Préambule
Je ne possède aucune idéologie dans laquelle je puisse me mouvoir, aucune geôlière spirituelle qui me retienne sous le joug dogmatique de la “radicalité” écologique.
Je n’ai reçu en héritage qu’une seule philosophie : celle de la COHÉRENCE. Elle seule guide mes pas sur le chemin jalonné d’obstacles (et ces temps-ci de troncs d’arbres déracinés) de l’existence.
A tous ceux qui scandent : “Nous sommes la Nature qui se défend”, je réponds qu’elle ne manquera pas de nous survivre. Néanmoins, je reste persuadée que nous devons être les auxiliaires de la Vie dans cette guerre écocidaire orchestrée par les puissants.
Le Ciel sort du banc de touche : courroucé comme Zeus !
Jeudi 22 juin 2023, 10h. Une atmosphère de chaos a enveloppé de son voile le petit village gersois de Mouchan. Presque une maison sur deux y est sinistrée après les violentes intempéries qui se sont abattues la veille sur toute l’étendue du département. On y trouve des riverains affectés sans être accablés, comme des habitants au bord des larmes, abasourdis et hagards face aux dégâts causés dans la nuit par un ciel en colère.
EUPHÉMISME : un Ciel qui a rassemblé toute sa puissance afin de nous rappeler qu’Homo Sapiens n’est rien face à la Nature qui se soulève. Nos routes, nos vieilles bâtisses centenaires, nos remparts en haute ville, nos infrastructures les plus élaborées accouchées du génie humain ont l’allure misérable de la maison de paille des Trois Petits Cochons quand cette même Nature reprend tout ses droits.
Constat : coulées de boue, terrains ravagés, cultures lessivées, chaussées défigurées, falaises de calcaire phagocytées, population traumatisée…d’un événement qui n’est que la mise en bouche de ce qui nous attend dans les années à venir. Pour faire face : seuls les liens communautaires (mot si tendrement chéri par notre cher Darmanin) en guise de résilience.
L’écho à l’actualité : tonitruant comme la pluie !
La Nature, quoiqu’elle ne soit pas calculatrice, nous fait donc un pied de nez. Quelques jours avant la catastrophe était en effet prononcée la dissolution des Soulèvements de la Terre, regroupements de plusieurs mouvements écologistes qui essaiment sur toute la surface de l’Hexagone. Paradoxalement, ceux qui défendent un monde viable et désirable en s’attaquant à la racine du problème se font taxer de terroristes.
Tout cela tandis que leur but est précisément de nous ôter des griffes de la mort, en ralentissant pour ne pas foncer dans le mur de l’Anthropocène, chaque jour plus près tandis que la pédale fait défaut. C’est ainsi que la dérive sémantique entraîne des conséquences politiques et juridiques.
Les Soulèvements de la Terre ont pour slogan : “ Ce qui repousse partout ne peut être dissout”. Ainsi, j’aimerais poursuivre et marteler ceci:
On ne dissout pas des milliers de gravillons qui tentent d’entraver les rouages de la mégamachine.
On ne dissout pas des milliers de racines qui repoussent telles de la mauvaise herbe autour des méga bassines.
On ne dissout pas non plus une chaîne symbiotique de corps qui s’opposent à la construction d’axes routiers surnuméraires.
On ne dissout pas des zones à défendre, des territoires qui nous façonnent et que nous chérissons profondément.
On ne dissout pas les marais, les lagunes, les clairières et les tourbières si ardemment défendues par des militants convaincus.
On ne dissoudra pas la créativité de ces luttes localisées, aussi multiformes et prolifiques qu’une biodiversité préservée.
Enfin, on ne dissout pas la colère et la rancune légitimes d’êtres lucides qui se battent pour un avenir désirable….et surtout vivable.
CONCLUSION : “Je ne désire que ce que je n’aurai pas - confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde” (Stig Dagerman, 1952).