La Maman et La Putain

Nous sommes un comité de femmes, ouvrières, boulangères, coiffeuses, artistes, mères au foyer, vendeuses, photographes, infirmières, etc. Nous n'avons jamais eu la parole si ce n'est dans un commissariat pour déposer une plainte contre notre agresseur et encore lorsqu'on a de la "chance". Le monde intellectuel est fascinant, il a sa place et prêche des convaincus malheureusement. J'entends, qu'il n'atteint pas toujours ces femmes là. Il nous faut un savoir dans le réel, un savoir qui ne s’atteint qu’à suivre les fils de la logique, cette science du réel. Ces ouvrières sont des scientifiques dans un laboratoire où elles voient, vivent, constatent et peuvent témoigner du réel. 
J'avais écrit "Je n'aime plus les hommes parce que" au nom de toutes après avoir écouté les histoires vraies de ces femmes. J'ai pris ma plume et j'y ai ajouté des choses personnelles, évidemment.
Avec modestie je souhaite porter une même parole afin de bâtir ensemble. Je prône le "Écrire Vrai". Nous ne pouvons plus nous permettre de discussions de salons, de romancer l'ignominie, de philosophes qui ne se sont jamais occupés d'un enfant, de gagner trois sous, de ne pas avoir de pain, d'être violenté au quotidien. 
Nous sommes deux espèces différentes mais apparentées. Nous avons besoin l'un de l'autre pour sauver notre espèce commune. Les hommes ont un corps ferme et dur. Les femmes sont disloquées. Il faudrait bâtir un bloc séparé des hommes pour être ensemble dans l'amour et le respect de cette nouvelle loi féminine qui serait ferme et dure. Inviolable. Comme deux pays voisins qui possereraient la bombe atomique. C'est contre-intuitif mais le séparé tend vers l'inséparé. 
Il faut fonder un nouvel OUVROIR. 
Une communauté des femmes, toutes sans exception qui ne brodent plus.
Nous allons nous réunir, ouvrières de la vie, parler, débattre, écrire vrai, sans style, sans génuflexions, sans fioritures peut-être même avec des fautes et des erreurs. Nous devons bâtir autrement et nous faire entendre. Non pas comme victimes, mais comme bâtisseuses et battantes.
Nous voulons des hommes à notre table pour nous écouter et non rafler le travail pour briller, exploiter ou créer un film par exemple. Nous allons les faire nous-mêmes ces films.

Ne vous méprenez-pas Messieurs, nous vous aimons et c'est pour cela que vous ne nous volerez plus jamais nos jupes, nos heures de travail, nos idées et nos découvertes. 
Dans un mois je déposerai mon dossier au tribunal du travail afin de monter mon association "La maman et la putain" qui ne sera mienne que sur le papier. Ouverte à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, j'espère vous y voir nombreux. 
Je viendrai poster les coordonnées bientôt. 

Bruxelles, le 30-08-2022