avenir. Je pense que l'Allemagne a des équations économiques positives, et je pense que la France doit se rapprocher, en effet du modèle allemand.


MM : Quitte à avoir plus de travailleurs pauvres ?


JPR :  Je pense que si on se rapprochait pas, c'est l'ensemble de la communauté européenne qui serait fragilisée, et si on ne se rapproche pas de l'Allemagne, c'est l'Europe qui en souffrira. Et si nous devions avoir une crise majeure de l'euro, et sortir de l'euro, c'est l'ensemble du travail des français qui serait dévalué, et qui serait dévalorisé. Donc, le risque est bien plus grand à s'éloigner de l'Allemagne qu'à s'en rapprocher.

Les pauvres, première : Une préoccupation de gauchiste. Peu importe les pauvres, nous dit en substance l'ancien ministre, du moment que les acteurs économiques, les marchés, donc, couvent  l'Allemagne d'un regard encourageant et protecteur.

Les pauvres, deuxième :  (et là je dis merci à la journaliste. La plupart de ses confrères aurait embrayé allègrement sur une autre question) :Raffarin ne veut pas en entendre parler. Ils ne rentrent pas dans le cadre. Ce que nous devons comprendre, c'est qu'il FAUT se rapprocher de l'Allemagne. Sinon l'Europe attraperait une maladie incurable, le travail des français en pâtirait, la situation serait pire !

Comme chez tous les idéologues de son acabit, cette idée (tout aussi idéologique) du pire autorise un odieux syncrétisme. Il faut accepter pour les uns la pauvreté, le chômage, le mal vivre, la flexibilité du travail, la précarisation, le mal logement : associés à une richesse économique pour les autres ils forment ensemble une équation très positive ! 

En plus d'un odieux chantage : Tout ce qui arrive à des millions de gens fragilisés n'est rien à côté de ce spectre qui nous hante, d'une Europe qui s'écroulerait et qui nous renverrait à un âge de pierre, de désastres et de malheurs infiniment plus grands !

Que d'aveuglement ! 

Abasourdissement.

Colère.

source image :

http://www.franceinfo.fr/politique/les-invites-de-france-info/claude-gueant-meilleur-ministre-qu%E2%80%99ethnologue-selon-jean-pierre-raffarin-519799-201

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