Indispensable, selon le gouvernement, injuste pour une grande partie de l’opposition et des citoyens. Tel est le dialogue de sourds qui anime les débats sur la réforme des retraites , dévoilée par la première ministre le 10 janvier . Pour préserver le système par répartition, hérité du Conseil national de la résistance, les français sont invités à travailler deux ans de plus. Selon le projet du gouvernement, l'âge légal passera de 62 ans à 63 en 2027 puis à 64 en 2030 avec en bénéfice à l’arrivée 17,7 milliards de recettes supplémentaires.
Pour les thuriféraires de l’orthodoxie budgétaire avec à leur tête le patronat, cette réforme est “courageuse” et “nécessaire”. Son de cloche différent chez les syndicats , qui retrouvent une unité perdue depuis la réforme Woerth de 2010. De leur côté , “La retraite à 64 ans, c’est non”. Une position partagée et défendue par une grande partie de la classe politique allant du Rassemblement national à la NUPES. Même au sein de la majorité et des Républicains, l’allié naturel, des frondeurs commencent à émerger. Pis, le gouvernement perd chaque jour la bataille de l’opinion avec désormais 71% des français opposés à son projet.
Toutefois, Elisabeth Borne compte mener sa réforme à terme. “l'âge légal à 64 ans n’est plus négociable”, lançait la cheffe du gouvernement, samedi 28 janvier , lors de son déplacement dans le Calvados. Une réaction surprenante , au regard des derniers sondages. “On ne fait pas une réforme pour être populaire” déclarait un conseiller de l’exécutif. Alea Jacta est ! Le gouvernement est-il prêt à mener une bataille contre la volonté d’un peuple, dont il détient sa légitimité ? Une nouvelle anomalie de notre très cher système démocratique…