À court d’idées, les Politiques qui tout à coup se mêlent du « revenu universel » ?
Que non pas !
Il s’agit en fait d’une attaque contre l’opîme dépouille de notre protection sociale.
Résumons : un gouvernement libéral, allié objectif du patronat et des banques, dans une sorte de triumvirat infernal, entreprend une dernière croisade pour sauver les lambeaux du pouvoir de la caste dirigeante.
Le terrorisme, ennemi politique pratiquement créé de toutes pièces, tombe à point nommé, et remplit à la fois les rôles d’épouvantail, de prétexte à une limitation drastique des libertés du peuple, et à une fascinante fascisation de la société, où il convient de museler une fois pour toutes la population.
Le travail n’y suffit plus, et les Politiques se convertissent enfin à la promotion du chômage de masse, lequel constitue bien un progrès.
Mais il convient alors de « limiter la casse » : puisqu’on ne peut plus le faire en abaissant encore les salaires ; puisque même les banques s’essoufflent à compenser ces bas salaires par la distribution massive du crédit à la consommation, eh bien, il faut puiser ailleurs, auri sacra fames, l’argent qui tant mène le monde jusqu’à sa perte…
Alors, on revient sur cette idée du revenu universel. Mais attention : sans générosité aucune !
Car, dans les plateaux de la balance, on place d’un côté ce revenu universel, et de l’autre la suppression des avantages sociaux : où l’on voit que le fléau n’est rien, s’il n’est déséquilibré au profit de l’une des parties…
Certes, on promet de faire l’aumône, à chacun (encore que : quid des retraités ? des enfants ? des immigrés ?), de cinq cents, de huit cents euros par mois. Mais sans oublier de supprimer allocations familiales, allocations logement, indemnités de chômage, etc. Et, à ce train, dans quelques années, pourquoi pas les retraites, les pensions…
La vision politique qui préside à la distribution de ce revenu universel s’accompagne d’ailleurs de concepts encore plus pernicieux, et, n’ayons pas peur des mots, carrément vichystes ! Car il est beaucoup question de reconnaissance, de mérite, de devoir et d’obligations, « en échange ». Et, bien entendu, d’acceptation, de soumission, de veulerie obligatoire.
Car les heureux bénéficiaires devront « remercier », de toutes les façons, ceux qui les maintiendront ainsi dans la misère, dans la dépendance : plus question de manifestations, de syndicats, de grognements et de révolte !
L’aliénation par le travail, ça ne suffit plus : il convient de circonvenir les inactifs.
Il faut à ce nouveau diktat réagir sur-le-champ.
Sur son montant, déjà : il ne saurait être inférieur, à l’heure où j’écris ces lignes, à 1.500 € par mois, ce qui constitue le minimum insuffisant pour vivre.
Mais aussi, sur les modalités de sa distribution. Pour que, véritablement, le progrès s’inscrive définitivement comme une libération du peuple, et comme une promesse de son émancipation, il convient de tempérer, d’augmenter, ce revenu universel, en fonction de l’implication sociale véritable de celui qui le reçoit : la mère au gynécée, l’instituteur, le poëte, tel ou tel qui chante dans la rue ou y plante des fleurs, celui qui éduque, transmet, construit ce quelque chose d’impalpable qui s’appelle « société », l’enfant qui apprend à apprendre et comprend ce qu’il apprend, tous ceux qui, peu ou prou, font souriante la vie des autres et les font sourire, les rendent à la fois plus léger et plus consistant, tous ceux-là doivent revenir une gratification à l’aune de leur participation active au bonheur commun.
Nous rejoignons là l’utopie de Charles Fourier.
C’est la voie ouverte à l’éducation populaire, à la victoire de la civilisation du progrès sur la technologie libérale dépravée.
Autre espoir : c’est la fin de la classe politique, et de la finance comme maître du monde. Car il faudra bien, à la fois puiser l’argent nécessaires aux poches de ceux qui cultivent le paupérisme, et remplacer les intrigants par de véritables gestionnaires désintéressés…
Cette révolution-là, nous ne devons pas nous la laisser voler.