Le président commence très fort, puisqu'il affirme tout de go que "les sociétés occidentales vivent des bouleversements historiques" avec "la montée des inégalités dans les sociétés occidentales et les dérèglements du capitalisme", et devant cette ouverture formidable offerte par le candidat président, le journaliste évite la brèche et arrête ce premier flux de parole pour exprimer ses premières remarques : "Il y a aussi, pardonnez-moi, l'imaginaire du macronisme, le fait que vous êtes un homme jeune, vous avez été élu jeune, vous avez eu une scolarité extrêmement brillante..." Formidable, non ? Le journal Fakir, dans son numéro spécial "Le Livre noir du macronisme", rappelle les données de Challenges et de l'Institut des Politiques Publiques (IPP), qui ne sont susceptibles en aucun cas d'être taxés de gauchistes : Pendant le quinquennat du prince républicain le patrimoine des 500 plus grosses fortunes est passé de 20% du PIB en 2017 à 43 % en 2021. Le même magazine Challenge titrait le 11 octobre 2018 : "Comment les mesures budgétaires de Macron creusent les inégalités" : La matière est là, sous les yeux du journaliste (forcément, sinon il peut de suite changer de métier), et il ne s'en empare pas au premier faux pas extrêmement culotté, voire suicidaire du locataire de l'Elysée ? Je revis alors de nombreuses écoutes radiophoniques où je m'insurge, seul, dans ma cuisine, sur la mollesse, sur la tiédeur, sur la paresse intellectuelles des journalistes, des professeurs, des spécialistes de tout bord que l'on entend régulièrement sur les ondes (et très probablement à la télé que je ne regarde pas et dans les magazines que je ne lis pas). Jamais une voix coupante, incisive, qui met en pièces les incongruités de l'invité(e), jamais une intervention salutaire au moment même où il est crucial, impératif de mettre la personne en face devant ses contradictions, devant ses propos inacceptables au regard des faits, au regard de l'histoire. J'ai bondi et vociféré pour la millième fois. Les faits sont là, dix fois, cent fois, mille fois, le journaliste, l'historien, le sociologue qui s'expriment dans les grands médias sont là au pire pour cirer les pompes des puissants, au mieux pour leur dire que ce qu'ils font, ils ne le font pas à la perfection.
Après ce petit pet très peu malodorant, le journaliste laisse de nouveau l'invité débiter son laïus sur l'état de notre société. "Nous nous sommes redécouverts vulnérables à tous égards" : Covid, crise climatique, ni l'un ni l'autre ne peut ignorer que ce sont les pauvres qui accusent les chocs sociétaux les plus divers, mais la manière artificielle et usée du politicien de l'ignorer, c'est de les fédérer au travers d'une égalisation, d'une uniformité des problèmes sociaux "qui touchent notre vie en société, notre rapport à la nature, notre rapport d'échange avec les uns les autres.. nous nous sommes redécouverts vulnérables à tous égards.. la pandémie, qui nous a ramenés à notre condition au sein du vivant...nous avons vécu l'impensable..."
Nous somme égaux, devant la vie, non ? Nous sommes tous autant désemparés.
La tirade est très longue. Le journaliste n'a rien à en dire. Il écoute servilement le message fade, éculé de l'orateur, qui continue d'être plus que jamais sans vergogne, sans complexe, et d'un cynisme qui laisse pantois : "Durant ces cinq années, qu'est-ce que j'ai essayé de faire ? D'abord, en tant que responsable d'agir pour changer les choses, conformément au mandat...avec des résultats qui sont là, mais on, mmh, je crois que ce n'est pas l'objet de notre discussion d'aujourd'hui, mais qui ont permis de commencer à faire bouger notre société, dans le sens auquel je crois : lutter contre les inégalités de destin, les inégalités à la racine...pouvoir réinvestir pour notre école, changer les choses."
Une ouverture, là encore, un gouffre dans lequel on peut plonger le matador président, qui, si on était cynique à notre tour, pourrait faire penser qu'il jouit du pouvoir de dire les pires mensonges, les pires imbécillités, sans causer à son interlocuteur le moindre froncement de sourcil.
