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Billet de blog 20 novembre 2024

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LIBERALISME : DIALOGUE DU FOU ET DE LA SAGESSE

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Dialogue (à peine) satyrique tiré de celui qui a opposé ce matin, 20 novembre 2024, sur les antennes de France Inter, la Secrétaire  nationale d'Europe Ecologie Les Verts, Marine Tondelier, et Jean-Marc Daniel,  économiste, professeur à ESCP Business School, sur le sujet du traité du MERCOSUR, échange qui permet, en quelques minutes, de comprendre beaucoup mieux le libéralisme que dans beaucoup de savants ouvrages.  

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La Sagesse  :      Pourquoi acheter du maïs, du bœuf, de la volaille à des milliers de kilomètres de chez nous ? On a ce qu'il faut à la maison et      en  plus, vous n'attraperez pas le cancer avec, alors que gorgés de 150 pesticides brésiliens interdits en Europe, c'est une autre  limonade. Vous voulez manger du  bœuf aux hormones, du poulet à la Javel ?                           

 Le Fou :         Vraiment étrange tout ce tapage autour de ce traité, presque tous les économistes sont unanimes :  le libre-échange est toujours       mieux que le  protectionnisme, voyons. Les droits de douane augmentent les prix, pensez au pauvre consommateur qui a des  problèmes de pouvoir d'achat.  Pensez aux débouchés, aux producteurs d'Armagnac ou de Cognac, de vins et spiritueux. Liberté !  Liberté !   Les  consommateurs doivent pouvoir choisir entre les bonnes choses qu'ils ne peuvent s'acheter et la merde  à  bas coût, qui les  conduira  plus vite à trépas, Liberté ! Liberté !  je vous dis, Liberté complète de tout acheter et de tout vendre, merde ou or en barre ! 

Le  Médiateur :    Une petite étiquette peut-être sur la merde en boîte ? "Vient du Brésil", par exemple,  : Comme ça on ne prendrait personne      par surprise,  non ?

Le Fou :     Le consommateur doit choisir, le consommateur est roi. Et puis, vous exagérez, manger de la merde n'a jamais tué personne, la santé des Brésiliens n'est pas catastrophique. Donc, information claire pour le consommateur, sans toucher à son portefeuille, il  vous en remerciera.

La Sagesse  :   Et les fermes-usines, où des milliers de bêtes sont entassées comme des sardines et ne voient jamais le jour ? Et la déforestation     accélérée de la forêt amazonienne, que le Mercosur aggraverait chaque jour un peu plus ? 

Le Médiateur :    Pensez aux débouchés nouveaux pour l'agriculture européenne ! 

La Sagesse  :   Ah oui, le vin, les 4 x 4, les sacs Vuitton, en effet, j'oubliais les petits plaisirs des richards brésiliens, je m'en excuse, mais ils se foutent des droits de douane, ils continueront à acheter leurs joujoux s'ils en ont envie.  Je préfère penser à ces millions de tonnes de maïs qui pourraient ne plus traverser l'Atlantique et aider le climat à mieux se porter.

   Le Fou :     Consommation de classe moyenne, le vin au Brésil, madame La Sagesse. Songez à l'ampleur magnifique du commerce : 55 milliards d'euros !  Vos yeux devraient briller !  

 La Sagesse  :   Du coup, il n'y a pas vraiment besoin de Mercosur. 

      Le Fou :     Mais, si, justement, on peut l'étendre, l'étendre à l'infini !  Il ne représente que 0.3 tout petits pour cent du PIB de l'Union Européenne, donc tous nos problèmes que La Sagesse évoque ne concerne pas la réalité de ces échanges. Et puis, si on veut vraiment s'occuper de l'écologie dans cette affaire, on n'a qu'à punir ceux qui polluent : les bestiaux pètent plein de méthane, vous élevez des bestiaux, boum !  une taxe par bébête, ça vous apprendra à abîmer notre belle Terre.

Le Médiateur :    Revenons à toutes les tonnes de choses qu'ont pourrait envoyer à nos amis brésiliens pour rendre leur vie encore meilleure : des bagnoles des services, des fringues, des machines...  une sacrée manne, non ?

 La Sagesse  :  Je dis que le Libre-échange est devenu complètement fou. Avant, il essorait un maximum de nos classes populaires, de nos paysans :  maintenant il se fout totalement de leur sort et les abandonne : il a trouvé de nouveaux pigeons à plumer à l'autre bout de la planète. Autre chose, les voitures, par exemple :  pas de voitures argentines pour les Argentins, mais des voitures allemandes, qui vont traverser l'océan et polluer la planète. Consommons local. 

 Le Fou :   Ah, mais les Allemands ne le voient pas de cet œil-là, ils font de bonnes bagnoles qu'ils veulent vendre, chacun doit se spécialiser dans ce qu'il fait de mieux, ça s'appelle "l'avantage comparatif". Excusez-moi de revenir toujours à l'économie, mais c'est le pilier, la base incontournable du bonheur commun. Et puis, je vais vous dire, le Brésil a longtemps été protectionniste, il s'est fourni localement, eh bien, maintenant il est très en retard économiquement. Le libre-échange c'est formidable, je vous dis, ça oblige les pays à sortir de leur routine; de profiter des progrès techniques, de développer leur croissance économique, vive le Libre-échange ! 

La Sagesse  :  Le protectionnisme n'est pas un gros mot. Le protectionnisme de la planète, le protectionnisme de notre agriculture. Le protectionnisme de notre souveraineté. 

Le Fou :    La France est bien isolée, presque toute l'Europe est bien plus sage que La Sagesse elle-même, c'est vraiment étonnant qu'elle ne se rende pas compte que pour protéger la nature, c'est plus plus plus de Libre-échange qu'il nous faut, plein plein plein de petits Mercosur, pour plein plein plein de milliards, et toujours plus plus plus de petites et grosses babioles à vendre et à acheter, partout sur la planète. 

Le protectionnisme, ça ne sert à rien et c'est monotone, gris et triste. Le libre-échange, c'est la vie, c'est gai et coloré. 

Vive la Liberté ! Vive le Libre-échange !  

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