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Billet de blog 26 avril 2025

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La photographe palestinienne Fatima Hassouna a été tuée

" Si je meurs, je veux que ce soit une mort tonitruante. (...) Je veux que le monde entier entende parler de ma mort. Je veux qu'elle ait un impact qui ne s'estompe pas avec le temps. Je veux des images qui ne peuvent pas être enterrées avec l'espace ou le temps. " – Fatima HASSOUNA

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Illustration 1
Palestinian photographer Fatima Hassouna killed in an Israeli Strike in Gaza © Middle East Eye

Transcription :

" Je me nomme Fatima Raed Hassouneh, et j'ai 24 ans.

Je suis écrivain et photographe.

Ma famille a été tuée le 13 janvier 2024.

Ils étaient chez eux, des civils.

Ils ont été bombardés à 12 heures.

11 membres de ma famille ont été tués.

Je n'aurais jamais imaginé qu'une famille entière, la mienne, pourrait disparaître. Qu’une si grande partie de ma famille puisse être perdue.

J'avais l'habitude d'imaginer que je pourrais perdre une personne, ou au plus deux personnes.

Mais 11 personnes à la fois, c'était extrêmement difficile.

Même maintenant je ne peux pas comprendre.

Qu'ils sont vraiment partis, parce qu'on n'a même pas pu leur dire au revoir.

En tant que Fatima, je crois que l'image et l'appareil photo sont des armes.

Je considère donc mon appareil photo comme mon fusil. Souvent, dans de nombreuses situations, je dis à mes amis : « Venez voir, on ne charge pas des balles dans un fusil. »

Bon, je vais mettre une carte mémoire dans l'appareil. C'est la balle de l'appareil photo, la carte mémoire. Elle change le monde et me protège.

Elle montre au monde ce qui m'arrive et ce qui arrive aux autres. Alors, je la considérais comme mon arme, avec laquelle je me défends.

Pour que ma famille ne soit pas oubliée. Pour que je puisse documenter les histoires des gens, afin que celles de ma famille ne s'évanouissent pas dans l'air.

C'est vraiment lorsque je photographie que je me sens le plus heureux. Peu importe le moment, j'ai l'impression de faire quelque chose, comme si j'accomplissais quelque chose et que je m'aidais moi-même quand je prenais des photos.

En documentant et en partageant, je montre au monde ce qui se passe. Peu importe que le monde s'en inspire, ce qui compte pour moi, c'est ce que je fais, la pérennité de son impact.

Cette œuvre vivra-t-elle éternellement ?

Je m'efforce de rendre mes photos éternelles. Et mon message au monde est le suivant : s'ils nous ont abandonnés, nous sommes toujours capables de voler de nos propres ailes, même sans eux.

Nous n’avons besoin de personne pour venir nous offrir une épaule sur laquelle nous appuyer. "


Rares sont les esprits assez purs qui ne recherchent que les actes nobles et sublimes.

Pour documenter et partager la terrifiante réalité à Gaza – avec la trempe de Fatima Hassouna –, il faut faire preuve d’une superbe générosité, d’un profond attachement à la vie, et d’un sacré cran.

Il n’est donné qu’à un très petit nombre, par leur état de grâce, d’imposer à tous le respect et le silence.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.