Le samedi matin, sur la place c’est jour de marché. Pas n’importe quel marché, le marché des dupes. Ce n’est pas le marché aux légumes qui donne des couleurs à l’automne. Non, c’est le marché des couillons. Chaque samedi matin c’est le marché aux duperies.
Ils sont tous là, fidèles à leur clientèle : le marchand d’idées frelatées aussi fripé que ses idées sont rances et racornies, déjà à l’œuvre arbore son éternel sourire niais. Le marchand de couilles s’égosille derrière son étal. Un peu en retard comme d’habitude, le marchand de fausses vérités vocifère ; elles sont fraiches mes vérités falsifiées gueule le falsi fier…
On trouve encore des marchands de courants d’air, des pipoteurs, des margoulins, des vendeurs d’Orgues Gravement Maquillés, des vraies ordures tout émoustillées par l’affluence…
C’est le consumérisme, celui des têtes vides qu’il faut continuellement ré emplir de rien. Le marché de la parole creuse, le marché de la vacuité.
Un peu à l’écart, un marchand de rêves se morfond. Pas un client, pas même un regard à son stand qui déborde d’humanité. Quel naïf, aux marché des dupes seules les insanités trouvent preneur…
Carland