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Billet de blog 21 mars 2019

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Acte 18 des gilets jaunes, de qui viennent les violences?

La vérité vécue par un gilet jaune nantais sur les violences de l'acte 18 sur les Champs Elysés....

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ACTE 18 des Gilets Jaunes  samedi 16 mars 2019


en tant que GJ, j'étais présent à Paris, avec quelques amis GJ, sur les Champs-Elysées
JE TEMOIGNE ET J'ACCUSE !!
Après avoir retrouvé plusieurs une centaine de GJ à Montparnasse,vers 9h,  nous nous
sommes dirigés vers les Champs-Elysées, accompagnés, d'ailleurs, par quelques
gendarmes, qui ont été bienveillants, acceptant facilement la discussion. J'ai même
suggéré à la gendarmette qui était à mes côtés que je verrais bien leur rôle
d'accompagnateurs des manifestations pour nous protéger, comme cela se passe en
Italie.
Donc, nous arrivons en bas des Champs-Elysées, aux alentours de 10 h30, le cordon de
CRS nous laisse passer, sans fouille, avec les applaudissements des manifestants.
Nous rejoignons la foule de GJ et l’avenue des Champs-Elysées n'arrêtent pas de se
remplir de manifestants, dont certains sont en fauteuil roulant et présents en tant que
citoyens avant d’être handicapés.
Nous observons qu'en haut des Champs-Elysées, la situation est tendue. Nous voyons
des flammes et entendons des tirs de grenades lacrymogène.
Nous apprenons que, dès le matin, des black-blocs se sont infiltrés sans aucun contrôle
des forces de l'ordre, laissant agir impunément ces black-blocs, alors qu’ils sont connus du
pouvoir.
Visiblement, le haut des Champs-Elysées est bloqué par les CRS.
Au bout de plus d'1 heure, la foule pacifique s'ébroue et descend l'avenue pour aller
rejoindre la manif pour le climat au Trocadéro pour terminer à République.
Mais que voyons-nous? le bas de l'avenue complètement fermée par des véhicules
blindées et des cordons de CRS.
Nous continuons à avancer, mais rien n'y fait, la souricière est mise en place, avec, aussi,
le blocage des rues transversales
Pour des milliers de manifestants, pris au piège, aucune possibilité de sortir et de se
dégager de cette nasse.
Cette situation d'enfermement, avec des moments de panique provoquée par les canons à
eau et des jets à l'aveugle de centaines de grenades lacrymogènes,  dura au moins 2
heures.
Dans de telles conditions, comment ne pas comprendre ( je ne dis pas excuser ) que des
comportements violents sur les bâtiments et mobiliers de tous ordres aient pu s'exprimer.
Nous avons été ballotés, plusieurs fois vers le haut de l'avenue, puis vers le bas, au gré
des jets de lacrymo, en nous regroupant sur le trottoir.
La situation était dramatique, la peur s'installait et des risques d'étouffement par les gaz
étaient réels, car il n'y avait aucune issue
Les services de secours qui accompagnaient les manifestants étaient débordés et je salue
leur dévouement
Ils ont soulagé de nombreux manifestants, donc moi et 2 autres amis proches.