C'est que l'éminent débatteur a une marotte : le choc entre le bloc élitaire ("dont on peut considérer que je l'incarne, il n'y a pas de problème là-dessus", dit Erner en souriant) versus le bloc populaire. Selon Emmanuel Macron, ce clivage est-il pertinent ? demande le journaliste. "C'est pô juste", se plaint en substance le gentil président de tous les français, car "dans nos compatriotes qui se sont portés sur le projet que je défends au premier tour, il y a beaucoup de gens aux conditions modestes soit dans la ruralité, soit dans les quartiers également..."
Nouvelle occasion qui est donné à l'intervieweur de revisiter ce premier tour de 2017, et l'absention de plus en plus insoutenable pour le discours "démocratique", dans le paysage politique. "Les quartiers", justement qui, à coups d'euphémisation et d'ellipses ne sont plus ce qu'ils sont réellement : pauvres, où le taux de chômage explose, et les maux qui y sont corrélés : détresse sociale, violence, etc. Mais le candidat président préférait voir "les quartiers de nos banlieues qui ont tant d’énergie" (Meeting d’entre-deux-tours du candidat d’En Marche, porte de la Villette, à Paris, le 01/05/2017). En réalité, pendant ce premier tour des présidentielles de 2017, "dans les banlieues, malgré un taux d’abstention plus élevé que la moyenne nationale, le candidat de La France insoumise, qui a obtenu 19,58 % des voix au niveau national, a raflé la mise au premier tour" (lemonde.fr, 04 mai 2017). Et en 2022 ? "Les plus riches préfèrent Emmanuel Macron. 35 % des foyers qui gagnent plus de 3000 euros par mois avaient pour objectif de choisir un bulletin de vote au nom d'Emmanuel Macron. À peine 14 % des électeurs qui gagnent moins de 1250 euros par mois voulaient faire de même." (ladepeche.fr, 11 avril 2022).
Les grands médias, qui serinent en permanence le fait qu'ils sont un rempart aux "fakes", ce qui est une autre manière de dire qu'ils sont la voix qui énonce des vérités, présentent le plus clair de leur temps une caricature de la réalité. Le journaliste a de nombreuses fois l'occasion de les exposer, mais non, il préfère comme le politique de discourir de manière vague, artificielle, qui revêt une apparence sérieuse et intelligente :
"Ce qui est vrai, c'est que les grandes questions politiques se restructurent, elles se recomposent, et elles se recomposent aussi avec une société qui fonctionne différemment, et je pense que les clivages, la manière de vivre dans une démocratie comme la nôtre, dans les temps que nous vivons, compte tenu de tout ce que je viens de dire, ne peut pas se comprendre si on ne voit pas la..la...le rapport à la politique, à l'engagement politique et à la citoyenneté dans ses changements, en tout cas tels que je les vois et les pense."
C'est beau non ? Comme écran de fumée, je veux dire, pour ne pas nommer les choses par leurs noms, pour empêcher aux questionnements judicieux d'accrocher leurs crampons, éloigner le plus possible la politique du vécu des gens, ce que condamne les citoyens en permanence et qui se traduit en particulier par le rejet du suffrage universel.
Alors, quand même, le journaliste monte en puissance, il en vient à une "phrase malheureuse", "les gens de peu". Ce n'est pas la pire, et Macron la récuse. Est-ce un fake qui serait passé au milieu des mailles du filet du service public ? Erner ne réagit pas. Un journaliste sérieux, qui choisit une phrase malheureuse parmi une flopée de propos indécents n'a pas la référence précise de cette assertion ? Peu importe, l'invité continue, imperturbable, dans sa foulée, rien ne l'arrête. Il se plaint, une nouvelle fois, du fait qu'on décontextualise souvent ces propos, qui alors "semblent terribles", qu'on ne comprenne pas ces moments un peu énergiques où il parle "de citoyen à citoyen". Camarade président, un citoyen comme un autre, somme toute, qui n'a aucun mépris pour le peuple puisque le vrai mépris c'est de ne jamais aller à sa rencontre. Lui ne cesse de s'y frotter, donc, cqfd. Dixit celui qui a refusé le moindre de débat dans la campagne, au prétexte que ce n'est pas une habitude dans la Ve République. En marche, donc, pour une meilleure conservation de ce qui me profite et profite aux plus riches.
