L’article de M. Perraud publié ce matin sur Médiapart relate le procès opposant Laurence de Cock et Zaka Toto. Ne nous attardons pas sur l’affaire en elle-même et réitérons notre soutien à Zaka Toto.
Néanmoins il est intéressant de se pencher sur l’article. Publié par Médiapart nous attendions un minimum de sérieux sur le sujet. Décortiquons l’article.
En lisant l’article, une chose frappe : il semble que Zaka Toto et ses défenseurs réagissent de manière physique et émotionnelle. Ainsi, tout au long de l’article les mots choisis renforce cette idée que cette affaire serait au fond une histoire de précipitation : « Cette chronique fait bondir Zaka Toto », « Zaka Toto poursuit l’historienne de son ire », « série de tweets vengeurs », « Mais elle y mentionne un blog et non une revue. L’affaire s’envenime. », « Les réseaux sociaux s’emballent. » Notons d’emblée qu’établir de cette manière un camp qui serait plus propice à une certaine impulsion rappelle étrangement les procédés utilisés pour disqualifier les propos et réactions des personnes minorisées.
Concernant les contraintes liées au procès l'auteur montre bien quelles sont les priorités de chacun dans cette affaire. « À la barre, Zaka Toto explique que ce procès le ruine puisqu’il doit venir se défendre dans l’Hexagone alors que les billets d’avion sont désormais hors de prix. » Pour Zaka Toto c’est l’argent. « Laurence De Cock évoque pour sa part le calvaire d’être à ce point harcelée par des contempteurs en ligne, alors qu’il lui faut de surcroît faire face à un cancer. » Pour Laurence c’est le fait d’être harcelée alors qu’elle combat un cancer. Quand bien même il s’agit probablement de propos rapportés, les mettre dos à dos de cette manière renvoie à l’idée que Zaka Toto ne poursuivrait finalement que l’objectif de faire monter sa petite entreprise face à une pauvre Laurence de Cock qui se bat contre le cancer. L’arriviste contre la battante face à la maladie. Pas d'analyse de ce que représenter la continuité territoriale dans ce genre d'affaire ou de l'utilisation de problèmes de santé ayant peu de lien avec l'affaire. Lorsqu’il s’agit de continuer les présentations, l’auteur ne se prive pas de caractériser à sa manière les deux concernées : « une historienne établie ayant soutenu sa thèse depuis belle lurette et, de l’autre, un doctorant bientôt quadragénaire altéré de reconnaissance. » Le personnage établi contre celui qui cherche la lumière.
L’article évoque un témoin pour Zaka Toto et un pour Laurence de Cock. Y’avait-il un seul témoin par personne ? si non pourquoi ne pas le mentionner ? Pourquoi ne pas évoquer les lettres de soutien dont les différentes parties ont pu bénéficier ?
De toute façon la messe semble être dite pour l’auteur qui affirme « Pour autant, la volonté de ne pas verser du côté de ceux qui font peu de cas des souffrances trop longtemps endurées par les dominés, doit-elle conduire à forcément détecter du plagiat et du pillage là où cela ne saute pas aux yeux – si l’on procède à une analyse concrète de la situation, c’est-à-dire si l’on se fonde sur une lecture attentive des textes et non sur une logique du soupçon ? ». Ravi de savoir que ce monsieur possède un Master 2 Compilatio.
Lorsque M. Perraud évoque les arguments sur l’appropriation, l’invisibilisation et la silenciation des discours, il les compare à une chanterelle c’est-à-dire quelque chose de très mince. La fin de l’article nous confirme qu’au fond il aurait valu mieux réfléchir et non pas crier tout de suite à la mauvaise intention : « Tout cela eût pu être évité avec un peu plus de tact et un peu moins d’ego. » Une petite note de bas de page en mentionnant « revue » plutôt que « blog » et c’était plié.
Concernant les critiques dont pourraient faire preuve l’article, la dénomination est toute trouvée. Il s’agit d’ « aboiements électroniques légendaires » selon l’auteur sur son compte Twitter. Ravi d’apprendre que celles et ceux qui font preuve d’un minimum d’esprit critique et d’analyses sont des « concernés-cons cernant. » Notons que nous ne sommes pas impartiaux non plus dans cette analyse. Mais nous le reconnaissons au moins.
Via les différentes modalités utilisées dans l’article, la construction des personnages de Zaka Toto et Laurence de Cock, et le choix des faits de procès relatés, cet article n’est qu’une illustration du problème même que pose cette affaire. Des poncifs racistes réactualisés, que l’on aurait souhaité ne pas lire dans Médiapart.
L’auteur précisait de manière très élégante que « Zaka Toto ne saurait cependant se résumer à cette condition de Petit Chose se haussant du col, sous peine de tomber dans les postures et les stéréotypes néocoloniaux. » cela ne suffit malheureusement pas à l’article de, lui, tomber dans les stéréotypes néocoloniaux.