Il n’existe pas de « crise des migrants ».
On parle, pour l’Europe, de combien ? Huit cent mille réfugiés ? Arrondissons, parlons de la France, et admettons cent mille personnes.
Il y a en France trente-six mille communes : trois réfugiés à loger, et l’affaire est résolue !
Parlons même des français : vingt millions de foyers pour cent mille réfugiés ; c’est-à-dire un réfugié pour deux cents familles.
Alors, « crise des migrants » ?
Cette histoire qu’on nous conte, c’est celle d’une prise d’otage : par la guerre, par les Politiques, par les journalistes. Rien de plus.
Et les difficultés supposées de l’accueil, les « problèmes », ça n’est pas autre chose qu’un conte.
L’État se met en branle. On nous parle de financement, d’initiatives, de commissions… Mais avons-nous vraiment besoin de tout ce cirque ?
Nous sommes républicains. Les vrais, pas les transfuges de l’UMP lorgnant vers le FN…
La République est là pour nous servir, et pour nous obéir. Son devoir est là, quand le nôtre est de faire peuple.
Avons-nous besoin d’autorisations, de conseils, de prise-en-charge ? Nous faut-il une aide de ceux que nous avons constitués en gouvernement pour faire une place au banquet républicain à ceux qui demandent une place ?
Il existait autrefois un usage, d’avoir toujours une assiette pour celui qui toquait à l’huis à l’heure du repas : c’est ainsi que l’on rencontrait l’autre, qu’il vînt d’à côté ou de l’autre bout du monde. Et c’est ainsi que notre Nation s’est constituée : par une acculturation - qui n’a rien à voir avec l’assimilation dont d’aucuns nous rebattent les oreilles - naissant de l’urbanité, de la curiosité, du frottement des mains qui s’étreignent, du verre partagé, de la soupe, d’une larme qui se tarit sous les rires d’hommes ensemble…
Ouvrons les portes de nos foyers à l’étranger qui passe. Nous aussi, nous avons fui, la dernière fois pendant l’Exode. Nous aussi, nous avons fait fuir, devant nos armées, d’autres populations.
Ces étrangers qui arrivent, c’est une fuite éperdue d’un monde de ruines, de violence et de mort, et qui par chance aboutit chez nous.
Oui, par chance ! Car, reconnaissons-le, notre « civilisation » ne rencontre plus les citoyens : elle les soumet, les jugule. Et le comportement de nos Politiques, dont le spectacle navrant fait naître des envies de révolution populaire, est l’illustration parfaite de la décadence.
Alors, oui, une chance, parce ces « migrants » sont, si du moins on les aide à se constituer, le « peuple qui manque » cher à Deleuze…
Et ce peuple, en rencontrant ce qui reste du nôtre, fera la France, l’Europe de demain. Notre pays, pour ne parler de que lui, est un formidable creuset : saxons, bugranes, huns, italiens, espagnols, teutons, et jusqu’aux levantins, mahométans, nègres, nous avons tous dans nos familles un sang qui vient d’ailleurs. Quant à ceux qui m’objecteront qu’ils sont « français de souche », je rétorquerai que les êtres qu’on y trouve sont des cloportes…
En cette ère ou s’exprime l’auri sacra fames de Virgile, parlons donc du coût de cette générosité possible : héberger quelqu’un, c’est quoi ? Une petite centaine d’Euros par mois ? Bien sûr, beaucoup de peuvent pas dépenser une telle somme. Mais dans ceux qui restent, cent Euros, ça représente une sortie au restaurant de moins dans le mois : c’est bien peu, et c’est tellement !
Est-ce que nous avons besoin de l’État pour ça ? Est-ce que nous avons besoin de conditionner des mouvements du cœur à une récompense, à une prise en charge ?
Non. Nous devons accueillir l’Autre, sans réfléchir et sans compter. Alors seulement nous pourrons demander à l’État d’étendre sa protection sur eux comme il l’étend sur nous. Pardon : comme il est censé l’étendre…
Cette « crise des migrants » qu’on nous représente, est juste l’exploitation de nos peurs, de notre petitesse, de nos hésitations, de notre veulerie pour tout dire. Dans quel but ?
Adolphe Thiers avait peur du peuple : on connaît le résultat…
Quand les crétins finis de l’extrême-droite nous parlent d’invasion ; quand les velléitaires de la prétendue Gauche encensent l’Allemagne « généreuse », c’est, à n’en pas douter, Jules Favre et Bismarck qui complotent pour reconstituer les Versaillais…
Ouvrons donc notre porte, enrichissons-nous de l’Autre, et profitons-en, qui sait, pour préparer un lendemain qui chante…