Macron rappelle alors, que lui au moins a le courage d'affronter les opinions adverses, quand ceux qui "prétendent défendre le peuple ne vont jamais à sa rencontre... ils ont une violence verbale, parfois physique, qui surprendrait". On reconnaît là la sempiternelle mise en garde au peuple des libéraux contre l'emportement, contre la violence physique, quand la violence qu'ils engagent contre la société s'organise de manière feutrée, entre gens bien élevés, avec pour armes principales du papier et un stylo dans les instances mêmes des institutions républicaines. Quoi de plus respectueux envers les citoyens ? Et comme dans toute l'histoire libérale, encore, Macron n'éclaire pas les fondements de la contestation sociale, mais la manière dont se comportent ceux qui ne veulent pas jouer comme lui, selon les règles légales dont il est le premier à profiter.
Ainsi, les contestataires introduisent de la "radicalité politique" de ceux qui en portant une cause, veulent "porter une vérité pour celle-ci", de la "pureté" qui pensent "entre groupes fermés" "entre affinitaires", ce sont les "affinités électives" (Guillaume Erner montre son soutien en opinant du chef de manière insistante) et ce n'est pas comme ça qu'on construit du commun. La radicalité porterait donc sur une croyance de vérité, sur une attitude sectaire, pas sur des faits. Les opposants sérieux à Emmanuel Macron ont pourtant, comme le numéro spécial de Fakir le rappelle, une tonne de faits qui démontre le caractère injuste, violent, maltraitant de sa politique envers notre société, et pas seulement les plus faibles. Mais le mieux pour les élites, comme le faisaient les philosophes des Lumières (oui, ceux-là même qu'on encense dans des myriades d'articles sur le sujet), comme le feront les philosophes du libéralisme, c'est s'éloigner le plus des faits sociaux, du vécu des individus, et continuer de déblatérer des assertions théoriques, vagues et inconsistantes : "Un projet politique n'est pas une agrégation de causes, c'est une vision de la société, une lecture de la société, de la nation, de la géopolitique.." Mettez ça dans la bouche d'une personne de gauche ou d'extrême-droite, elles sont toutes les deux capables de justifier le propos.
D'ailleurs, le président insiste pour mettre sur le même plan les deux extrêmes de la politique. Comme un élève timide levant le doigt, Erner suggère que Mélenchon ne serait pas d'accord, il parlerait de "gauche populaire". Macron répond : "On peut tous décider comment s'appellent nos vêtements, mais enfin, entre une écologie politique et un parti socialiste [hésitation, silence, puis :] c'est l'extrême gauche !" Formidable démonstration d'un membre brillant de l'élite, non ? Puis l'invité revient sur la "radicalité", cette fois attachée à Mélenchon, qui non seulement est anti-capitaliste mais qui est pour "une sortie de l'économie de marché"... "donc, vous avez une radicalité..." martèle-t-il pour une énième fois, comme si le fait d'étiqueter une politique suffisait à la disqualifier. Là encore, rien sur la nature profonde de cette "radicalité", mais, elle est d'emblée à combattre, car "on voit bien que pour la première fois, à ce point, ce ne sont pas les parties du champ républicain qui intègrent des formes d'éléments modérés, qui se sont complètement effacées, donc vous avez une radicalité dans la pensée politique et l'engagement politique, et vous en avez aussi une chez beaucoup d'abstentionnistes ". Tout ceci doit "nous" obliger "collectivement" à réfléchir, intellectuels d'un côté, politiques de l'autre. Et la pensée idéologique du président se targue d'avoir derrière lui une collectivité entière, qu'on imagine comme lui raisonnable et ayant en horreur, en bon libéral, de toute cette "radicalité" essentialisée par son sectarisme, sa violence et "sa volonté de pureté" : l'idéologie est là encore, qui veut plaquer des éléments mystiques, totalitaires (une seule vérité, la nôtre) aux adversaires du capitalisme, en lieu et place d'une exposition claire de leurs conceptions de société pour le bien commun. Une autre preuve qu'ils se trompent, c'est que quiconque dirige la France "a à faire vivre 67 millions de citoyennes et citoyens ensemble, et ça ne peut pas être de la radicalité? Ça suppose des compromis". Maintenant "la radicalité", encore moins compréhensible qu'avant, est devenue un système délétère pour l'ensemble de la nation qui ignore tout compromis.