Je tiens donc à témoigner, que oui, il y eu des saccages du fait d'une extrême minorité (
que je condamne ), mais la situation de violence, de casse est la conséquence d'une
stratégie des forces de police complètement irresponsable, pouvant entraîner des morts.
J'accuse, le ministre de l'intérieur M Castaner qui est le responsable politique du maintien
de l'ordre ou plutôt du désordre et je demande sa démission.
Au bout de 2 heures, nous nous sommes rapprochés d'un cordon de CRS, pour les
implorer de nous laisser passer.
Leur stratégie pour nous permettre de sortir était le filtrage 1 par 1, avec fouille, alors que
nous sommes rentrés, en arrivant le midi, sans aucun contrôle ni fouille
J’ai vécu, comme des milliers de manifestants, la peur, le danger et peut-être aussi j'ai
ressenti le désir de passer à l'énervement, car tout était organisé pour que cela dégénère.
Et là, j'ai mesuré que certains puissent "péter les plombs", surtout quand il n'y a aucune
issue pour se dégager
Car, tout se serait bien passé, si la voie avait été libre, en bas de l'avenue, pour aller
rejoindre le manif pour le climat.
Mais, je comprends mieux, que depuis 18 semaines, tout est fait par le pouvoir
macronique, avec l'appui des grands médias, pour dénigrer le mouvement populaire des
GJ, faire croire qu'il rassemble de moins en moins de personnes.
Samedi, le scénario gouvernemental était en place pour couper en 2 le rassemblement
aux Champs-Elysées et empêcher que des milliers de GJ rejoignent la manif pour le
climat.
J'accuse M Macron, depuis 18 semaines, de laisser pourrir la situation, de mépriser les
GJ, de ne répondre que par l'escalade de la répression et de ne donner aucune réponse
politique forte par l'augmentation des salaires, des retraites, le retour de l'ISF et la mise en
place du RIC.
Le grand "débla-bla" n"est que détournement, évaporation des revendications légitimes
des GJ et une énorme opération de communication pour préparer les élections
européennes, au frais du contribuable
J"accuse aussi, de nombreux grands médias qui ne relaient en boucle que les images de
casse, sans aucun recul sur l"analyse des causes de cette violence et sans montrer
l"ampleur de ce que représente dans le peuple ce mouvement des GJ.
Jamais, nous ne les voyons faire connaître à leurs auditeurs les violences quotidiennes
qui sont le produit du système capitaliste: chômage, misère, licenciements, bas salaires,
précarité, suicides, maladies professionnelles,
Les dernières mesures de Macron ne sont qu"une provocation supplémentaire qui va
attiser les braises.
Faire appel à l’armée pour protéger les bâtiments publics est irresponsable, car le rôle de
l’armée n’est pas dans le maintien de l’ordre, mais dans la défense du pays. De plus elle
est affaiblie dans son mission de sécurité contre les attentats (Sentinelle ). C’est très
grave.
En faisant sauter un fusible (le préfet de Paris), Macron esquive totalement les
responsabilités de son ministre de l’intérieur M Castaner.
Pire, en assimilant l’ensemble des GJ aux Blacks-blocs, en les traitant de « complices »
d »émeutiers », «  de vouloir renverser la République », c’est être aveugle et sourd à la
profondeur de ce mouvement populaire légitime.

Faut-il qu'il y ait des morts pour que Macron et son gouvernement comprennent?
La seule sortie par le haut de ce conflit social, c'est soit, de répondre immédiatement aux
revendications des GJ, soit de dissoudre l'AN pour qu'il y ait un vrai débat projet contre
projet afin que le peuple s’exprime et choisisse par les élections.
Pour conclure, je suis GJ depuis le 17 novembre 2018, j’ai participé à toutes les
manifestations le samedi à Nantes, et depuis décembre 2018, avec les GJ de mon
secteur, nous occupons des ronds-points, de façon itinérante, chaque semaine
Nous distribuons des milliers de flyers, reprenant les principales exigences des GJ sur la
justice fiscale et sociale, le RIC.
Je peux témoigner du soutien fort, qui ne faiblit pas, accompagné d’encouragements d’une
très grande majorité de citoyens, d’automobilistes, de piétons.
Cette visibilité et lisibilité est très importante car elle contribue à casser la propagande
gouvernementale d’un mouvement qui s’essouffle, impopulaire ou qui aurait abandonné
ses revendications pour choisir la violence.
NON, messieurs Macron, Castaner, et autres, je ne suis pas « complice », ni « émeutier »
mais je suis GJ pour exiger que le peuple vive mieux, heureux et soit maître de son destin
en utilisant le RIC.
Les vrais « complices » et «  fauteurs de désordre » sont au pouvoir, au service d’une
politique de casse et de classe.


Michel GOUTY
GJ de Vertou 44120

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