En bon animateur de show public, Erner n'a pas l'intention (ni le temps) de s'appesantir sur les questions. Il faut rebondir sur du nouveau, prendre un nouvel élan. Ce sera les questions d'égalité, du genre sur lesquelles il affirme, en prenant son courage à deux mains, qu'on n'a pas "beaucoup" entendu, qu'on a "peu entendu" le président. Vous remarquerez que même les petits coups de griffes inoffensifs de l'intervieweur sont donnés en courbant un peu l'échine. De citoyen à citoyen. Mais qu'on se rassure, tous les débats qui sont évoqués dans l'émission intéressent le candidat président. Sur le genre, le rapport à la nature dont il dit que c'est le sujet sur lequel il s'est "le plus transformé intellectuellement". Là je vous offre une petite pause pendant que vous gloussez, voire éclatez d'un rire franc et sonore. A bon droit. Il ne se passe pas une semaine où un spécialiste de l'écologie et du climat n'avoue que rien de sérieux n'a été fait, que le bilan du président sur le sujet se résume à presque zéro. Comment le journaliste de choc engage le dialogue sur l'écologie ? Notre-Dame-des-Landes, bien sûr, qui, au lieu d'ouvrir le débat sur la profonde opposition entre écologie et capitalisme, permet de se focaliser sur... des "poches de violence", "l'anomie", inacceptables dans la République. Mais pour une fois, le journaliste attrape la perche qui lui est tendue et interroge le président sur les violences policières. Face à des faits indiscutables, la première réaction du pouvoir coercitif est de prétendre que le sujet est ailleurs : "La question que vous devez poser, c'est : est-ce qu'il était nécessaire que, pendant tant de semaines, tant de nos compatriotes considèrent que, sortir pour casser, détruire, brûler, envoyer des armes qui ont blessé et mutilé des centaines de policiers, vous savez, on est dans la République". Suit le panégyrique bien rôdé des forces de l'ordre qui fait partie de la panoplie libérale classique depuis le début, et qui larmoie beaucoup plus sur les violences faites à ses instruments de coercition que sur celles exercées sur l'ensemble des citoyens. S'est-il révolté et a-t-il pris de solides mesures contre la pauvreté ? la précarité ? le chômage ? le mal logement ? les violences faites aux migrants ? la souffrance au travail ? les bas salaires dans l'éducation, dans la santé ?
Il y a eu violence, répète le journaliste, armé de courage, mais non, répète Macron, "la vraie question est celle-là" et il faut prendre le mal à la racine. Et cette racine, ce n'est pas l'inégalité, l'injustice, la violence sociale, c'est "comment on peut, même dans le débat public, légitimer cette espèce de violence libérée, déshinibée". Le pouvoir avec le capitalisme, a pris la voie la plus perverse, la plus retorse, de toutes les dominations qui l'ont précédées. S'appuyant sur la loi de la République, il déclare que même si vous êtes dans la détresse la plus totale, même si des gens meurent de désespoir, la seule solution réside dans les institutions de la République, celles-là même qui permettent aux inégalités de se creuser et d'empêcher une profonde révolution écologique. Non et non, la réponse intangible de l'Etat coercitif c'est l'ordre, comme "remettre de l'ordre public dans les réseaux sociaux" Et de reprendre sa rhétorique mystique pour fustiger les gilets jaunes et parler à leur place : "J'ai un combat, et ce combat est pur, ce combat est juste, discuter avec vous ne m'intéresse pas, aucune volonté de discussion, aucune (...) Je fais une sociabilité à part et elle me fait plaisir. Mais elle se bâtit dans la violence". Que de mensonges, là encore, et que de mépris, encore et toujours. Parce que ce fut un plaisir pour les gilets jaunes de sacrifier une partie de leurs salaires, de leurs week-ends, de leurs vacances, de leur famille, pour défendre leurs moyens d'existence ? Quand on pense à l'acharnement des gilets jaunes à exposer leurs griefs, à en discuter avec qui voulait les entendre, sauf quand la discussion, justement, est impossible, parce qu'on ne les écoute pas, qu'on essaie de les enfumer avec des idées abstraites, qu'on ne répond à leurs préoccupations que par le mépris et l'invective. Alors, fi des réelles préoccupations des pauvres, qui par fierté veulent se croire parfois encore dans la classe moyenne, le président persiste et signe : "Alors, elle peut se bâtir dans la violence parce que dans les réseaux sociaux, j'ai la cagoule, c'est l'anonymat, et puis après j'ai des héros, qui sont dans une société parallèle, car il faut bien le dire, il y a des gens qui ont proféré des choses..."
Il ne s'agit pas ici de dire que le mouvement des gilets jaunes ne pose pas un certain nombre de questions à la réflexion politique, il en pose et pas des moindres. Mais il s'agit de prendre le problème à la racine, d'où nous vient le mot radicalité. Et la profonde radicalité en politique est là : pas se gargariser de concepts et de belles paroles comme le candidat-président, mais s'attaquer aux causes de ces problèmes. Problématique n°1 des Français, le pouvoir d'achat. Pas l'immigration, pas ceci ou cela, mais mieux bouffer, mieux se loger...mieux vivre.
Mais le président en est conscient, car il y a eu "un début du mouvement des gilets jaunes qui a dit quelque chose de la question sociale" et qui continuerait de le préoccuper. La preuve, le fameux Grand Débat : "j'y ai apporté des réponses". Nouvelle pause pour libérer les zygomatiques. Ce n'est pas dans un journal de gauche que j'ai trouvé l'affirmation qui suit mais dans le Figaro : "ce grand débat servait essentiellement à sauver «la pensée conforme des élites gagnantes de la globalisation»" (lefigaro.fr, 1er avril 2019). Le temps manque ici pour détailler la mascarade que fut cette consultation populaire dont le pouvoir ne retint qu'une infime partie des résolutions, comme dans un énième et stérile sommet pour le climat.
Le comble, c'est qu'une nouvelle fois, au milieu d'un no mans's land d'idées, le candidat président parvient à affirmer clairement :
"...la question des classes moyennes et populaires est de pouvoir vivre de son travail dans une société où les inégalités s'installent"
Deuxième fois au moins que le président parlent de l'installation des inégalités. Comme ça, d'un coup, elles ont choisi de se faire une petite place au chaud dans la société ? Elles sont produites ex-nihilo ? C'est la faute aux "crises" ? C'est quoi comme genre de bestioles, ça, les inégalités ?
Vous croyez que le journaliste allait en faire son miel ? Pas du tout, les inégalités sont là, ok, il ne revient pas dessus, mais s'inquiète qu'il n'y ait plus "d'appareil politique pour refroidir cela, la politique ça sert à refroidir, généralement". "Vous avez raison..." lui répond Macron. C'est fou comme on comprend les choses entre larrons en foire, non ? Et pour refroidir, ma foi, il a tout fait pour essayer, comme avec... le grand débat, toujours, où les "poches de radicalité" ne se retrouvent pas, bien sûr, comme elles sont absentes de l'élection bien sûr, alors que beaucoup de vilains canards gilets jaunes "s"'installent dans la radicalité", "dans une pureté complète" (ça continue), complètement en contradiction par ce qu'il affirme ensuite du caractère politiquement très hétéroclite du mouvement et qui est indiscutable. "On ne peut pas légitimer la violence... elle menace la démocratie" assène-t-il, sans se demander une seconde si on ne peut pas la comprendre. En bon libéral, même si le pire vous arrive à cause du système qui est en cause, vous devez absolument passer par l'ordre, par la loi, pour résoudre vos problèmes. Aujourd'hui, on est révolté par l'esclavage et on comprend la révolte des opprimés. Mais si on démontre que le capitalisme conduit à un autre type d'esclavage, le capitaliste n'en a cure, il dit en substance : si vous croyez cela défendez-vous avec les mêmes lois qui entretiennent votre oppression pour pouvoir en sortir, il n'y a pas d'autres solutions que de respecter la loi.